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POINT DE VUE – Dr Boris Hansel AUTEURS ET DÉCLARATIONS  12 août 2020

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Le blog du Dr Boris Hansel – Diabétologue et nutritionniste

TRANSCRIPTION

Quel est l’impact potentiel du yoga sur le diabète ? Le yoga, ou plutôt devrait-on dire « les » yogas car cela regroupe différents types d’activités (de postures, de méditation, de relaxation…), est devenu très populaire, y compris en France, avec près de 3 millions d’adeptes. Aux États-Unis, 1 individu sur 10 déclare pratiquer du yoga.

Ces activités de yoga ont fait l’objet de nombreuses études cliniques pour tenter de démontrer leur efficacité pour traiter des symptômes, voire des maladies, et le diabète n’a pas échappé à l’intérêt des chercheurs. Plusieurs méta-analyses ont été publiées sur le sujet, dont une méta-analyse de 2017 qui a retenu mon attention [1]. Elle a inclus 23 essais cliniques contrôlés avec un peu plus de 2500 patients. La durée des études devait dépasser 8 semaines pour pouvoir évaluer l’impact sur l’équilibre glycémique à moyen terme, notamment avec l’hémoglobine glyquée.

D’autres marqueurs ont été évalués, notamment de risque cardiovasculaire (lipides plasmatiques et tension artérielle). Globalement les résultats sont positifs : ceux qui pratiquent une activité de yoga voient une amélioration de leurs paramètres glycémiques (glycémie à jeun, hémoglobine glyquée), mais aussi de leurs facteurs de risque cardiovasculaire (HDL cholestérol, triglycérides, pression artérielle).

Doit-on prescrire le yoga à nos patients diabétiques ?

Dans ces études, l’impact sur l’hémoglobine glyquée est parfois aussi important que ce que l’on obtient avec certains médicaments antidiabétiques. Alors évidemment, c’est séduisant. On devrait peut-être dire : « prescrivons le yoga à tous nos patients ! »

Mais il faut faire attention, car ces études sont extrêmement limitées dans leur méthodologie qui est assez peu précisée dans ces méta-analyses. En particulier, il y a deux limites majeures sur lesquelles les auteurs n’insistent pas suffisamment :

  1. Il s’agit bien d’études contrôlées avec des groupes témoins, mais la plupart d’entre elles ne sont pas des études randomisées, donc les groupes de départ ne sont pas forcément similaires.
  2. Autre limite majeure dans ces études : la plupart du temps, les groupes témoins n’étaient pas suivis. En clair, les patients du groupe yoga avaient un suivi avec un professeur de yoga, alors que les témoins avaient un suivi usuel, sans relation humaine avec un soignant, un coach ou un professeur de yoga. Or on sait à quel point la relation avec un soignant est importante dans le domaine de la nutrition, de l’activité physique, et de manière générale dans la prise en charge des maladies chroniques.

Donc dire, à partir de ces études, que c’est le yoga qui a été le facteur permettant d’améliorer l’équilibre glycémique et les facteurs de risque est une erreur. Ce que l’on peut dire, c’est que c’est le suivi, l’accompagnement du patient, qui a permis d’améliorer ces paramètres cliniques et biologiques.

Deuxième chose fondamentale : il ne faut pas oublier que le yoga peut avoir des effets secondaires, c’est d’ailleurs précisé dans ces études cliniques avec de nombreux patients qui se sont blessés (la plupart du temps légèrement, sans conséquence). Et des études prospectives ont montré des cas de complications sévères. Cela peut bien évidement arriver avec tout type d’activité physique, mais il ne faut pas oublier que le yoga peut avoir des effets indésirables.

En pratique : quelle peut être la place du yoga dans le traitement du diabète ?

Il n’y a, bien sûr, pas de contre-indication à pratiquer le yoga en raison d’un diabète… ni d’indication formelle à prescrire le yoga. Il y a une possibilité d’introduire ces acticités, selon moi, à deux conditions :

  1. que cela soit en complément des activités physiques d’endurance telles qu’elles sont recommandées par les sociétés savantes et la Haute Autorité de Santé (HAS) en France,
  2. et après s’être assuré que le patient apprenne le yoga correctement, en particulier pour les exercices posturaux, avec quelqu’un de compétent, pour éviter les effets indésirables.

Si on respecte ces deux principes, je pense que le yoga peut être un traitement d’appoint pour aider les patients à se sentir mieux et à gérer leur maladie.

LIENS

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Les opinions exprimées dans cet article ou cette vidéo n’engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles de WebMD ou Medscape.

Citer cet article: Yoga : quel est l’impact potentiel sur le diabète ? – Medscape – 12 août 2020.