Accueil Bateau Multiplast Réservé aux abonnés

Yann Penfornis est le patron de Multiplast, le chantier naval vannetais d’où sortent beaucoup de ceux, à une ou plusieurs coques, qui s’en iront bientôt chatouiller les grands podiums de la course au large.

Volants ou pas, les engins, il connaît. Il en a même beaucoup barré avant de commencer à les construire.

Le plus drôle, c’est qu’aujourd’hui il n’a pas de bateau à lui.

L’autre jour, il a accepté de répondre à TOUTES les questions de Voiles et Voiliers, même les plus bêtes.

Yann Penfornis sur un voilier… qui n’est pas le sien ! Une image contenant texte, clipart

Description générée automatiquement

Yann Penfornis sur un voilier… qui n’est pas le sien ! | DR / COLL. Y. PENFORNIS

Nicolas FICHOT. Publié le 22/01/2023 à 18h59

Lire l’édition numérique

Yann Penfornis en 18 questions : portrait sans joker d’un fabricant du rêve des autres (ouest-france.fr)

Vous savez combien de bateaux vous avez construits ?

Pas vraiment. Vous voulez que j’essaye de compter ?

Non-non. Vous vous souvenez au moins de votre premier bateau ? Ça, oui. La coque était verte et les voiles blanches. Tout en bois.

Traversée de piscine sans escale

Quelle taille ? 60 centimètres ! Avec une vraie quille et un saumon. En coton, les voiles.

J’avais six ou sept ans quand on me l’a offert. J’habitais déjà Vannes. Qu’est-ce que j’ai pu le faire marcher ! Il n’avait pas de nom, je crois, parce que je le rebaptisais souvent dans ma tête. Et attention : bien réglé, il marchait bien !

Mieux que les autres ? Je ne sais pas trop mais j’ai gagné une médaille avec, offerte par mon père, le jour où j’ai réussi à traverser sans escale et sans assistance la piscine de Conleau (presqu’île de la périphérie de Vannes – NDLR).

Yann Penfornis en compagnie d’un de ses amis skippers, Quentin Delapierre, barreur du F50 français en SailGP. | DR / JEAN-MARIE LIOT / COLL. Y. PENFORNIS

VOIR AUSSI : Jean-Luc Van Den Heede en 18 questions : portrait sans joker d’un Cap-Hornier en solitaire

Un vrai bateau, ensuite ? Un 470. À moi ! Je l’avais baptisé Allonzobistrot. Ensuite, je suis passé à Biscotto mais là, c’était du gros !

Il vous reste 80% de cet article à lire.

Cet article est réservé aux abonnés

Pour un accès immédiat au magazine et aux articles, abonnez-vous

1€ par semaine
Annulable à tout moment

S’abonner pour lire la suite

Déjà abonné ? 

Avec une cabine, carrément ? Pffttt… et ça se veut drôle ! 30 pieds de long, monsieur ! Deux coques. Catamaran, quoi ! Un plan Paul Lucas construit dans un hangar avec une bande de copains. En septembre 1986, avec trois copains inscrits comme moi à la faculté d’architecture navale de Southampton, comme c’était sur la côte Sud de l’Angleterre, on a décidé d’y aller avec Biscotto.

Dans la nuit, le ferry nous a doublés : c’était bon signe !

Résultat des courses ? On y est arrivé, monsieur ! Mais bon, c’est vrai qu’au niveau instruments de navigation, on était un peu limites. On est parti de Saint-Malo dans l’après-midi. On savait que le soir, un ferry de Saint-Malo faisait le même trajet. Dans la nuit, il nous a doublés : c’était bon signe. Et le matin, bingo !

Une image contenant personne, bleu

Description générée automatiquement Yann Penfornis avec en deuxième plan un bateau en construction… qui ne sera pas le sien. | DR / COLL. Y. PENFORNIS

La fac anglaise, la direction d’un gros chantier naval… quel bateau personnel, maintenant ? Vous allez rire : aucun ! Le bateau des copains, du coup.

Un projet d’achat, au moins ? Il faudrait que j’en parle mieux avec ma femme, ce sont des décisions qui se prennent en famille. Et trouver ensuite le bateau qui coche toutes les cases. Comme il n’existe pas, ce serait donc plusieurs bateaux. Un Guépard, déjà, pour naviguer dans le golfe (du Morbihan – N.D.L.R.). Et à côté, sans doute un monocoque de 45 pieds, pour des croisières en famille, avec de la place pour les copains aussi.

