Accueil Course au large  Vendée Globe

Vendée Globe. Abandons, foils, retour des femmes…

Cette 9e édition du Vendée Globe s’achève et elle est vraiment singulière ! Elle raconte à merveille notre société.

Ses grands marqueurs ?

La Covid et un départ à huis clos alors que ce fut le plus suivi de l’histoire de cette course ; le sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam ; les arrivées très serrées ; les bonifications de temps ; et un fantastique vainqueur.

Ari Huusela, dernier concurrent à remonter le chenal des Sables-d’Olonne, clôture cette 9e édition du Vendée Globe. | JEAN-LOUIS CARLI/ALEA

Denis HOREAU. Publié le 06/03/2021 à 09h31

Les abandons

Jamais ils n’ont été si peu nombreux.

Seulement 24 % contre un peu moins de 50 % environ (en moyenne) depuis la création de la course.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce score inédit.

Tout d’abord, la transmission des marins expérimentés aux nouveaux arrivants.

Le précurseur de ce partage de savoir est Michel Desjoyeaux qui accueille Vincent Riou chez Mer Agitée en 2004.

Il lui amène un bateau, un chantier, une équipe, un sponsor et… son expérience.

On retrouve cette année, dans le rôle de passeur, Alain Gautier, Armel Le Cléac’h, Roland Jourdain, François Gabart et Jean Le Cam…

Soit trois vainqueurs et plusieurs podiums.

Ils ont sûrement joué un rôle important dans la formidable course de Yannick Bestaven, Charlie Dalin, Isabelle Joschke, Clarisse Crémer, Damien Seguin, pour ne citer qu’eux.

Ils les ont sûrement aidés à surmonter les difficultés durant leur tour du monde.

Pour cette 9e édition du Vendée Globe, Roland Jourdain a apporté son expérience à Yannick Bestaven et Kojiro Shiraishi. Une aide précieuse. | YVAN ZEDDA/ALEA

Il convient également de souligner la farouche volonté d’une majorité de nouveaux participants de finir la course par tous les moyens.

Comme si réussir ce défi était redevenu une affaire de tout premier plan, alors qu’un courant contraire semblait s’installer en 2012 et 2016 qui penchait plutôt vers le « puisque je ne peux pas gagner pourquoi continuer » ? Formidable évolution !

Autre phénomène : la météo très atypique qui n’a presque jamais permis aux bateaux d’aller très vite, comme ils peuvent le faire dans des systèmes plus « classiques » et bien établis de secteur ouest.

Le résultat : les premiers ont mis 7 jours de plus qu’en 2016 pour faire le tour du monde.

Certes les bateaux ont subi des incidents divers, sont arrivés abîmés, mais on ne dénombre qu’un seul démâtage, aucune quille cassée, même si plusieurs mécanismes de basculement ont souffert.

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Voiles et Voiliers

Last but not least, et c’est un des marqueurs majeurs de cette édition, la connexion WhatsApp entre les marins et leurs équipes à terre a permis l’envoi de tutoriels de réparation en direct.

De nombreux observateurs ont été surpris par la capacité des skippers à réparer ce qui aurait semblé, autre fois, irrécupérable par un skipper seul en mer.

Les grands foils et les gros budgets

Alors qu’ils semblaient être l’arme absolue pour distancer les bateaux à dérives droites d’une semaine au moins, les bateaux équipés de grands foils ont montré leurs limites.

Les bateaux moins typés, plus polyvalents, ont fait jeu presque égal.

Moins de 24 heures séparent les premiers bateaux à foils du premier bateau à dérives droites.

Là encore plusieurs paramètres ont joué.

La météo atypique, avec ses conditions souvent nord/sud et non pas ouest, n’a pas favorisé les longs bords à haute vitesse avec un angle de vent optimal.

Certains analystes expliquent cette situation par le retard de l’établissement de la saison d’été dans le Sud.

De plus, et c’est incontestable, les huit bateaux neufs, équipés de grands foils, ont manqué de préparation.

Ils ont tous eu des soucis techniques.

À cela il peut y avoir trois explications.

D’abord le retard « normal » d’un bateau neuf, souvent mis à l’eau au-delà des plannings prévisionnels.

Ensuite l’annulation de deux transats : l’une devait aller vers New York et l’autre revenir vers Les Sables-d’Olonne.

