Publié le 09/06/2020
En dépit des progrès accomplis en matière de prévention primaire au cours de ces dernières décennies, il arrive encore que l’infarctus du myocarde (IDM) touche des sujets jeunes et la prévalence des IDM dans cette population n’a guère diminué au fil du temps.
Les mêmes questions se posent périodiquement : existe-t-il des facteurs de risque particuliers à ces IDM et leur pronostic diffère-t-il de ceux survenant chez des patients plus âgés ?
La base de données Partners YOUNG-MI Registry fournit des éléments de réponse. Elle est alimentée par les admissions enregistrées au sein de deux grands centres hospitalo-universitaires étatsuniens.
Au sein d’une cohorte composée de 2 097 patients d’âge ≤ 50 ans, tous victimes d’un IDM de type 1 inaugural, ont été sélectionnés 431 participants (20,5 %) particulièrement jeunes (âge ≤40 ans). Les facteurs de risque ont été identifiés à partir des dossiers médicaux électroniques. La mortalité tant globale que cardiovasculaire a été estimée sur le long terme.
Moins d’HTA, plus de toxicomanies, même pronostic
En ce qui concerne le profil de risque cardiovasculaire, il ne diffère pas pour ces 431 patients de celui des plus âgés (41-50 ans) si ce n’est sur deux points : d’une part, une prévalence plus élevée des toxicomanies, parmi lesquelles la consommation de cocaïne apparaît plus fréquente (17,9 % versus 9,3 % ; p < 0,001) ; d’autre part, une moindre prévalence de l’HTA, soit 37,9 % vs 50,9 % (p < 0,001).
Pour ce qui est des complications, il faut en citer une qui survient indépendamment des gestes de revascularisation myocardique : il s’agit en l’occurrence de la dissection coronaire spontanée observée chez 3,1 % des moins de quarante ans, contre 1,1 % chez les plus âgés (41-50 ans) (p = 0,003).
Au terme d’un suivi d’une durée médiane de 11,2 années, le pronostic s’est avéré identique dans les deux groupes, la mortalité tant globale que cardiovasculaire étant similaire. Il en a été de même à plus court terme (un an).
Ainsi, les moins de quarante ans victimes d’un IDM inaugural ne diffèrent guère des patients qui ont dix années de plus qu’eux : certes la prévalence de l’HTA semble moindre chez les plus jeunes, mais le pronostic à long terme ne s’en trouve pas affecté.
L’exposition aux substances illicites, notamment la cocaïne est trois fois plus fréquente chez ces derniers, mais elle ne dépasse guère les 3 %, de sorte que ce facteur de risque est loin d’être le principal.
Dans ces conditions, ce sont les mesures de prévention secondaire qui doivent être renforcées afin d’améliorer le pronostic à long terme, notamment la mortalité cardiovasculaire.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE: Yang et coll. : Risk Factors and Outcomes of Very Young Adults Who Experience Myocardial Infarction: The Partners YOUNG-MI Registry. Am J Med., 2020: publication avancée en ligne le 20 mai. DOI: 10.1016/j.amjmed.2019.10.020.
Copyright © http://www.jim.fr
L’infarctus du myocarde de l’adulte jeune, tendances actuelles