Le skipper malouin Kevin Escoffier, troisième au classement du Vendée Globe, a déclenché sa balise de détresse dans les 40es Rugissants.
Son bateau ayant une importante voie d’eau, il s’est réfugié dans son radeau de survie. Jean Le Cam est arrivé sur zone. Yannick Bestaven et Boris Hermann se déroutent pour lui prêter main forte.
Kévin Escoffier, le skipper de PRB, est victime d’une importante voie d’eau. | OUEST-FRANCE
Ouest-France Jacques GUYADER. Modifié le 30/11/2020 à 20h53
Ce qu’il s’est passé ce lundi 30 novembre, pour Kévin Escoffier, troisième au classement du Vendée Globe ?
Aujourd’hui, à 14 h 46, Kevin Escoffier, skipper du bateau PRB, a déclenché sa balise de détresse, parvenant à préciser à la direction de course qu’il était victime d’une importante voie d’eau. En clair, que son bateau était en train de se remplir d’eau et de couler.
Kevin Escoffier se situait alors, en ce 22e jour de course, dans les 40es Rugissants, à 550 milles dans le Sud-Ouest du cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud). Il pointait en 3e position depuis dimanche soir, lorsqu’il était parvenu à doubler Jean Le Cam. En début d’après-midi, les conditions sur zone étaient musclées, mais restaient maniables, avec 25 à 30 nœuds de vent de secteur Sud-Ouest, et une houle de 5 mètres. Il filait aux alentours de 18-19 nœuds.
Était-il isolé ?
Non. Au moment où il a déclenché sa balise, PRB faisait partie du groupe de poursuivants du leader Charlie Dalin. Il avait Thomas Ruyant, 20 milles dans son Est, et Jean Le Cam, à 22 milles dans son sillage.
Suite à son appel Mayday (demande secours), Jacques Caraës, le directeur de course, a déclenché les secours et demandé à Jean Le Cam de faire route vers Kevin Escoffier. Thomas Ruyant étant devant, il lui aurait été nécessaire de faire demi-tour, face au vent fort, pour venir en direction de PRB.
A 17 h, Jean Le Cam est arrivé sur zone, et a confirmé la présence de Kévin Escoffier à bord de son radeau de survie. Peu après 19 h, la direction de course informait qu’elle avait demandé à Yannick Bestaven et Boris Hermann, puis plus tard à Sébastien Simon de se dérouter à leur tour, pour prêter main forte à Jean Le Cam dans l’opération de sauvetage.
A la vacation du jour, Kevin Escoffier était apparu en pleine forme et très confiant. Il s’était aussi montré très lucide sur la dégradation des conditions météo, qui allait rendre la course plus difficile dans les heures à venir, avec des vents attendus de l’ordre de 35 noeuds et une houle avec des vagues de 5 m.
Avait-il déjà eu des soucis techniques ?
Oui. Le 11 novembre, soit trois jours après le départ, et alors que la flotte traversait un premier front sur une dépression, Kevin Escoffier avait dû intervenir pour une première voie d’eau importante au niveau de la vanne de puits de foils. Des centaines de litres d’eau s’étaient déjà engouffrées dans le bateau. À l’aide d’une pompe et après plusieurs heures de réparation, Kevin Escoffier, ingénieur de formation et réputé excellent technicien, avait réussi à remédier à la situation.
Il n’est pas établi du tout, à cette heure, qu’il y ait un lien entre les deux avaries.
On se souvient aussi que, le 24 septembre, lors d’un stage Imoca et d’un entraînement de nuit avec le pôle de Port-la Forêt ; Kevin Escoffier et ses deux équipiers avaient violemment percuté un Ofni, à 30 noeuds dans le Golfe Gascogne. Les deux équipiers aveint été légèrement blessés et le bateau avait dû faire l’objet d’une vérification très poussée concernant la structure.
Que sait-on de ce bateau PRB V ?
Le bateau de Kevin Escoffier a été construit pour Vincent Riou en 2009, et a été mis à l’eau en 2010. Il a donc 10 ans. C’est un plan du cabinet d’architectes vannetais VPLP (Van Peteghem – Lauriot-Prevost) associé à Guillaume Verdier. Dès sa mise à l’eau en juillet 2010, il est considéré comme à la pointe, et est réputé pour être le plus léger de la nouvelle génération (7 tonnes).
En 2018, année de la Route du Rhum, Vincent Riou finit par décider de l’équiper de foils. Il fait appel pour cela à l’architecte Franco-Argentin Juan Kouyoumdjian. En 2019, Vincent Riou ayant décidé de ne pas s’aligner sur le Vendée Globe 2020, il soumet au patron de l’entreprise vendéenne une short-list de successeurs, sur laquelle figure Kevin Escoffier.
PRB V a remporté deux Transat Jacques Vabre, en double, en 2013 et 2015 avec Vincent Riou, après avoir dû abandonner en 2011 pour des soucis de structure.
Sur le Vendée Globe 2012, Vincent Riou avait été contraint à l’abandon après avoir percuté une bouée métallique au large du Brésil.
Sur le Vendée Globe 2016, Vincent Riou avait de nouveau été contraint à l’abandon, le 20 novembre, après un choc avec un ofni, ayant endommagé la quille. Il s’était dérouté vers le Cap en Afrique du Sud.
Kevin Escoffier est-il un skipper expérimenté ?
Oui, clairement. Le Malouin d’origine, ingénieur de formation, a été un des hommes clés du team Banque Populaire ces dernières années, où il a travaillé sur la conception de l’Imoca d’Armel Le Cléac’h, vainqueur en 2016 et de l’Ultim qui a fait naufrage lors de la dernière Route du Rhum.
Mais il est aussi l’un des équipiers les plus recherchés sur les grandes courses en équipage. Il a été détenteur du trophée Jules-Verne en 2012 sur Banque Populaire V, avec Loïck Peyron, et a bouclé deux Volvo Ocean Race sur Dongfeng, dont celle de 2018, remportée avec Charles Caudrelier. Il a donc une solide expérience des mers du sud. Il est considéré par ses partenaires comme un marin talentueux et très endurant.
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