Et enfin l’interdiction « sanitaire » de naviguer, durant trois mois, au printemps 2020.

Corum L’Epargne, dernier Imoca à avoir été mis à l’eau et premier à abandonner, a sûrement manqué de temps de préparation. | ELOI STICHELBAUT/POLARYSE

Résultat : les skippers de ces bateaux ont souvent été « sages et prudents » car ils ne connaissaient pas assez bien leurs bateaux dans les conditions parfois musclées qu’ils ont rencontrées.

Enfin, cette 9e édition a permis aux skippers disposant de budgets moyens, voire faibles, de s’exprimer et de s’imposer dans le top 10. Il faut rappeler que les écarts peuvent varier de 1 à 20 entre les plus petits et les plus gros budgets !

Alors certes les budgets sont déterminants dans le succès d’un tel tour du monde.

Mais, à l’inverse des derniers Vendée Globe, celui de 2020 remet l’humain au centre des paramètres en permettant à tous les skippers de démontrer leur talent.

Autre excellente évolution !

Le vainqueur et le temps

Yannick Bestaven est un magnifique vainqueur. 

Parce qu’il est, tout d’abord et à l’évidence, un excellent marin.

Mais aussi par sa valeur humaine, saluée par tous.

L’homme est bon vivant, d’une grande fidélité en amitié, et obstiné. 

Il faut se remémorer son parcours depuis sa première participation au tour du monde en solitaire.

C’était en 2008 et l’aventure avait duré… moins de 30 heures.

Le bateau avait démâté dans le golfe de Gascogne.

Le coup avait été rude, très difficile à encaisser.

Mais Yannick est de ces marins durs au mal qui trouvent encore de l’énergie quand leur bateau est en train de couler.

Alors le boulimique avait enchaîné les navigations, sur tous supports.

Insatiable, il court quatre Transat Jacques Vabre et s’adjuge deux victoires, une Route du Rhum, les Transat AG2R, la Solidaire du Chocolat, la Bermuda Race, poursuit avec la Vendée Arctique Les Sables, etc.

Yannick est de tous les départs, de tous les compagnonnages, de tous les équipages, de toutes les campagnes.

Avec cet éternel sourire bienveillant du marin ravi de partir de nouveau en mer, sans jamais se plaindre que son bateau est trop petit, son budget insuffisant, ou de tout autre frein éventuel à son bonheur.

Alors gagner ce Vendée Globe, le Graal d’une carrière déjà très dense, est une formidable prime donnée à son énorme expérience, forgée au fil des dizaines de milliers de milles parcourus.

Une récompense logique pour son abnégation, son opiniâtreté et son engagement sans faille.

Yannick Bestaven, beau vainqueur du Vendée Globe 2020-2021. | JEAN-LOUIS CARLI/ALEA

VOIR AUSSI :

Vendée Globe. L’analyse de Dominic Vittet : « Voilà pourquoi Yannick Bestaven a gagné ! »
ENTRETIEN. Yannick Bestaven sur son Vendée Globe victorieux : « C’est l’histoire d’une vie… »

Yannick gagne après une bonification de temps donnée par le Jury international pour avoir participé au sauvetage de Kevin Escoffier.

Et s’il demeurait des questions sur la légitimité de cette victoire ou sur la qualité de ce Jury international, il conviendrait de rappeler quelques faits essentiels.

En premier lieu, que le Vendée Globe est une course au temps et que le vainqueur a été le plus rapide pour faire le parcours.

Ensuite que le Jury est composé du Président Français Georges Priol, assisté de son compatriote Romain Gautier, d’Ana Sanchez pour l’Espagne, Lance Burger pour l’Afrique du Sud et Trevor Lewis pour le Royaume-Uni.

Soit le meilleur panel d’experts internationaux, indépendants et bénévoles, que la course au large en solitaire puisse réunir.

Rappeler aussi que rendre du temps à un marin ayant tenté de secourir un autre skipper demeure, à ce jour, le moins mauvais système de compensation.

Car ce dispositif, d’une part, est prévu dans les textes de la course, et d’autre part, est le plus juste dans la mesure où il tient compte de façon factuelle et précise de tous les éléments météo, temporels, psychologiques etc. vécus par chacun des protagonistes d’un sauvetage.

Kevin Escoffier, le naufragé, et Yannick | BESTAVEN, LE VAINQUEUR. JEAN-LOUIS CARLI/ALEA

Le formidable retour des femmes

En huit éditions elles n’étaient que sept, au total, à s’être engagées.

