Accueil Course au large  Mini-Transat

Une semaine après son départ, la Mini Transat 2021 est déjà une aventure de légende.

Les 90 skippers et l’organisation doivent s’y adapter entre autres à l’éruption d’un volcan proche de la ligne d’arrivée !

Mais aussi à des attaques d’orques sur des voiliers de 6,50 mètres, un démâtage, un naufrage, un coup de vent qui a mis presque toute la flotte aux abris d’une part et accentué de folles échappées d’autre part.

À part ça, les quatre premiers sont arrivés et Tanguy Bouroullec a gagné !

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Fabio Muzzolini est revenu comme un avion au point de chiper la deuxième place provisoire à Pierre Le Roy ! Mais ce n’est qu’une des innombrables et incroyables péripéties de cette Mini Transat EuroChef 2021. | VINCENT OLIVAUD

Bruno MÉNARD. Modifié le 06/10/2021 à 08h23

On ne risque pas d’oublier cette première étape de la Mini Transat 2021 entre Les Sables-d’Olonne et les Canaries.

Peu de courses au large ont dû s’adapter à autant de péripéties, a fortiori en une seule semaine de mer.

Pour commencer, il y avait déjà eu ce report du départ de 25 heures aux Sables-d’Olonne, pour cause de météo trop mauvaise pour ces 90 minuscules voiliers de 6,50 mètres.

Pas très agréable pour l’organisation et les coureurs, mais ce simple contretemps n’était qu’un amuse-gueule par rapport à ce qui a suivi et ce qui est toujours en cours sur cette course où pour une fois l’expression « comme sur un volcan » est à prendre dans tous les sens du terme.

Au propre comme au figuré.

Une éruption volcanique tout près de l’arrivée

Beaucoup moins banal que le report du départ, il a fallu s’adapter à… l’éruption d’un volcan.

Le Cumbre Vieja sur l’île de La Palma s’est réveillé le 19 septembre.

Depuis il émet toujours des gaz toxiques, un nuage de cendres et une coulée de lave en fusion qui a atteint l’océan.

Le Cumbre Vieja n’est pas un petit volcan : son éruption, toujours en cours, a déjà détruit 750 immeubles et entraîné l’évacuation de plus de 6 000 des 85 000 habitants de l’île, pour les protéger des cendres toxiques.

En outre il a entraîné la fermeture momentanée de l’aéroport.

Ce volcan est situé par 28°34 Nord et 17°50 Ouest.

C’est-à-dire à moins de 15 kilomètres au Sud de la ligne d’arrivée de la Mini Transat.

Où les trois premiers des quatre concurrents échappés vont pointer l’étrave ce lundi 4 octobre.

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Le volcan en éruption, pris en photo dimanche soir. | ALEXIS COURCOUX

Une nouvelle coulée de lave est apparue vendredi et l’éruption du volcan couvre désormais une superficie de 20 hectares.

Au point que les médias espagnols demandent s’il ne faudrait pas évacuer l’île entière.

Ce n’est pas décidé à l’heure où l’on écrit ces lignes, mais on a tout de même demandé aux habitants de certains quartiers de rester chez eux.

Un périmètre de sécurité d’un rayon de 3,5 kilomètres a été mis en place à terre, mais aussi une zone d’exclusion en mer de 2 milles (3,7 kilomètres) à l’endroit où la lave se jette dans l’océan Atlantique.

Autrement dit ça passe pour l’arrivée de la Mini Transat, mais ça passe juste.

VOIR AUSSI UNE PHOTO DE L’ÉRUPTION PRISE HIER SOIR DIMANCHE :

PHOTO. Le volcan Cumbre Vieja en éruption près de la ligne d’arrivée de la Mini Transat

En haut la porte virtuelle imaginée s’il avait fallu y juger l’arrivée… pour cause d’éruption volcanique en cours sur l’île de La Palma, où la lave tombe dans l’océan à quelques kilomètres de la ligne d’arrivée. | MINI TRANSAT EUROCHEF 2021

Une porte virtuelle pour s’adapter à l’éruption du volcan

C’est à cause de cette éruption volcanique que la direction de course de la Mini Transat a mis en place une porte virtuelle entre Madère et La Palma, à 100 milles de la ligne d’arrivée devant le port de Santa Cruz de La Palma.

