En raison d’une casse de dernière minute, certains skippers ont eu peur pour leur Vendée Globe.
À terre comme en mer, la solidarité entre marins fait aussi des miracles. Ils racontent.
Ouest-France Théo LECLERC avec la rédaction. Publié le 29/10/2024 à 18h45
Vendée Globe 2024. « Tu sais que ton concurrent peut être aussi ton sauveur »
« Je suis les bras ballants sur le pont. Je dis à Adrien (N.D.L.R. : le boat captain) : laisse tomber, de toute façon, il n’y aura pas de Vendée Globe.
Pour moi la course est terminée, c’est impossible. »
Il y a un mois et demi, le vendredi 13 septembre, Romain Attanasio a cru que son rêve s’effondrait en même temps que son mât, en plein Défi Azimut.
Après « un boum » et ce constat terrible : « On a démâté. »
Une nuit cauchemardesque. Puis, après cinq minutes d’abattement, le compte à rebours débute.
« Il fallait trouver un mât à seulement deux mois de la course. »
Et c’est à terre que la solidarité entre marins va lui permettre de reprendre espoir.
« Ça ne m’arrange pas mais je te prête mon mât »
Maxime Sorel l’appelle quelques heures après pour lui proposer un mât.
« Il m’a dit : c’est mon mât de rechange, ça ne m’arrange pas mais je le prête. »
La suite, c’est le skipper V and B-Montana-Mayenne qui la raconte : « La seule clause qu’on avait notée, c’est que jamais, si ça nous arrivait de démâter, on puisse récupérer le mât.
Mais aujourd’hui, il est bien à lui et il va pouvoir prendre le départ, c’est ça qui est important. »
Sa cagnotte récolte 145 000 €
D’autres skippers, comme Boris Herrmann et des techniciens d’autres équipes, offrent également leur aide à Romain Attanasio.
Sa cagnotte en ligne prend rapidement de l’ampleur, « c’est incroyable ce qui s’est passé », avec plus de 1 200 donateurs pour 145 000 €.
La facture totale, pour tout refaire à neuf s’estime à 450 000 €.
Il tente de la réduire en utilisant des pièces d’occasion.
« Je ne m’attendais pas à ça. On peut le dire, la solidarité des gens de mer n’est pas un vain mot. »
Des skippers ont donné
Parmi les donateurs, plusieurs skippers, dont Éric Bellion qui estime que sa « participation est une goutte d’eau dans l’océan de l’argent qu’il doit trouver ».
Mais le skipper de Stand As One explique que « c’est notre cauchemar à tous de ne jamais arriver au village.
J’avais envie qu’il soit là pour cette édition ».
Cette solidarité entre skippers est connue en mer, lors des naufrages notamment, « mais à terre, avant le départ, je ne m’attendais pas à ça », confie Romain Attanasio.
« On reste des compagnons d’aventure »
Arnaud Boissières a lui aussi bénéficié de cette solidarité.
« J’avais un trou dans la coque suite à une collision avec un bateau de pêche », avant ce même Défi Azimut, raconte le skipper de La Mie Câline.
Son bateau est le même que celui de Benjamin Ferré et il a pu profiter de son aide pour refaire la partie abîmée.
Devinez quoi ? Quand le skipper de Monnoyeur Duo For a Job a, à son tour, « eu besoin de sortir le bateau de l’eau parce qu’on a pris un casier sur le chemin pour venir ici », il a pu compter sur l’aide d’Arnaud Boissières.
Benjamin Ferré s’en amuse : « Bien m’en a pris » car cela « a été un prêté pour un rendu ».
Cette solidarité « existe depuis longtemps », confirme Arnaud Boissières.
« Cela va au-delà du monde de la voile. Que l’on soit en mer ou à terre, on reste avant tout des compagnons d’aventure. »
Le franc-bord de La Mie Câline, d’Arnaud Boissières, avait été sérieusement endommagé sur la route du Défi Azimut. | OUEST-France
« Les aventures maritimes sont belles »
Au final, Benjamin Ferré affirme qu’on « est tous heureux que chaque skipper soit au départ du Vendée Globe et que tout le monde puisse vivre son aventure à fond.
Tu sais que ton concurrent principal peut être aussi potentiellement ton sauveur s’il arrive quelque chose.
C’est une des raisons pour lesquelles la course au large et les aventures maritimes sont belles ».
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