C’était trop peu même si chacune d’entre elles avait marqué l’histoire de cette course.

Isabelle Autissier, la première femme à avoir bouclé un tour du monde en solitaire dans le BOC Challenge, est en 1996 la première ingénieure – avec Yves Parlier – à participer au Vendée Globe.

Elle ouvre ainsi la voie pour tous les ingénieurs qui composent les « équipes à terre » actuelles.

Elle amène la première quille basculante et le premier téléphone par satellite, avec Christophe Auguin.

Cette même année, Catherine Chabaud devient la première femme à boucler le Vendée Globe: elle récidive en 2000-2001.

Ellen MacArthur termine deuxième de cette édition 2000 et est plébiscitée par le public.

En 2004, Karen Leibovici et Anne Liardet imposent leur volonté et leur bonheur de réaliser leur rêve, même si elles sont à la barre de bateaux anciens.

Les Britanniques Dee Caffari et Sam Davies illuminent l’édition 2008.

Comme Sam Davies, Isabelle Joschke a bouclé son tour du monde malgré son abandon dans cette édition 2020-2021. | OLIVIER BLANCHET/ALEA

En 2020, la participation de six femmes amène un autre souffle, un autre regard, une autre façon de naviguer et de communiquer.

Et si le Vendée Globe est, à chaque édition, un révélateur de personnalités et de talents, il l’est encore plus, et de façon spectaculaire, pour les femmes de cette 9e édition.

Tout d’abord, elles naviguent remarquablement bien.

Chacune avec son expérience et les moyens dont elle dispose : Sam Davies, Isabelle Joschke et Clarisse Crémer (qui a fini 12e après une course remarquable) ont occupé les avant-postes.

Pip Hare a fait une course incroyable à la barre d’un bateau construit il y a plus de 20 ans ; Alexia Barrier et Miranda Merron, à bord de bateaux anciens, forcent également le respect.

En matière de communication, ces concurrentes ne sont jamais dans l’emphase ni dans la surenchère, mais toujours précises, justes, et sincères.

Une réelle respiration dans cette course où chaque participant s’invente une manière de communiquer pour occuper, aussi, cet espace très convoité.

LIRE AUSSI :

Vendée Globe. Isabelle Joschke repart hors course et attendra Sam Davies en mer pour boucler le tour

VIDÉO. Vendée Globe. Isabelle Joschke danse un rock avec Jean Le Cam et raconte sa course

Elles amènent de la profondeur et leur participation est engagée.

Alors qu’elles auraient pu mettre leur bateau sur un cargo après des avaries très sérieuses les obligeant à rallier un port, Sam puis Isabelle sont reparties hors course pour boucler le tour du monde. 

La première sauve plus de 102 enfants victimes d’une malformation cardiaque, la seconde, toujours très posée, réfléchie et tellement sincère, veut finir son premier Vendée Globe à la barre de son bateau.

Toutes seront allées au bout de leur engagement de boucler le parcours !

Pourvu qu’elles soient de plus en plus nombreuses dans le futur !

[Retrouvez ici la deuxième partie de cet article : « Bilan de la course, suite : communication à outrance ? »]

VENDÉE GLOBE IMOCA

=============================================================================================

Accueil Course au large  Vendée Globe

Vendée Globe. Bilan de la course, suite : communication à outrance ?

Deuxième partie de ce bilan du tour du monde en solitaire, par Denis Horeau, l’un des plus grands connaisseurs de cette épreuve et de son histoire.

L’ancien directeur de course du Vendée Globe (en 1989, et de 2004 à 2016) se demande dans quelle mesure l’arrivée du « haut débit » sur les bateaux modifie la physionomie voire la philosophie de la course, et si trop de communication ne tue pas la (vraie) communication.

Il revient aussi sur le rôle grandissant des équipes à terre.

