Actualités – publiée le 1/11/2019 par Équipe de rédaction Santélog
PNAS
Ces travaux de la Johns Hopkins Medicine confirment le ralentissement des taux de division cellulaire chez les personnes âgées avec une chute brutale en fin de vie. Si on ignore encore pourquoi les cellules humaines ralentissent ainsi leur réplication, ces premiers résultats, présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) ont de nombreuses implications pour mieux comprendre le cancer et le vieillissement.
On sait depuis longtemps que l’incidence de la plupart des cancers humains augmente de façon exponentielle tout au long de la vie d’une personne, mais décline brusquement vers la fin de la vie, un phénomène qui peut en effet s’expliquer par ce ralentissement soudain de la division cellulaire.
Mieux comprendre les mécanismes qui expliquent ces taux de réplication cellulaire plus faibles chez les personnes âgées est une clé de prévention du cancer -mais aussi du ralentissement du vieillissement. L’équipe de recherche, constituée du Dr Bert Vogelstein, professeur d’oncologie, et le premier à découvrir que le cancer est stimulé par une accumulation de mutations génétiques causées par erreurs commises lors de la division cellulaire et du Dr Cristian Tomasetti également professeur d’oncologie, a préalablement réanalysé d’anciennes données de dizaines d’études publiées concluant que les mutations s’accumulent plus lentement vers la fin de la vie.
Le taux de division cellulaire décroît avec l’âge, avec une chute plus brutale en fin de vie
Les chercheurs ont comparé des cellules saines de biopsies de 300 participants dont des personnes âgées de 20 ans et des personnes âgées de 80 ans. Ils ont utilisé des colorants pour taguer différents marqueurs moléculaires de la division cellulaire ce qui leur a permis de calculer les taux de multiplication cellulaire à l’aide d’un logiciel. Ils constatent que les taux de division cellulaire semblent ralentir de manière progressive tout au long de la vie puis de manière plus marquée chez les humains à un âge avancé.
Précisément,
- les taux de division cellulaire sont réduits d’environ 40% dans les échantillons de tissus du côlon (Visuel 2) prélevés chez des patients de 80 ans par rapport à ceux de 20 ans ;
- dans les échantillons de tissu œsophagien, le taux de division a diminué d’environ 25% chez les personnes âgées par rapport aux patients plus jeunes ;
- dans le duodénum (au départ de l’intestin grêle), le taux a ralenti de 26% chez les personnes âgées,
- dans le tissu nasal, le taux a également diminué de 83% chez les personnes âgées.
C’est pourquoi l’incidence des cancers chute en fin de vie ? ce constat contribue à expliquer pourquoi l’incidence du cancer, pourtant considéré comme une maladie liée à l’âge, est plus élevée chez les personnes de plus de 65 ans mais devient plus faible à la fin de la vie. « Si le taux de division cellulaire ralentit fortement au grand âge, les cellules accumulent alors moins de mutations cancérigènes », expliquent les chercheurs.
Plus largement, ces travaux ont de nombreuses implications pour mieux comprendre le cancer et le vieillissement. Ils permettent une meilleure interprétation des données dérivées de modèles animaux de laboratoire. Car une analyse similaire de la réplication cellulaire chez la souris ne montre, en revanche, aucune différence significative dans le taux de division avec l’âge…
On ignore toujours pourquoi les cellules humaines ralentissent si fortement leur réplication en fin de vie; comprendre les processus sous-jacents pourrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques contre le cancer et le vieillissement.
Source: PNAS September 23, 2019 DOI : 10.1073/pnas.1905722116 Cell division rates decrease with age, providing a potential explanation for the age-dependent deceleration in cancer incidence (Visuel Justin Poling et Christine Iacobuzio-Donahue)
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