4 cabines doubles et une chouette cuisine

Pour la Bretagne Sud ? C’est là qu’est le problème. L’hiver, il faudrait qu’il ait des ailes pour qu’on le retrouve un petit coup aux Antilles. En catamaran si possible, avec 4 cabines doubles et une chouette cuisine.

Une image contenant personne, posant, debout, intérieur

Description générée automatiquement « Je vous remercie de me poser la question et je le fais au nom de ma femme aussi : il y en a marre de reléguer les femmes en cuisine, même en bateau ! ». | DR / COLL. Y. PENFORNIS

Pour cuisiner quoi ? Déjà, je vous remercie de me poser la question et je le fais au nom de ma femme aussi : il y en a marre de reléguer les femmes en cuisine, même en bateau ! Bref, pour manger quoi. Aux Antilles, aux Saintes, je vois forcément des homards grillés débouler dans l’assiette. Et une bonne cure de poissons bien frais tombés dans la poêle. Et derrière, des salades de fruits à gogo, comme s’il en pleuvait. Comme aux skippers sur le ponton d’arrivée de la Route du Rhum, mais à hautes doses : le podium tous les soirs !

La Sydney-Hobart sur Comanche !

Un podium sur la Sydney-Hobart, ça vous tenterait aussi ? Dans ce cas, je me verrais bien la faire avec l’ami Géry Trentesaux (Skipper trinitain et nouveau président de l’UNCL – N.D.L.R.), sur le futur Sun Fast 30.

Encore un 30 pieds ! Pas plus grand ? Pourquoi pas, mais beaucoup plus grand alors. Sur les Maxis de 100 pieds. Comanche ou Wild Oats XI par exemple. Rien que pour le plaisir de prendre un départ sur de telles bêtes.

Une image contenant extérieur, ciel, skiant, navire de navigation

Description générée automatiquement Pour le moment, le bateau personnel de Yann Penfornis, c’est celui des copains. | DR / COLL. Y. PENFORNIS

Et l’équipage ? Tant qu’à rêver, je prends celui qu’on avait sur Charles Heidsieck III . Donc Alain Gabbay, forcément, et « le chinois » (Olivier Despaigne – N.D.L.R.), déjà. Plus une partie de l’équipe du Mor Bihan à la Whitbread. Les années 80… Toute une époque !

Il y a de l’espoir !

Depuis les années 80, justement, les choses ne se sont pas arrangées, pour notre planète, non ? Ce n’est rien de la dire. Bon, déjà, il faudrait encourager à fond le transport de marchandises à la voile. On aurait vécu alors des 19e et 20e siècles bizarres, avec des bateaux de commerce à moteurs et sans mâts ! Avec le transport maritime à la voile, on va décarboner une traversée de l’Atlantique d’environ 30 %. Ce n’est pas rien !

Et pour la plaisance ? Il ne faut pas être des talibans de l’écologie. Il, faut se dire aussi que certaines choses vont dans le bon sens. L’utilisation de la résine Elium, par exemple. Moi, je dis qu’il y a de l’espoir, que cet espoir est fait de mille petites choses.

Une image contenant personne, plafond, intérieur, debout

Description générée automatiquement Rock star vs patron de chantier naval ! | DR / COLL. Y. PENFORNIS

Des voiliers de course plus durables, par exemple ? Si vous êtes en train d’insinuer qu’ils ne le sont pas, je voudrais préciser à monsieur qu’à ma connaissance, depuis 2008, 45 Imoca ont été construits. En novembre dernier, donc un quart de siècle plus tard ou presque, à Saint-Malo, 38 d’entre eux prenaient le départ de la Route du Rhum. Question durable, je trouve qu’on est pas mal !

L’île de Gomera

Ok, ok ! Et le port dans le monde qui reste le plus beau cadeau de la planète, pour vous ? Il y en a 100, tous petits.

Un seul ? Alors je choisis celui de l’île de Gomera, à l’Ouest de Tenerife. On se pince tellement c’est beau. Des montagnes qui surplombent, une forêt préhistorique, des plages de rêve, des habitants merveilleux. Ça coche toutes mes cases.