Accueil Course au large Vendée Globe
Paul Meilhat participait au Vendée Globe 2016 avant de gagner la Route du Rhum 2018. Pendant ce Vendée Globe, il est un des chroniqueurs de Voiles et Voiliers. Voici sa sixième chronique qui dresse un premier bilan, un mois après le départ des 33 skippers des Sables-d’Olonne.
Le foil tribord d’Arkéa Paprec a été abîmé après un choc avec un ofni. | YVAN ZEDDA/ALEA
Paul MEILHAT. Publié le 08/12/2020 à 18h25
Cinq abandons depuis le départ, beaucoup de favoris, que des foilers, un bateau abandonné, un démâtage, toujours cette histoire d’OFNI. À terre, les critiques pleuvent ! Mais si on rembobine la « péloche », les statistiques sont plutôt meilleures cette année. Sur 29 bateaux au départ en 2016 seulement 24 avaient passé le cap de Bonne-Espérance et 22 traversé l’océan Indien. Il y avait eu un démâtage puis une perte de bateau, des histoires d’OFNI, ça ne vous rappelle rien ?
Toutes ces avaries doivent soulever un questionnement qui est légitime mais pas comme ça, à chaud en voulant à tout prix trouver un coupable. Personne ne construit un bateau pour qu’il casse soulignait Michel Desjoyeaux, j’ajouterai qu’aucun marin ne fonce volontairement dans un cétacé.
VOIR AUSSI :
Vendée Globe. À chacun sa dépression : la nouvelle analyse stratégie de Mino Vittet
Vendée Globe. Des rafales à 55 nœuds ce soir, le leader Charlie Dalin dans le gros de la tempête
Vendée Globe. L’analyse de Nico Lunven : « Le risque de choc avec des OFNI grandit avec les foils »
Vendée Globe : la cartographie en temps réel
Depuis la dernière édition, la société OSCAR a développé un système de caméras infrarouges en tête de mât pour prévenir les collisions. Des pingers (répulsifs à cétacés, ndlr) ont été installés sur certaines quilles et des projets de SONAR sont en développement !
Lors de la Vendée Arctique-Les Sables-d’Olonne, le parcours a été modifié pour éviter les zones à forte densité des cétacés… Est-ce suffisant ? Certainement pas mais la volonté des skippers, des organisateurs et des classes est de trouver des solutions collectives à un problème auquel tous les marins sont confrontés : pêche, commerce, plaisance…
Boris Herrmann est équipé du système de surveillance vidéo Oscar, censé déceler des ofni. | BORIS HERRMANN
Des frissons, tout le monde en a eu la semaine dernière
La faute aux foils aussi ! Coupables idéaux, qui ne sont même pas plus rapides que les dérives ! Le seul bateau qui a tapé quelque chose avec le foil c’est Arkéa Paprec et on ne sait pas si c’est un déchet ou un cétacé.
Les avaries surviennent majoritairement chez les favoris, cela fait partie de l’ADN du Vendée Globe.
C’est un problème de prise de risque que ce soit en termes de fiabilité de bateau mais aussi d’engagement des skippers.
Or cette année la plus grande partie des favoris avait des foils (19 sur 33 cette année). Imaginez les conditions météo de 2016 depuis le départ, Charlie Dalin aurait probablement 2 000 miles d’avance sur le paquet ! C’est facile avec des SI car les conditions sont ce qu’elles sont mais j’avais envie de défendre ces innovations qui faisaient rêver tout le monde au départ et nous donnerons des frissons jusqu’à l’arrivée !
Des frissons, tout le monde en a eu la semaine dernière, des émotions fortes, exacerbées par la solitude en mer. Difficile de se remettre dedans, on a vu un Jean Le Cam un peu déboussolé après le débarquement de Kevin sur le Nivôse.
Rester dans sa bulle est sans doute la clef pour espérer la victoire. À terre on veut voir des émotions et entrer dans l’intimité des skippers mais traverser l’océan Indien nécessite une concentration maximale, il faut être indulgent.