Accueil Course au large Vendée Globe
Spectaculaire scénario aux avant-postes du Vendée Globe ! Victime d’une avarie de foil, Charlie Dalin (Apivia) a perdu toute son avance et navigue très lentement.
Pour la première fois depuis 21 jours, le leader change : Thomas Ruyant prend la tête, mais Yannick Bestaven est au contact ! Ces trois skippers, à égalité sous l’Australie, creusent l’écart sur leurs poursuivants arrêtés dans l’anticyclone. Dingue.
Thomas Ruyant reprend la tête du Vendée Globe, mais il est sous la menace directe de Yannick Bestaven. | PIERRE BOURAS
Bruno MÉNARD.Modifié le 15/12/2020 à 08h51 Publié le 15/12/2020 à 08h33
Charlie Dalin n’est plus le leader du Vendée Globe ce mardi matin 15 décembre, pour la première fois depuis… 21 jours.
Hier soir à 22 h, on apprenait que le système de foil bâbord de son bateau, Apivia, était endommagé et que l’avarie était survenue un peu plus plus tôt, vers 19 heures.
VOIR AUSSI :
Vendée Globe. Avarie de foil pour le leader Charlie Dalin
Vendée Globe. L’analyse de Nico Lunven : des conditions propices à la vitesse pour le trio de tête
Vendée Globe. La cartographie pour suivre les skippers
» Système de foil bâbord » endommagé. Charlie Dalin est dans le dur. | V.CURUTCHET/ALEA/APIVIA
Ce matin on constate que le skipper d’Apivia est en effet très lent depuis une douzaine d’heures. Évidemment ses deux compagnons d’échappée – Thomas Ruyant et Yannick Bestaven en ont profité pour fondre sur lui… et même le dépasser. Au pointage officiel de 5 h le nouveau leader s’appelle Thomas Ruyant (LinkedOut), le deuxième est Yannick Bestaven (Maître CoQ) et Charlie Dalin glisse de la première à la troisième place.
Les trois premiers en 8 milles, comme en Figaro !
Mais il n’y a pas d’écart du tout ! Les trois bateaux tiennent dans un minuscule mouchoir de poche, à environ 700 milles de l’aplomb de la Tasmanie qui marquera la mi-parcours du Vendée Globe. Entre eux, on dirait une course en Figaro, quand les écarts sont infimes et que chaque longueur de bateau compte. Après presque 37 jours de mer, ils tiennent en 8 milles d’écart… autant dire rien. Et s’ils ne sont pas à vue il n’est pas inimaginable que cela arrive dans la journée car il n’y a que 20 milles d’écart latéral Nord/Sud entre eux !
VOIR AUSSI :
Suivez les bateaux du Vendée Globe sur la cartographie ici
VIDÉO. Vendée Globe. Insolite. Réfugié dans son bateau chahuté, Bestaven chante Francis Cabrel !
Charlie Dalin réussira-t-il à réparer ?
Charlie Dalin réussira-t-il à trouver une solution pour naviguer rapidement de nouveau et ne pas se faire trop distancer ? C’est la grande question du jour car faute de réparation Thomas Ruyant et Yannick Bestaven pourraient le distancer assez rapidement. Pendant les dernières 24 heures Apivia n’a pu couvrir « que » 336 milles, pendant que LinkedOut en avalait 396 et Maître CoQ 428…
C’est d’autant plus cruel pour Charlie Dalin que, comme prévu, les conditions météo s’avèrent très favorables aux trois échappés. Bestaven, Ruyant et Dalin (s’il répare) ont une occasion en or de creuser l’écart, de faire un gros break avec le groupe de leurs premiers poursuivants. Car ceux-ci sont encalminés depuis quelques heures dans l’anticyclone au sud du cap Leeuwin. Pendant que Thomas Ruyant navigue à 18 nœuds, l’excellent Benjamin Dutreux (Omia-Water Family) a chipé la quatrième place à Jean Le Cam, (Yes we cam)… mais dans son groupe on peine à naviguer au-delà de 6 nœuds.
