Accueil Course au large Trophée Jules Verne
C’est parti pour Spindrift ! Yann Guichard et ses onze hommes d’équipage ont lancé le trimaran géant sur la ligne de départ du Trophée Jules Verne ce mardi 3 décembre 2019 à 21 h 55 heure française. Pour réussir cette troisième tentative, l’équipage du plus grand multicoque océanique de la planète devra boucler son tour du monde en moins de 40 jours, 23 heures et des poussières. Donc être de retour avant le lundi 13 janvier 2020 à 21h27.
C’est parti pour Spindrift ! Rendez-vous dans moins de 40 jours si tout va bien. | CHRIS SCHMID/SPINDRIFT RACING
Bruno MÉNARD. Publié le 03/12/2019 à 23h21
Cette fois c’est bon, c’est parti ! Les douze marins du maxi-trimaran Spindrift 2 ont coupé la ligne de départ du Trophée Jules Verne à Ouessant ce mardi 3 décembre 2019 à 21 h 55 min 54 s heure de Paris (une heure de moins en TU). Objectif simple : tourner autour de la planète par les trois caps en moins de 40 jours et 23 heures, pour ravir à Francis Joyon et son équipage le record absolu du tour du monde à la voile, détenu par IDEC Sport depuis 2017.
Pour cela, pour avoir le droit de toucher au retour – avec des gants blancs – le Trophée Jules Verne, l’équipage de Spindrift 2 devra être de retour sur cette même ligne d’Ouessant avant le lundi 13 janvier 2020 à 21 h 27 min 25 s.
Un gros tempo à tenir
Guidés à terre par « le sorcier » Jean-Yves Bernot, légende du routage et de la météo appliquée aux grands voiliers, les hommes de Yann Guichard savent parfaitement que ce n’est pas un défi facile. Il leur faudra déjà être à l’équateur en un peu plus de 5 jours, puis espérer doubler le cap de Bonne-Espérance, au Sud de l’Afrique du Sud, en 13 jours.
Tenir 22 nœuds de moyenne sur l’ortho pendant 40 jours est un sacré défi. Car s’il y a des runs à 40 nœuds possibles, il y a aussi toujours des temps faibles et lents sur un parcours aussi long ! | CHRIS SCHMID/SPINDRIFT RACING
S’imposer un tel tempo est nécessaire car on se souvient que Francis Joyon et son commando avaient réussi une traversée de l’océan Indien extraordinaire de bout en bout, au prix du run le plus sauvage de toute l’histoire de la marine à voile. Un sprint furieux qui avait fait dire à un internaute australien : « Ils sont passés sous l’Australie en moins de temps qu’il ne faut pour traverser le pays en voiture ! »
Temps intermédiaires : match nul 3 partout
Voilà pourquoi Spindrift n’a pas, mais alors pas du tout de temps à perdre pour espérer revenir en vainqueur de sa troisième tentative. Et conquérir enfin ce Trophée Jules Verne qui lui échappe depuis quelques années. D’un point de vue statistique, il y a matière à espérer pour les hommes de Yann Guichard. Car sur les six temps intermédiaires qui jalonnent le parcours du tour du monde par les trois caps (Bonne Espérance, Leeuwin, Horn), pour le moment il y a match nul entre le trimaran de Francis Joyon et celui de Yann Guichard.
Du temps où il s’appelait Banque Populaire V (imaginé par Pascal Bidégorry mais victorieux autour du monde avec Loïck Peyron en 2012), le trimaran de 40 mètres avait été le meilleur sur les portions Équateur-cap des Aiguilles (6 jours 08 h 55 min) et cap Horn-Équateur (7 jours 4 h 27 min). Sous les couleurs de Spindrift, il avait aussi cassé le chrono de la portion de départ entre Ouessant et l’équateur (4 jours, 20 h 07).
Ces trois temps intermédiaires n’ont pas été améliorés depuis. IDEC Sport, de son côté, compte le même nombre de chronos partiels jamais égalés : trois. Les hommes de Francis Joyon ont ainsi été impériaux en 2017 sur les tronçons cap des Aiguilles-cap Leeuwin (4 jours 09 h 32 min), cap Leuuwin-cap Horn (9 jours 08 h 46 min) et dans le final équateur-Ouessant, englouti en 5 jours 19 heures et 21 minutes.