C’est la petite ligne jaune qu’on peut voir sur la cartographie de la course située entre 30°00 Nord / 17.00 Ouest et 30°00 Nord / 16.30 Ouest.

Cette porte virtuelle où passent ce lundi matin les trois premiers échappés avait été prévue par la direction de course pour pouvoir y juger l’arrivée de la première étape « au cas où » arriver sur l’île de La Palma serait impossible à cause de l’éruption du volcan.

Y sont passés ce lundi matin le leader Tanguy Bouroullec et le deuxième Fabio Muzzolini, revenu comme un avion au point de doubler le désormais troisième Pierre Le Roy. Muzzolini a même été pointé momentanément en tête.

N’oublions pas que pour qu’il y ait une arrivée de course, il est préférable d’avoir une équipe de l’organisation sur place, un viseur qui prend les temps des bateaux, etc.

C’est passé – juste – pour que cette équipe puisse atterrir à La Palma et une arrivée va bien pouvoir être jugée ce lundi soir, probablement entre 17 et 21 heures.

Sauf si une évacuation totale de l’île était décidée par le gouvernement espagnol dans les heures qui viennent, mais n’est pas le cas et cela semble a priori peu probable à l’instant T.

Regardez bien sur la cartographie de la course : il y a encore un peu de suspense pour les échappés, avec des trajectoires différentes pour les trois premiers.

Le retour tonitruant de Fabio Muzzolini peut encore (un peu) inquiéter Tanguy Bouroullec qui possède 8 milles d’avance.

Reste que quoiqu’il advienne et comme dit le directeur de course Denis Hugues interrogé par Voiles et Voiliers :

« Clairement, la victoire en proto dans cette Mini Transat va se jouer entre ces quatre marins ».

Les trois cités ci-dessus plus la Russe Irina Gracheva, quatrième mais faisant partie du bon wagon des échappés, sachant que le cinquième est encore au large du Portugal à… 673 milles du leader, soit près de 1250 kilomètres.

VOIR AUSSI :

Mini Transat : la tempête stoppe net 84 voiliers sur 89 et un skipper a été attaqué par un orque

Bref, il y aura un vainqueur et un podium dans quelques heures à La Palma, si tout va bien.

Et une course à continuer de suivre, avec 84 autres concurrents qui ont repris la en mer hier dimanche dans les deux catégories Proto et Série, après s’être abrités samedi dans des ports espagnols en raison du gros coup de vent sur le cap Finisterre (Espagne).

À l’exception notable du jeune skipper allemand Melwin Fink (19 ans), qui possède ce matin 90 milles d’avance sur le deuxième de cette catégorie, 160 milles sur la troisième et grosso modo 200 milles d’avance sur les 61 autres skippers qui composent la flotte des voiliers de Série.

C’est passé pour Melwin Fink et cela donne lieu à une course totalement inattendue, même si le fait qu’il ne se soit pas arrêté comme tous les autres a fait grincer quelques dents.

Attaques d’orques, démâtage, naufrage…

Sinon ? Pas vraiment la routine ! Il y eut certes d’abord un démâtage en début de course.

Celui du bateau de Franck Lauvray qui a fait couler beaucoup d’encre, pour deux raisons : d’une part parce qu’une grosse dépression arrivait sur lui et que son petit gréement de fortune ne lui permettait pas d’avancer assez vite pour se mettre à l’abri de la tempête.

D’autre part parce que la personnalité du marin qui est allé le chercher en mer et a réussi à le remorquer pour le mettre à l’abri à Lorient est marquante : Adrien Hardy, skipper et sauveteur de bateaux en perdition.

Un « métier » peu commun, on en conviendra.

