Article commenté

Pauline Veyrard

Par le Dr Pauline Veyrard (CHU – Saint-Etienne) [Déclaration de liens d’intérêts]

– Date de publication : 2 juin 2025
Article commenté : Inefficient impact absorption and reduced shock attenuation in female runners with stress urinary incontinence – N Cardoso Campos, S Teixeira Fonseca, L Jardim Nunes et al. – Journal of Biomechanics. 2025 ; 187:112753

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Introduction et contexte :
L’incontinence urinaire d’effort est une pathologie fréquente chez les coureuses, définie par la perte d’urine lors de l’activité physique, la toux, l’éternuement, avec une prévalence de 44% dans la littérature. (1)
Lors de l’activité physique, les structures musculaires et ligamentaires du périnée absorbent les chocs.

Cependant, si l’activité est intense, l’impact et la pression intra-abdominale peuvent excéder la tension des muscles du plancher pelvien, provoquant des symptômes d’incontinence urinaire à l’effort.

Or, la tension du plancher pelvien est conditionnée par les muscles abdominaux et des hanches. (2)
L’objectif de cette étude était de comparer chez un groupe de femmes pratiquant la course, en fonction de si elles présentaient une incontinence urinaire d’effort ou non :

  1. la force du périnée ;
  2. la force des muscles des hanches, quadriceps, tronc ;
  3. l’atténuation des chocs lors de l’activité physique.

Méthodes :
Les patientes ont été recrutées par les médias.

Elles devaient être âgées de 18 à 45 ans, ne pas prendre de traitement pour l’incontinence urinaire et devaient pratiquer la course depuis plus de 6 mois avec plus de 20km par semaine.
La force du périnée a été évaluée par un outil validé, Peritron : la force était évaluée par le pic lors de la contraction vaginale volontaire et l’endurance par la durée de la contraction à au moins 60% de la force maximale.
La force des hanches était mesurée par dynamomètre.
L’atténuation des chocs était mesurée grâce à la densité spectrale de puissance qui correspond à des variations de fréquence lors de la mobilisation entre le fémur et le tibia.

Résultats :
Au total, 32 participantes ont pu être incluses dans l’analyse.
Il n’a pas été retrouvé de différence sur la contraction vaginale, l’endurance du périnée ou la force isométrique des rotateurs externes/internes de la hanche, des fléchisseurs du tronc, des fléchisseurs plantaires de la cheville et des quadriceps.
Cependant, les femmes présentant une incontinence urinaire d’effort avaient une réduction de l’absorption du choc au niveau de la cheville et une augmentation de l’absorption d’énergie de la hanche.

Elles présentaient également une réduction de l’atténuation des chocs entre le tibia et le fémur en appui par rapport au groupe « continente » de manière significative (-29,4 versus -6,10, p=0,038).

Conclusions et perspectives :
En conclusion, ces données préliminaires montrent que les femmes présentant une incontinence urinaire d’effort lors de la course n’ont pas de diminution de la force du périnée ou des muscles mais plutôt une diminution de l’atténuation des chocs lors de la course.
Des études complémentaires pour confirmer ces résultats sont nécessaires.

Une baisse de l'absorption du choc lors de la course à pied impacte le risque d'incontinence urinaire d'effort
Comparaison de l’atténuation des chocs entre le tibia et le fémur pendant la phase d’appui de la course chez les coureuses avec et sans incontinence urinaire.
SA= shock attenuation, PSD= power spectral density

Références :
1. Pires T, Pires P, Moreira H, Viana R. Prevalence of urinary incontinence inhigh-impact sport athletes: a systematic review and meta-analysis. J Hum Kinet. 2020 ; 73, 279–288.
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2. Tim S, Mazur-Bialy AI. The most common functional disorders and factors affecting female pelvic floor. Life. 2021 ; 11 (12).
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