Match nul de ce point de vue donc, mais qui donne une idée de l’exploit à accomplir pour décrocher le seul chrono qui compte vraiment, celui entre Ouessant et Ouessant après une révolution planétaire complète : 21 600 milles théoriques à engloutir en moins de 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes. Le tour du monde en deux fois moins de jours que rêvés par Monsieur Verne, Jules de son prénom.
22 nœuds de moyenne pendant 40 jours…
Bref, l’histoire à retenir est que douze marins sur un voilier de 40 mètres sont partis cette nuit pour tenter de faire le tour du monde en moins de 40 jours. On verra plus tard pour les détails en heures et minutes, car d’ici au 13 janvier il peut se passer beaucoup de choses. Le plaisancier du dimanche pourra toutefois s’arrêter sur un chiffre assez parlant : il faut tenir près de 22 nœuds de moyenne sur l’ensemble du parcours… et si le bateau est capable de pointes à 40 nœuds, il y a toujours des temps faibles et lents sur un parcours aussi long.
Notons que le départ a été pris dans une brise de secteur Est modérée (15 nœuds). Ce vent de travers sur une mer apaisée change des conditions musclées habituelles d’un départ autour du monde. Mais dès la fin de la nuit, en approche des côtes espagnoles, Yann Guichard et son équipage devraient bénéficier d’un flux plus consistant tournant progressivement au secteur Nord, puis se renforçant jusqu’à 25-30 nœuds avec rafales le long des rivages portugais.
Logiquement, Spindrift 2 devrait ainsi rapidement rattraper son probable retard accumulé lors des premiers bords dans le golfe de Gascogne et atteindre l’équateur en un peu plus de cinq jours. C’est le premier objectif des hommes de Yann Guichard.
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LES DOUZE HOMMES DE SPINDRIFT 2
Yann Guichard (skipper)
Erwan Israël (navigateur)
Jacques Guichard (chef de quart/barreur-régleur)
Jackson Bouttell (barreur/numéro un)
Thierry Chabagny (barreur/régleur)
Grégory Gendron (barreur/régleur)
Xavier Revil (chef de quart/barreur-régleur)
Corentin Horeau (barreur/numéro un)
François Morvan (barreur/régleur)
Duncan Späth (barreur/régleur)
Erwan Le Roux (chef de quart/barreur-régleur)
Benjamin Schwartz (barreur/numéro un)
Jean-Yves Bernot (routeur à terre)
LE TROPHÉE JULES VERNE EN BREF
Départ et arrivée : ligne entre le phare de Créac’h (île d’Ouessant) et le cap Lizard (Angleterre)
Tour du monde du monde en équipage par les trois caps (Bonne-Espérance, Leeuwin, Horn)
Distance la plus courte à parcourir : 21 600 milles (environ 40 000 kilomètres)
Temps actuel à battre : 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes
Vitesse moyenne : 21,96 nœuds
Date du dernier record : janvier 2017
Détenteur : IDEC Sport, Francis Joyon et ses 5 hommes d’équipage
Date de départ de Spindrift 2 : mardi 3 décembre à 20 h 55 min 54 s TU (21 h 55 min 54 s heure française)
Pour battre le record, Spindrift 2 devra être de retour avant le 13 janvier 2020, 20 h 27 min 25 s TU.
TEMPS INTERMÉDIAIRES EN ÉQUIPAGE
Ouessant-équateur : 4 j 20 h 07 min (Spindrift 2 en 2019)
Équateur-cap des Aiguilles : 6 j 08 h 55 min (Banque Populaire V en 2012)
Cap des Aiguilles-cap Leeuwin : 4 j 09 h 32 min (IDEC Sport en 2017)
Cap Leuuwin-cap Horn : 9 j 08 h 46 min (IDEC Sport en 2017)
Cap Horn-Équateur : 7 j 04 h 27 min (Banque Populaire V en 2012)
Équateur-Ouessant : 5 j 19 h 21 min (IDEC Sport en 2017)