Publié le 13/11/2020

L’aspirine à faible dose (75 à 100 mg/jour per os) a longtemps été préconisée dans la prévention primaire de la maladie cardiovasculaire (MCV) jusqu’à la publication de plusieurs essais randomisés qui ont sérieusement remis en question cette indication.

Les recommandations actuelles sont de ce fait plus restrictives, centrées sur des patients âgés de 40 à 70 ans, dont le risque cardiovasculaire basal est considéré comme élevé alors que le risque hémorragique semble faible. Il s’agit du reste d’une recommandation de niveau IIb, c’est-à-dire bien éloignée de la classe I qui convainc le prescripteur.

L’efficacité de l’aspirine en prévention primaire de la MCV dépend-elle du risque cardiovasculaire basal ? C’est à cette question que répond une méta-analyse qui a porté sur 12 essais randomisés et qui a permis d’estimer le risque d’évènements cardiovasculaires majeurs (ECVM)- notamment AVC ischémiques et infarctus du myocarde-, en fait les rate ratio (RR) correspondants et leur intervalle de confiance (IC) à 95 % en fonction de l’exposition ou non à l’aspirine.

Un rapport bénéfice/risque peu favorable

Au cours d’un suivi de 963 829 patient-années, la prise d’aspirine a été associée à une réduction modeste du risque d’ECVM (pour 1 000 patient-années, soit 4,7 versus 5,3 dans les groupes non exposés, ce qui conduit à un RR de 0,86 (IC 95 %, 0,79-0,92).

En contrepartie, le risque d’accidents hémorragiques majeurs s’est avéré plus élevé sous aspirine, soit 2,5 versus 1,8 pour 1000 patients-années, le RR étant estime à 1,41 (IC 95 %, 1,29-1,54). Aucune relation significative de ce type -impliquant ECVM ou accident hémorragique majeur- n’a été mise en évidence dans le groupe témoin de chacun des essais inclus dans la méta-analyse, ce qui ne saurait surprendre.

Par ailleurs, aucune relation n’a été établie entre le niveau de risque cardiovasculaire basal et la diminution du risque d’ECVM à long terme dans les groupes exposés à l’aspirine.

Il se confirme que le rapport bénéfice/risque de l’aspirine en prévention primaire de la MCV n’est pas des plus favorables. En outre, le risque cardiovasculaire basal ne semble pas influer sur le bénéfice thérapeutique éventuel, un résultat qui ne peut que conforter la recommandation actuelle et la maintenir au mieux à son niveau, celui de la classe IIb.

Dr Philippe Tellier

RÉFÉRENCE: Nudy M et coll. : Aspirin for Primary Atherosclerotic Cardiovascular Disease Prevention as Baseline Risk Increases: A Meta-Regression Analysis. Am J Med. 2020 ; 133(9):1056-1064. doi: 10.1016/j.amjmed.2020.04.028.

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