Publié le 23/01/2020
Les hypersignaux de la substance blanche (HSB) sont souvent associés à des facteurs de risque vasculaire. Leur présence pourrait annoncer un déclin cognitif, une démence ou encore un AVC. Leur signification pronostique reste cependant incertaine et il en va de même pour leur impact clinique qui pourrait varier d’un âge à l’autre.
Leur découverte fortuite chez un sujet d’âge moyen n’aurait pas la même signification que chez un nonagénaire. Par ailleurs, la prévalence des troubles cognitifs est corrélée à l’âge, de même que celle des maladies neurodégénératives, en premier lieu la maladie d’Alzheimer, la part des démences vasculaires n’étant pas non plus négligeable.
De fait, une défaillance cognitive chez un sujet très âgé peut relever de plusieurs étiologies combinées telles que des dysfonctionnements vasculaires sur fond neurodégénératif.
L’étude longitudinale dite 90+, menée dans le sud de la Californie, actuellement en cours, apporte des arguments en faveur de ces hypothèses. Une IRM a été réalisée, entre mai 2014 et décembre 2017, chez 141 sujets très âgés (94,3 ± 3,2 ans) répartis en deux groupes : (1) absence de troubles cognitif (n = 94) ; (2) déficit cognitif le plus souvent léger (n = 47).
L’analyse systématique des images s’est particulièrement focalisée sur l’évaluation du volume hippocampique et la quantification des HSB.
Des tests cognitifs ont été par la suite réalisés tous les 6 mois, la durée moyenne du suivi étant de deux années. Il s’agit notamment du MMSE (Mini-Mental State Examination) et du MMSE modifié (3MS), mais aussi de toute une batterie de tests explorant l’apprentissage verbal, le rappel immédiat et retardé, la fluence, les fonctions exécutives et la mémoire des chiffres, à titre d’exemples.
Les données ont été traitées au moyen de modèles linéaires mixtes appliqués à chacun des tests à la recherche d’associations entre leurs résultats et les données de l’IRM, tant à l’état basal qu’au cours du suivi. Les ajustements statistiques ont pris en compte l’âge, le sexe et le niveau socio-éducatif.
Pas d’interaction entre volume de l’hippocampe et hypersignaux de la substance blanche
A l’état basal, une atrophie hippocampique et un volume élevé d’HSB ont été associés à des perturbations cognitives plus marquées pour la plupart des tests. Au cours du suivi, les mêmes anomalies à l’IRM ont été associées à un déclin plus rapide des performances obtenues au MMSE et au 3MS.
L’atrophie hippocampique a été reliée à des difficultés croissantes dans la mémorisation à court terme, les tests de rappel immédiat étant de plus en plus perturbés. En revanche, aucune relation n’a été mise en évidence entre le volume des HSB et le volume de l’hippocampe.
Aucune interaction significative entre ces deux paramètres n’a été décelée quant à leur association aux troubles cognitifs mis en évidence tant à l’état basal qu’au cours du suivi.
L’étude longitudinale 90+ consacrée aux nonagénaires permet d’identifier deux biomarqueurs associés au déclin cognitif. L’augmentation du volume des HSB et l’atrophie hippocampique exercent un effet négatif sur la cognition, indépendamment l’un de l’autre.
Cependant la valeur prédictive de ces anomalies détectables en IRM semble moindre que chez le sujet moins âgé, surtout pour ce qui est des HSB. La composante dégénérative semble l’emporter sur les facteurs vasculaires chez les nonagénaires…
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE: Legdeur N et coll. : White Matter Hyperintensities and Hippocampal Atrophy in Relation to Cognition: The 90+ Study. J Am Geriatr Soc., 2019 ; 67(9):1827-1834. doi: 10.1111/jgs.15990.
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Où il paraît préférable de garder une bonne intégrité cérébrale avec l’âge