Orques : trois bateaux attaqués, un safran croqué

Comme si cela ne suffisait pas pour braquer les projecteurs de l’actualité sur la Mini Transat, on y a eu droit aussi à des attaques d’orques.

C’est certes désormais fréquent au large de l’Espagne, mais c’est forcément très impressionnant sur un voilier minuscule à peine plus long que l’animal lui-même.

Jay a vu l’orque avec le ventre vers le haut venir vers le bateau pour croquer la partie en T du safran

À notre connaissance au moins trois bateaux de la Mini Transat ont été victimes de ces attaques d’orques.

Et pour ceux qui en douteraient encore, il y a eu des dégâts : la partie basse d’un safran du bateau de Jay Thompson a été dévorée (voir photos).

Sur les réseaux sociaux du coureur reparti en mer depuis on explique : Un orque a attaqué le bateau de Jay à 20 milles de son arrivée au port.

La première fois, il était à l’intérieur quand il a senti qu’il avait tapé quelque chose.

Il est sorti et puis Jay a vu l’orque avec le ventre vers le haut venir vers le bateau pour croquer la partie en T du safran.

Trois Minis ont été attaqués par des orques, c’est une affaire courante récemment dans ces eaux. »

Une « affaire courante », donc…

Le safran de Jay Thompson après l’attaque d’un orque. Il manque toute la partie basse ! | DR COCONUTS SAILING

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Normalement le safran de Jay ressemble à ceci… | DR COCONUTS SAILING

Reprenons. Cette Mini Transat a donc déjà eu droit à : un report du départ ; une éruption volcanique tout près de la ligne d’arrivée ; un démâtage puis remorquage par un Saint-Bernard des mers ; un coup de vent qui a conduit la quasi-totalité de la flotte (mais pas toute) à se mettre à l’abri dans des ports espagnols et favorisé aussi des échappées qui étaient déjà énormes ; des attaques d’orques croqueuses de safrans. Joli bilan !

En est-ce fini avec les coups de théâtre ? Ah non.

Avec tout ça on allait oublier un naufrage ! Celui du skipper doyen de la course, Georges Kick, 66 ans, dont le bateau s’est échoué.

Il a été drossé sur des rochers à la côte, alors que le malheureux skipper tentait de trouver refuge dans le port espagnol de Ribadeo, en Galice.

Les photos sont impressionnantes. Heureusement Georges Kick va bien, rapportent des observateurs sur place.

C’est le cas de Jay Thompson aussi, reparti en course après avoir poncé son safran croqué par un orque.

VOIR AUSSI :

Mini-Transat. Georges Kick s’échoue à l’entrée d’un port espagnol en voulant s’abriter de la tempête

Nous en sommes là. Avec une compétition qui reprend ses droits et une somme incroyable d’émotions en tous genres que les marins auront à raconter.

Dès aujourd’hui pour les trois premiers puis la quatrième, mais probablement pas avant jeudi pour tous les autres.

Quand ils arriveront enfin à La Palma. Si le volcan veut bien, évidemment.

MISE A JOUR

Quelques heures après la parution de cet article lundi matin, les quatre premiers de la Mini Transat sont bien arrivés à Santa Cruz de La Palma, avec dans l’ordre le vainqueur Tanguy Bouroullec, puis Fabio Muzzolini deuxième, Pierre Le Roy troisième et Irina Gracheva quatrième.

Tous les autres bateaux sont encore en mer mercredi.

Prochaines arrivées à La Palma jeudi 7 octobre.

Avec donc des écarts énormes en Proto, mais toujours du suspense en Série malgré la très grande échappée du jeune skipper allemand Melwin Fink, seul skipper des 65 engagés de cette catégorie à ne pas s’être arrêté pour s’abriter de la tempête.

MINI-TRANSAT CLASSE MINI SACRÉS PHÉNOMÈNES DÉMÂTAGE NAUFRAGE 6.50

ÎLES CANARIES LES SABLES-D’OLONNE