Accueil Course au large Route du Rhum
Les sillages des bateaux spectateurs au départ du Rhum le 4 novembre | ALEXIS COURCOUX-ROUTE DU RHUM
Bruno MÉNARD. Modifié le 18/06/2019
Vingt-deux plaisanciers viennent d’être condamnés par le tribunal correctionnel de Saint-Malo pour avoir suivi de trop près le départ de la Route du Rhum à bord de leurs bateaux à moteur, au mépris des zones d’exclusion et des règles de sécurité. À notre connaissance c’est un fait rarissime, voire inédit dans les annales de la course au large.
Les départs de grandes courses comme le Vendée Globe et la Route du Rhum sont l’occasion pour de très nombreux plaisanciers de sortir en mer et admirer les machines à rêve que sont les voiliers de course. Des centaines de bateaux-spectateurs, dont beaucoup de bateaux à moteur, affluent sur zone ces jours-là.
Et malgré les arrêtés et autres règlements mis en place, malgré les semi-rigides de l’organisation et les navires de la gendarmerie maritime, tous ne respectent pas les zones d’exclusion et les distances de sécurité.
C’est un délit sérieux. La mer est un espace de rigueur et de liberté
En outre, tous ne prennent pas connaissance des règlements (nul n’est sensé ignorer la loi…) et beaucoup n’ont que peu d’idées des difficultés qu’ont les skippers à manœuvrer leurs engins, a fortiori en solitaire. Les vitesses de rapprochement des voiliers modernes – dont les plus performants peuvent débouler maintenant à 30, voire 40 nœuds comme le confirme la dernière vidéo de Gitana 17 que vous pouvez revoir ici – sont également très difficiles à appréhender par le plaisancier amateur, habitué à naviguer six fois moins vite.
Sans compter que des embarcations de spectateurs sur la route peuvent contraindre un skipper à changer de cap (et donc perdre du terrain). En plus du stress du départ, où chacun redoute la collision et la fin de sa course avant même qu’elle n’ait commencé, c’est un réel problème de sécurité… et tout simplement de respect des règlements. C’est probablement un peu de tout cela, à commencer bien sûr par le respect de la loi, qui a incité la justice à frapper fort, à marquer le coup.
Une amende et six mois de retrait de permis
Hier lundi, c’est donc ce qui se jugeait devant le tribunal correctionnel de Saint-Malo, où vingt-deux plaisanciers comparaissaient pour n’avoir pas respecté les zones d’exclusion au moment du départ de la Route du Rhum à Saint-Malo, le 4 novembre dernier.
C’est notre confrère de Ouest-France Guillaume Robelet qui rapporte ce jugement dans les colonnes du quotidien. Il y explique que les prévenus étaient poursuivis pour « non-respect d’arrêté de navigation pris par la préfecture maritime ». On peut souligner que le procureur Ronan Le Clerc n’a pas du tout pris l’affaire à la légère, bien au contraire, en déclarant : « C’est un délit sérieux.
La mer est un espace de rigueur et de liberté. Les règles avaient été relayées avant ». La gendarmerie maritime, elle, a témoigné que « certains plaisanciers étaient à vingt mètres des skippers »
Et la justice a frappé fort : 250 euros d’amende chacun et surtout six mois de suspension de permis plaisance pour les contrevenants. Voilà qui « gâche un peu la saison » a admis un des plaisanciers.