Les échappés vont creuser l’écart
Autrement dit Ruyant progresse trois fois plus vite que les « chasseurs ». On vous laisse faire des règles de trois sur ce que ce genre de delta engendre comme écarts, ne serait-ce que sur une poignée d’heures, et sachant aussi que le trio des échappés a déjà environ 350 milles d’avance sur ses cinq premiers poursuivants. Pour faire simple, on ne s’avance pas beaucoup en disant que dès aujourd’hui le trio des leaders aura grosso modo une journée de mer d’avance sur le quatrième, et probablement plus.
Yannick Bestaven est grimpé au mât et a réussi à réparer son J2 ! Il avait jusqu’ici caché cette avarie. Il est le vrai leader du Vendée Globe avec les compensations qui lui seront accordées demain pour sa participation au sauvetage d’Escoffier. | JEAN-MARIE LIOT / MAÎTRE COQ
Bestaven avait un problème de voile d’avant, il est monté dans son mât !
L’autre fait marquant qu’on apprend ce matin est que Yannick Bestaven est monté dans son mât ! Il avait jusqu’ici caché un problème sur une voile d’avant très importante : le J2.
À la vacation de 5 h ce matin, le skipper de Maître CoQ raconte : « Je viens de redescendre du mât ! Je suis en sueur mais tellement content. Je ne disais rien à personne, mais ça me prenait la tête depuis des jours. Je ne pouvais pas utiliser mon J2 qui est la voile tout terrain pour être tranquille. J’étais obligé d’utiliser mon petit gennaker, le bateau sur la tranche, ce n’était pas du tout confort et limite dangereux ».
Je viens de redescendre du mât ! Je ne disais rien à personne, mais ça me prenait la tête depuis des jours. Je ne pouvais pas utiliser mon J2
C’est cette ascension qui explique probablement la vitesse modeste de Maître CoQ au dernier pointage (11,7 nœuds) mais il y a fort à parier que, cette avarie étant réparée, Bestaven retrouve des vitesses bien plus élevées dès les prochains classements. N’oublions pas non plus que Yannick Bestaven est plus que jamais le leader « virtuel » de ce Vendée Globe, puisque demain mercredi, le Jury International annoncera les compensations en temps pour participation au sauvetage de Kevin Escoffier.
Plus en arrière, alors que les dix premiers ont passé le cap Leeuwin, on constate aussi qu’Armel Tripon (L’Occitane en Provence, 14e) réduit toujours l’écart sur Clarisse Crémer (Banque Populaire) et Romain Attanasio (Pure-Best Western). Le jeu de l’élastique devrait être favorable à Tripon encore aujourd’hui, avant qu’il ne bute à son tour dans le même anticyclone mais probablement après avoir beaucoup « recollé » aux deux bateaux qui le précèdent.
Sam Davies, Jérémie Beyou : chapeau aussi !
En queue de flotte, Jérémie Beyou (Charal), lui, s’apprête à chiper la 21e place à Kojiro Shiraishi (Dmg-Mori), une performance remarquable quand on songe qu’il était reparti des Sables-d’Olonne neuf jours après toute la flotte.
Entre ces deux groupes, Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle) a retrouvé du vent et déboule à 19 nœuds. Bagarres à tous les étages, donc. Sur toute la largeur de l’océan Indien.
Un Indien que retrouve aussi, hors course, Samantha Davies. Neuf jours après son abandon à Cape Town (Afrique du Sud), Sam est repartie seule en mer hier lundi.
Elle tient absolument à boucler la boucle, à finir le tour du monde à bord de son Initiatives Cœur réparé.
Chapeau, madame Davies.
THOMAS RUYANT CHARLIE DALIN YANNICK BESTAVEN APIVIA LINKEDOUT MAÎTRE COQ