Forcément, les images envoyées par les skippers sont un peu toujours les mêmes… sur un bateau, difficile de beaucoup varier les cadrages ! N’empêche que souvent, c’est beau… | ALEXIA BARRIER / TSE – 4MYPLANET

Denis HOREAU. Modifié le 07/03/2021 à 13h09

[Voir aussi la première partie de cet article : « Abandons, foils, retour des femmes… Un premier bilan de la 9è édition du Vendée Globe »]

Les évolutions technologiques les plus marquantes

Au-delà des foils, qui ont fait couler beaucoup d’encre, de l’électronique qui a envahi les bateaux et joué un rôle décisif dans la performance sportive (nombreuses alarmes, jauges de contrainte, pilotes de plus en plus efficaces qui barrent sur l’intégralité d’un tour du monde sauf durant 4 heures environ, et sont meilleurs que le skipper…), c’est du côté des télécommunications que cette 9è édition marque un tournant sans doute définitif.

Dont le premier acte se situe en 1996 : Isabelle Autissier et Christophe Auguin embarquent un téléphone par satellite. Oh, il n’est pas encore très efficace et Auguin doit orienter le couvercle de la valise pour viser le satellite.

Pas très facile quand on est en mer.

Mais c’est à partir de cette date que l’on commence à délaisser la BLU (radio dont les ondes font le tour de la terre). L’évolution vers un téléphone satellite efficace se précise d’édition en édition, jusqu’à cette année où l’on a atteint le « point d’orgue », la « connexion parfaite » : le « haut débit » [voir nos précisions en bas de cette page] et l’appli WhatsApp.

La même que l’on utilise tous les jours à terre. Il n’y a donc plus de rupture dans la relation mer-terre et le marin est relié 24/24 avec tout son réseau.

Même s’il est toujours en solitaire il a moins à souffrir de la solitude, ce qui modifie profondément la donne.

Retrouvez ici toutes nos actualités consacrées au Vendée Globe

L’antenne de réception du système de communication par satellite, à l’arrière d’un monocoque 60 pieds du Vendée Globe. | ©ELOI STICHELBAUT – POLARYSE / IMOCA

La nouvelle génération de marins engagée dans la course est née sous l’ère du digital : elle juge parfaitement « naturel » et très « confortable » de ne pas interrompre sa relation « live » avec ses proches et son équipe.

Cette évolution semble aller de soi.

Elle marque, de fait, une rupture dans l’ADN de la course, lequel intègre parmi ses éléments clés cette précision : « sans assistance ».

De nombreux concurrents ont fait appel, et souvent plusieurs fois par jour, à leurs coachs mentaux, leur médecin, leur équipe à terre.

C’est là un tournant majeur dont il faudra tenir compte !

La montée des équipes à terre

Autre mutation notoire dans ce Vendée Globe : la montée en puissance des équipes à terre.

Elles ne sont bien sûr pas nouvelles car elles sont indispensables à la phase de préparation de la course.

Mais là où une équipe se composait en 1996 de quatre personnes, les plus étoffées d’entre elles regroupent aujourd’hui jusqu’à 30 personnes hautement qualifiées.

Elles sont dirigées par la femme ou l’homme de confiance du skipper en mer.

Et alors que jusqu’ici leur rôle était principalement centré sur la phase préparatoire de la course, elles sont maintenant très actives durant la compétition et sont omniprésentes dans les déclarations des skippers.

À chaque intervention technique, qu’elle soit importante ou anodine, les marins les ont citées comme l’élément indispensable à la réparation, à la réponse à une question ou à l’obtention d’une information.

À croire que ce lien s’est considérablement renforcé ; que l’équipe est devenue indispensable pour le skipper en course ; et qu’il n’est plus envisageable de naviguer en solitaire sans cette connexion constante.

Comment alors ne pas évoquer leur inévitable rôle dans l’assistance au marin, qu’elle soit voulue, qu’elle soit consciente ou non ?

Le Vendée Globe est-il toujours sans assistance ?

La Britannique Pip Hare, sur son vieux bateau mythique, a su trouver le ton juste pour communiquer pendant la course. | PIP HARE / MEDALLIA

Les réseaux sociaux et la communication dans cette 9e édition

L’ « annexe Multimédia », document contractuel associé à l’Avis de course, fait obligation à chaque skipper de transmettre trois vidéos de 2 minutes et cinq photos par semaine.

Cette règle s’ajoute à une propension « naturelle » de plusieurs skippers à communiquer largement et dès qu’ils le peuvent.

Elle contraint les moins diserts à une obligation de quantité mais ne précise pas de norme de qualité des données transmises.

Résultat, sur un plan strictement règlementaire, ce sont plus de 1000 vidéos et 1600 photos qui ont été transmises vers la terre.

