par Dr Martin Juneau | 16 mai 2017
Les bienfaits de l’exercice sur la santé en général et sur la santé cardiovasculaire en particulier sont bien établis mais nous n’avons pas tous la capacité physique, ou l’affinité, pour la pratique d’exercices aérobiques soutenus comme le jogging, les sports de balle et ballon, les arts martiaux, la bicyclette, voire même la marche. D’autres choix s’offrent à nous avec des activités à basse intensité telle que le yoga, tai-chi et qi gong, qui sont axées sur la respiration, la concentration et la flexibilité du corps. Si les bienfaits que procurent ces disciplines holistiques comme la détente, la gestion du stress, la souplesse et le tonus musculaire sont connus depuis longtemps, il y a de plus en plus de données dans la littérature scientifique récente qui démontrent des bienfaits au niveau de la santé cardiovasculaire.
Le yoga est un exercice pour le corps et l’esprit qui est apparu en Inde il y a plus de 4000 ans et qui est pratiqué par un nombre croissant de personnes en occident. Le yoga, dont il existe une multitude de styles, consiste en des exercices de méditation et de respiration, en combinaison avec des exercices physiques variés.
Le but de la pratique du yoga est d’augmenter le bien-être physique, mental, émotionnel et spirituel. Plusieurs études ont montré que le yoga et la méditation peuvent diminuer les facteurs de risques associés aux maladies cardiovasculaires tels que l’hypertension, le diabète de type II, l’obésité, le profil lipidique et le stress. Dans une étude, par exemple, il a été observé que la pratique du yoga diminue, autant que n’importe quel autre exercice aérobique, certains facteurs de risques associés aux maladies cardiovasculaires et au syndrome métabolique tels que l’indice de masse corporel, le poids, le rythme cardiaque, la pression artérielle et le profil lipidique.
La pression artérielle est sous le contrôle du système nerveux autonome et un excès d’activité du système nerveux sympathique peut contribuer au développement de l’hypertension. Le principal mécanisme d’action du yoga proposé serait l’augmentation de l’activité parasympathique et la diminution de l’activation du système nerveux sympathique. L’augmentation de l’activité parasympathique est plus spécifiquement causée par les exercices de respiration lente, de relaxation et de méditation du yoga et non pas par les exercices de posture.
L’effet du yoga sur des patients atteints de fibrillation auriculaire paroxystique a été évalué récemment par une équipe suédoise.
Dans cette étude, le groupe contrôle a reçu le traitement standard alors que le deuxième groupe a suivi un programme de yoga spécialement conçu pour des gens atteints de maladies cardiaques, en plus du traitement standard. Les participants au programme de yoga ont eu des séances d’une heure, une fois par semaine pendant 12 semaines, et étaient encouragés à pratiquer le yoga à la maison.
À la fin de l’étude, le groupe « yoga » avait un rythme cardiaque moins élevé et une pression artérielle plus basse que le groupe contrôle. Bien qu’il n’ait pas diminué ni le nombre ni la durée des épisodes de fibrillation, le yoga a réduit l’anxiété et le score de dépression et a donc contribué à améliorer la qualité de vie des patients atteints de fibrillation auriculaire. Les auteurs suggèrent que le yoga pourrait être utilisé avantageusement en complément au traitement standard.
Yoga | Tai-chi | ||
Diminution du rythme cardiaque | Chu et al., 2014 | Zheng et al., 2015 | |
Réduction de la pression artérielle | Chu et al., 2014 Posadzki et al., 2014 |
Yeh et al., 2008 Sun et al., 2015 |
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Amélioration du profil lipidique | Chu et al., 2014 | ||
Diminution de l’indice de masse corporel | Chu et al., 2014 | Sun et al., 2015 | |
Réadaptation après un AVC | Taylor-Piliae et al., 2014 | ||
Prévention de l’AVC | Zheng et al., 2015 | ||
Réduction de l’anxiété et de la dépression | Lakkireddy et al., 2013 Wahlstrom et al., 2017 |
Wang et al., 2014 | |
Amélioration de la mobilité et de l’équilibre | Li et al., 2012 Huang et al., 2017 |
Tableau 1. Bienfaits de la pratique du yoga et du tai-chi sur la réduction de facteurs de risque de maladie cardiovasculaire et sur la santé en général.
Tai-chi
Le tai-chi est un art martial chinois qui est souvent pratiqué de nos jours comme gymnastique de santé, un exercice pour le corps et l’esprit. L’objet principal de cette discipline est le travail de l’énergie ou « chi » et implique le contrôle des mouvements du corps, de la concentration mentale et de la respiration. Puisque le tai-chi est un exercice peu vigoureux et lent, il peut être pratiqué par des femmes et des hommes de tout âge, sans requérir un état de santé idéal. Parmi les bienfaits du tai-chi sur la santé, on recense l’amélioration de l’équilibre (prévention des chutes chez les personnes âgées), l’atténuation des symptômes associés à des maladies chroniques telles que la fibromyalgie, l’ostéoporose et la maladie de Parkinson.
Une étude récente a conclu que le tai-chi était presque aussi efficace que la marche et le jogging pour réduire le risque de mortalité chez les hommes. Cela est plutôt surprenant étant donné que le tai-chi est une activité si peu intense. Pourtant une revue systématique a révélé que la pratique du tai-chi a un effet bénéfique sur plusieurs aspects de la fonction cardiaque tels que la pression artérielle, le rythme cardiaque, le débit cardiaque, la capacité pulmonaire et l’endurance cardiorespiratoire. D’autres études ont montré que la pratique du tai-chi réduit la pression artérielle et améliore la qualité de vie de personnes souffrant d’insuffisance cardiaque chronique.
Dans l’ensemble, les données de la littérature suggèrent que la pratique d’exercices à faible intensité et avec une composante méditative et spirituelle, comme le yoga et le tai-chi, est bénéfique pour le cœur, le corps et l’esprit.