Accueil Course au large Vendée Globe
Jacques Caraës, directeur de course du 9e Vendée Globe, se méfie du passage du cap Horn.
Mais surtout de l’« après Horn » pour ses « protégés », les 27 skippers encore en course avec lesquels il est en contact permanent depuis le départ.
Il les connaît bien, donc.
Il les ‘devine’ presque et il connaît le Horn aussi, qu’il a passé plusieurs fois.
« C’est après qu’il faut se méfier, dit-il.
Le Horn n’est pas une délivrance finale et je le sens bien, ils sont à bout. Ils se sont fait mal ».
Le passage du cap Horn et de son archipel d’écueils n’est pas une fin en soi. « La délivrance ne vient que quelques jours plus tard » selon Jacques Caraës. | CHEMINÉES POUJOULAT.
Nicolas FICHOT. Modifié le 02/01/2021 à 12h31
Ici, pour suivre le Vendée Globe en direct. Cartographie
« C’est Yannick (Bestaven – N.D.L.R.) qui devrait passer en premier le Horn.
Samedi soir a priori, entre 19H00 et 20H00, heure française. Dans la tempête. Et Charlie (Dalin – N.D.L.R.) quelques heures plus tard.
De nuit et avec une météo pire encore sans doute.
Mais c’est la période juste après le passage du cap Horn dont je me méfie le plus pour eux deux et pour leurs chasseurs derrière » explique Jacques Caraës.
Les concurrents, cette année, n’ont pas eu les météos habituelles
« L’Indien puis le Pacifique, cela fait un immense tunnel sans trace humaine.
C’est très long, dans les jours gris. Surtout que les concurrents, cette année, n’ont pas eu les météos habituelles.
Les vents étaient moins portants que sur les autres éditions et les mers, du coup, étaient plus cruelles.
Avec des vagues croisées, -casse bateau- comme on dit ».
Abonnez-vous gratuitement à notre newsletter quotidienne Vendée Globe
Avant, pendant et jusqu’à l’arrivée du dernier de ses « protégés », Jacques Caraës est le papa poule de la course. | JEAN-MARIE LIOT
Des vagues qui cassent l’homme aussi et Jacques Caraës et mieux placé que quiconque pour savoir que les hommes de ce Vendée Globe sont « au bout du rouleau ».
« Ils ne le disent pas, dans les vacations radio et cela ne se voit pas bien dans les vidéos, mais ils se sont fait mal.
Cela se devine dans le ton des voix. Les problèmes, on n’en parle pas aux concurrents, c’est de la stratégie. Mais avec l’habitude, on le devine. D’ailleurs, il suffit de regarder leurs polaires de vitesses. En cap ou en vitesse, ils sont selon moi à 80 % de leur potentiel. C’est un signe qu’ils ne peuvent pas dissimuler ».
Le danger consiste à penser que le Horn, c’est la délivrance finale. C’est faux !
« Pour avoir passé le Horn plusieurs fois, c’était en équipage mais cela ne change rien je crois, le danger consiste à penser que le Horn, c’est la délivrance finale.
C’est faux ! D’abord, pendant quelques jours encore, il y a le début de la remontée de l’Atlantique Sud qui peut être très méchante aussi.
Et l’autre danger, c’est de s’attaquer à ce gros morceau en étant trop détendu, en se croyant libéré.
La fatigue générale s’est accumulée après tous ces empannages le long de la zone des glaces.
Le froid, l’humidité : on est engourdi, on a des gestes lents et des réflexes moins bons.
On est moins aux aguets, les manœuvres sont lentes.
Le petit pépin peut vite prendre de l’ampleur, on ne s’en méfie pas ».
Avec le docteur Jean-Yves Chauve ( à gauche), toubib de l’épreuve, et les autres membres de son PC, Jacques Caraës (au centre) est en liaison permanente avec les skippers. | JEAN-MARIE LIOT
« Il faut attendre les Falkland pour souffler un peu », conclut Jacques Caraës qui précise que « depuis quelques jours, du coup, je leur parle de ma méfiance.
Et je les écoute différemment, avec encore plus d’attention.
C’est sur des petits détails, des intonations minimes, qu’on peut deviner des choses à bord.
Ils ne nous le disent pas, au PC course, mais ils savent aussi, les skippers, qu’on devine des choses, de notre côté.
Et qu’on leur parle différemment, alors, mais sans poser de questions.
On se comprend, quoi ! »
VENDÉE GLOBE EN SOLITAIRE IMOCA JACQUES CARAËS CAP HORN SÉCURITÉ EN MER