En remontant un peu en arrière, on peut trouver un principe similaire dès l’an 2000, à l’occasion de « The Race », la course de multicoques géants organisée par Bruno Peyron, qui rendait également obligatoire l’envoi de vidéos depuis les bateaux.

La production issue de cette règle avait alors été très décriée voire moquée.

Il y avait là, disait-on, des dizaines de vidéos totalement vides de contenu, donc inexploitables, mais qui avaient bien été envoyées…

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Voiles et Voiliers

Pour en revenir au Vendée Globe, cette obligation permet peut-être à l’organisation de la course de se garantir un fonds de documents pour sa communication.

Peut-être. Mais la question, légitime, de savoir s’il fallait privilégier la quantité et la contrainte, ou l’envoi de vidéos de qualité à l’initiative des marins eux-mêmes, avait été clairement posée avant le départ.

www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01164585/src/q0qqvrk/zone/1/showtitle/1/

Ci-dessus la fameuse interview vidéo de Kevin Escoffier par Jean Le Cam, après que celui-ci eut secouru celui-là qui avait fait naufrage.

« Clac-clac-clac », un grand moment !

Que préciseront les textes de course de la 10è édition en 2024 ?

Au-delà du dilemme entre quantité et qualité, le choix de cette année est révélateur d’une tendance lourde.

Le marin est de plus en plus « producteur de ses contenus ».

Il communique directement avec « son » public, en mer comme à terre, à travers les réseaux sociaux où il se raconte en s’affranchissant de tous les intermédiaires… dont les médias traditionnels, par exemple.

Une telle masse d’information, diffusée immédiatement et en continu, n’intègre par nature aucune analyse, et aucun « recul » sur elle-même.

Il est très probable que plusieurs marins regrettent d’avoir livré telle ou telle info un peu personnelle dont les réseaux sociaux se sont emparés, avec gourmandise, à terre.

Aussi légendaire qu’il soit, le Vendée Globe n’échappe pas aux faiblesses et petitesses de notre société.

Le pilote de ligne finlandais Ari Huusela, un vrai amateur éclairé, dernier skipper à franchir la ligne vendredi 5 mars, après 116 jours et 18 heures de course. | OLIVIER BLANCHET / ALEA

Comment les skippers communiquaient-ils avec la terre ?

Pour échanger avec leurs proches ou leur équipe, ou avec la direction de course, y compris via leur smartphone (en Wi-Fi), tous les solitaires tourdumondistes du Vendée Globe utilisent le nouveau réseau Iridium Certus (66 satellites en orbite basse, couverture mondiale) avec un terminal VesseLINK fourni par Thales.

Cela dans le cadre d’un partenariat entre la classe Imoca, Thales et Iridium.

C’est ainsi par exemple que, lors de son naufrage le 30 novembre dernier, Kevin Escoffier a pu envoyer un message à son équipe via WhatsApp alors qu’il ne pouvait plus entrer dans son bateau plein d’eau…

Le réseau Iridium est constitué de satellites « défilants », en orbite terrestre basse. | DR

Le système sert également pour la surveillance des concurrents en temps réel par la direction de course, via des balises YellowBrick.

Le réseau Certus 700 offre un débit montant de 352 kbps* et un débit descendant de 704 kbps (streaming possible jusqu’à 256 kbps).

Avec le Certus 1400, on peut avoir jusqu’à 1408 kbps de débit descendant.

Le terminal VesseLINK est un boîtier de 30,5 x 22,9 x 5,8 centimètres qui pèse 3,4 kilos.

On peut y connecter jusqu’à trois appareils en Wi-Fi.

L’antenne fait 36,8 centimètres de diamètre, pour une hauteur de 19,8 centimètres et un poids de 2,8 kilos.

Le terminal coûte environ 10000 euros, et il faut ensuite ajouter les communications…

Plus d’informations ici (site de Thales) ou ici (site d’Iridium).

*Pour passer des kbps (kilobits par seconde) au ko/s (kilooctets par seconde), il faut diviser par 8, puisqu’il faut 8 bits pour faire un octet ; voir cette page ; 704 kbps, cela fait donc environ 90 ko/s.

Ce n’est donc pas ce qu’à terre on appellerait du « haut débit » … mais c’est un progrès !

VENDÉE GLOBE IMOCA RADIO MARINE PILOTE AUTOMATIQUE ÉLECTRONIQUE EMBARQUÉE