Publié le 29/01/2020
Le score calcique ne date pas d’hier, mais son utilisation croissante témoigne d’un intérêt pour le moins soutenu envers cet outil prédictif simple. Il n’en reste pas moins qu’il faut y recourir au cas par cas, en fonction du niveau de risque cardiovasculaire. Rien de systématique, donc, mais des indications pertinentes, pour ne pas s’engager dans des stratégies diagnostiques et thérapeutiques allant à l’encontre du rapport coût/efficacité.
La découverte d’un score calcique nul ou très faible est en soi une heureuse surprise, car un tel résultat laisse augurer un pronostic cardiovasculaire favorable, mais quelle est sa signification en termes de mortalité globale ou spécifique à long terme ? Peu d’études permettent de répondre à cette question, d’autant que les causes de décès s’inscrivent volontiers dans une situation de risques concurrents.
Le CAC Consortium est une étude de cohorte multicentrique qui permet une approche longitudinale des déterminants de la maladie coronaire et de ses complications, tout en donnant accès à la mortalité à long terme, quelle qu’en soit la cause. En l’occurrence, les résultats publiés dans Atherosclerosis ont porté sur un effectif de 66 363 sujets (âge moyen 54 ans ; femmes : 33 %) qui ont tous bénéficié d’une mesure du score calcique, à l’état basal, entre 1991 et 2010.
Mortalité cardiovasculaire et globale faible sur 12 années de suivi
Chez 45 % des participants (âge moyen 45 ans), le score calcique a été de zéro et au cours d’un suivi d’une durée moyenne de 12 ans, la mortalité liée à une maladie coronaire ou une maladie cardiovasculaire est apparue durablement et remarquablement faible (de 0,32 à 0,43 pour 1 000 sujets-années) ; la mortalité globale était comprise entre 1,38 et 1,62 pour 1 000 sujets-années, la principale cause de décès étant le cancer, avec cependant là aussi, une mortalité spécifique très faible, soit 0,47 à 0,79 pour 1 000 sujets-années).
Comparativement à ce groupe de référence, les scores calciques faibles mais non nuls sont apparus associés à un pronostic vital un peu moins favorable. Cependant, pour les valeurs comprises entre 1 et 10, seule la mortalité cardiovasculaire précoce (< 40 ans) était plus élevée. Au-delà de 10, la mortalité de toute cause (mais avec une plus grande proportion de décès d’origine cardiovasculaire), était plus importante à tous les âges, même dans les analyses multi variées avec ajustements selon les multiples facteurs de confusion potentiels.
La découverte d’un score calcique nul est une éventualité fréquente et rassurante. Dans cette cohorte étatsunienne, elle concerne près d’un sujet sur deux, et de fait, elle s’associe à une mortalité faible tant globale que cardiovasculaire sur 12 années de suivi. Certes, en prévention primaire, une telle notion incite à des mesures plus souples quant aux objectifs et cibles thérapeutiques, un score positif même faible conduisant à adopter une stratégie plus agressive. De là à mesurer systématiquement le score calcique pour prédire l’avenir, il y a un précipice que la raison et les recommandations ne sauraient faire franchir.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCES: Blaha MJ et coll. : All-cause and cause-specific mortality in individuals with zero and minimal coronary artery calcium: A long-term, competing risk analysis in the Coronary Artery Calcium Consortium. Atherosclerosis. 2019 ; publication avancée en ligne le 16 novembre. doi: 10.1016/j.Atherosclerosis.2019.11.008.
Copyright © http://www.jim.fr
Score calcique de plus de Zéro, déjà un mauvais point même sans sténose coronaire