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Publié le 29/11/2019

Au cours des 40 dernières années, le développement des soins pré- et néonatals a permis une amélioration de la survie des enfants nés bien avant le terme (gestation < 32 semaines) ou avec un très faible poids de naissance (< 1 501 g). Les questions liées à la santé de cette population, ayant survécu et ayant maintenant atteint l’âge adulte (plus d’un demi-million aux États-Unis), sont de plus en plus pertinentes.

Il se trouve notamment que l’évolution avec l’âge de leurs capacités pulmonaires, par rapport à celle de témoins nés à terme avec un poids normal, est inconnue. Dans une population sans pathologie, le débit d’air expiratoire maximal, reflet de la croissance des voies respiratoires, augmente tout au long de l’enfance.

Il culmine ensuite au cours de la troisième décennie de la vie, puis diminue très lentement avec l’âge avec peu de variations hommes-femmes. Si le déclin très progressif du flux d’air lié l’âge n’est pas problématique pour la plupart des individus car asymptomatique, une accélération de la courbe, comme cela se produit avec le tabagisme, peut se révéler préoccupante et faire le lit d’une BPCO.

Alors qu’en est-il de ceux qui démarrent avec des capacités respiratoires immatures à la naissance ? Une méta-analyse a cherché à comparer le débit d’air expiratoire maximal chez ces personnes à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte avec celui de témoins nés avec un poids de naissance normal (> 2 499 g) ou à terme.

La recherche a porté sur les données individuelles de participants issues d’études de cohortes, dans PubMed et Embase. Les études étaient éligibles si elles indiquaient les débits expiratoires au-delà de 16 ans, pour des patients nés très prématurément ou avec un poids de naissance très bas, ainsi que ceux de témoins nés à terme ou avec un poids de naissance normal.

De moins bons résultats à la spirométrie

Sur les 381 études identifiées, 11, impliquant au total 935 participants nés très prématurément ou ayant un très faible poids à la naissance et 722 témoins, ont été incluses dans l’analyse. L’âge moyen lors de la mesure test était de 21 ans (16–33). Les Z scores étaient tous proches de zéro dans le groupe témoin, alors qu’ils  étaient réduits dans la population cible (prématurés ou poids très faible à la naissance) pour le VEMS (Volume Expiratoire Maximale Seconde ; différence moyenne −0,78 [intervalle de confiance à 95 % IC 95% −0,96 à −0,61], p < 0,0001), la CVF (Capacité Vitale Forcée ; -0,25 [-0 ,40 à -0,10], p = 0,0012), le rapport VEMS / CVF (−0,74 [–0,85 à −0,64], p < 0,0001) et le DEM 25–75 % (Débit Expiratoire Maximal Médian pris entre 25 % et 75 % de la CVF ; −0,88 [–1,12 à −0,65], p < 0,0001).

Cette étude montre que les personnes nées très prématurément ou ayant un très faible poids à la naissance ont un risque de croissance des voies respiratoires insuffisante à l’adolescence et au début de l’âge adulte, avec une réduction des valeurs du flux expiratoire cliniquement importante (c’est à dire inférieures au cinquième percentile). Pour le groupe cible, diverses mesures du débit d’air ont montré de fortes relations négatives (indépendantes) avec la dysplasie broncho-pulmonaire, mais des relations positives avec la corticothérapie anténatale.

Une autre découverte était que le Z score de la CVF était augmenté en cas d’exposition au tabagisme pendant la gestation. En cas de très grande prématurité ou de poids de naissance très bas, les résultats suggèrent un risque accru de BPCO à l’âge adulte, sachant que, dans la population générale, environ 26 % des sujets ne parvenant pas à atteindre un niveau normal au début de l’âge adulte développent une pathologie obstructive ultérieurement.

Anne-Céline Rigaud

RÉFÉRENCE : Doyle LW et coll. : Expiratory airflow in late adolescence and early adulthood in individuals born very preterm or with very low birthweight compared with controls born at term or with normal birthweight: a meta-analysis of individual participant data. Lancet Respir Med., 2019;7(8):677-686.

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Quand les prématurés deviennent adultes