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Clarisse Crémer et Banque Populaire, c’est terminé ! Skipper de l’Imoca Banque Populaire lors du dernier tour du monde et engagée sur l’édition 2024, la navigatrice qui a donné naissance à une petite fille en novembre dernier a annoncé que son sponsor avait décidé de ne plus la suivre, jugeant trop « risqué » son retard pour sa qualification au Vendée Globe.
Voici le texte publié par Clarisse Crémer ce jeudi sur ses réseaux sociaux.
Clarisse Crémer à son arrivée lors du Vendée Globe 2020-2021. | JEAN-LOUIS CARLI/ALEA
Voiles et Voiliers. Modifié le 02/02/2023 à 15h02
Clarisse Crémer a annoncé la nouvelle ce jeudi matin sur sa page Facebook.
Banque Populaire, son sponsor depuis 2019 vient de rompre son partenariat avec la navigatrice de 33 ans qui a donné naissance à une petite Mathilda en novembre dernier.
« Je suis sous le choc » explique-t-elle dans son texte plein de douleur.
Douzième du dernier Vendée Globe et détentrice du record féminin autour du monde, la jeune femme avait été soutenue par Banque Populaire lorsqu’elle leur avait annoncé son souhait de devenir mère.
Mais selon eux, son retard pris dans sa qualification représente un risque de ne pas être présent sur le prochain Vendée Globe.
« Risque qu’ils ne souhaitent finalement pas courir » ajoute Clarisse.
Voici son texte en intégralité qui quelques minutes après sa publication a été suivi d’un communiqué de Banque Populaire confirmant leur volonté de changer de skipper. Une « contrainte » selon eux…
Texte de Clarisse Crémer publié jeudi 2 février :
« J’ai donné naissance en novembre 2022 à une petite fille. Alors que rien ne m’y obligeait, j’avais informé mon sponsor Banque Populaire dès février 2021 de mon projet d’enfant.
Ils m’ont tout de même choisie pour ce nouveau Vendée Globe et ont communiqué sur notre engagement mutuel à l’automne 2021.
J’ai appris vendredi dernier que Banque Populaire avait finalement décidé de me remplacer.
Par leur décision, et malgré ma volonté constante, je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024.
Les règles du Vendée Globe pour l’édition 2024 imposent à tous les skippers une concurrence basée sur le nombre de milles parcourus en course. Sur ce critère, j’ai bien sûr pris du retard face aux autres concurrents au départ, cette maternité m’ayant empêchée d’être présente sur les courses qualificatives pendant un an.
Aujourd’hui Banque Populaire décide que cela représente pour eux un « risque » qu’ils ne souhaitent finalement pas courir.
L’Imoca Banque Populaire à bord duquel Clarisse Crémer a participé au Vendée Globe 2020-2021. | JÉRÉMIE LECAUDEY /BPCE
Je suis sous le choc
Je suis sous le choc, d’autres projets lancés bien plus récemment continuent pourtant sans sourciller.
Il restait 2 saisons complètes et 4 transatlantiques pour revenir au niveau, j’étais à fond pour finir ma rééducation au plus vite.
Mais pour Banque Populaire ce serait « laisser le destin choisir à leur place », alors qu’ils « se doivent » d’être au départ du Vendée Globe. Ils sont prêts à assumer le risque d’un trimaran géant, et tous les aléas naturels, techniques et humains liés à la course au large, mais visiblement pas celui de la maternité.
Si la course au large existe aujourd’hui c’est parce que des sponsors la choisissent comme levier de communication et s’en servent pour raconter de belles histoires sportives et donc, a priori, humaines. Je suis dans l’incompréhension totale face à l’histoire que ce sponsor fait le choix de raconter aujourd’hui : « Le Vendée Globe, à tout prix. »
L’organisation du Vendée Globe se contente par ailleurs d’être « désolée pour moi » mais « ne peut rien faire ». C’est pourtant elle qui écrit les règles. Rappelons qu’il y a 4 ans j’aurais été sélectionnée automatiquement car finisseuse de l’édition précédente. Rappelons que 13 bateaux neufs (1/3 de la flotte) bénéficient d’une dérogation pour être sélectionnés d’office au prochain Vendée Globe au nom du soutien à l’innovation.
Clarisse Crémer à bord de l’Imoca Banque Populaire. | MARTIN KERUZORÉ /BPCE
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Les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant
Les règles d’une compétition sont censées garantir l’équité et l’esprit sportif.
Aujourd’hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant, quand bien même elle serait une sportive reconnue, déjà finisseuse de l’édition précédente.
Au 21e siècle, à qui veut-on faire croire que de telles règles seraient équitables ?
On a beau jeu de déplorer, ensuite, le faible nombre de femmes sur les lignes de départ.
Je tiens à remercier les personnes qui m’ont soutenue et qui se reconnaîtront. Je suis déterminée à revenir naviguer, sous les couleurs d’un partenaire de confiance dont je partagerai les convictions humaines.
Ma passion pour la voile reste entière, et je saurai dépasser rapidement la désillusion que je vis aujourd’hui.
Je pense surtout à toutes les femmes, les sportives et les autres, qui traversent des difficultés similaires sans avoir cette opportunité de prendre la parole.
Que signifie l’égalité pour les femmes ? Se comporter en tout point comme les hommes et donc surtout ne pas être enceinte ?
Si je m’exprime aujourd’hui, ce n’est pas par vengeance, pour attirer l’attention ni me faire plaindre, mais pour susciter la réflexion, et dans l’espoir de faire progresser notre société. »