Accueil Course au large  Trophée Jules Verne

Charles Caudrelier est en stand-by pour prendre le départ de son quatrième tour du monde, mais le premier sans escale.

Co-skipper avec Franck Cammas du Maxi Edmond de Rothschild pour le Trophée Jules Verne, il explique les enjeux de la fenêtre météo du départ.

Il détaille aussi les endroits où il espère gagner du temps sur le record de Francis Joyon (40 jours, 23 heures) et souligne l’importance de partager de belles images dans le contexte actuel.

Charles Caudrelier va tenter pour la première fois le Trophée Jules Verne. | YANN RIOU / POLARYSE / GITANA S.A.

Olivier BOURBON. Publié le 21/11/2020

On cherche une fenêtre météo qui nous emmène en 10-11 jours à Bonne Espérance

Un temps envisagé le mercredi 18 novembre, le départ du Maxi Edmond de Rothschild est repoussé à une date ultérieure, la fenêtre météo espérée s’étant finalement refermée. Le Gitana Team reste donc en stand-by. « On cherche une fenêtre météo qui nous emmène en 10-11 jours à Bonne Espérance », explique Charles Caudrelier.

« L’objectif est d’attraper une dépression au large du Brésil qui nous emmènerait pour traverser l’océan Indien, en restant devant elle. Francis Joyon et son équipage avaient réussi à prendre cet ‘ ascenseur ’.

Il faut vraiment qu’on arrive à avoir une très belle trajectoire. Ça ne sert à rien d’avoir un bateau plus rapide si tu rallonges beaucoup la distance à parcourir. »

Charles Caudrelier insiste sur l’importance de s’élancer avec une très bonne fenêtre météo pour garder des chances de battre le record. | YANN RIOU / POLARYSE / GITANA S.A.

La décision définitive de partir se prend le Jour J

Pour se tenir prêt, mobiliser l’équipe et les gens qui suivent le défi, le Gitana Team a mis en place un système de codes : noir, rouge, orange, jaune et vert (départ dans moins de 24 heures).

« En réalité, la décision définitive se prend le Jour J », confie Charles. « Idéalement, nous aimerions partir avant la fin novembre pour arriver dans le Sud en décembre, soit en plein milieu de l’été. Les journées sont alors très longues, il y a seulement 2 ou 3 heures de nuit.

Cela permet d’être plus agressif car naviguer de jour est toujours plus facile. Il y a un autre aspect important qui pousse à prendre le départ relativement tôt : plus on part tard, plus on rentre tard et plus ça complique la saison 2021.

Ça nous ferait aussi plaisir de passer au milieu de la flotte du Vendée Globe. »

En attendant de pouvoir s’élancer, le Gitana Team programme quelques navigations, mais sans trop forcer.

Charles Caudrelier : « Nous sortons tous les 8 à 15 jours, pour quelques heures seulement. On fait marcher les systèmes, on valide deux ou trois trucs. On ne prend pas de risque car si on casse quelque chose maintenant, on peut perdre du temps et louper une bonne fenêtre météo de départ. Tout peut arriver, on l’a vu avec Sodebo qui à cause d’un incident durant l’une de ses dernières sorties a pris des semaines de retard. »

VOIR AUSSI :
VIDÉO. Trophée Jules Verne : comment fonctionne le contrôle de vol automatique du trimaran Gitana 17


VIDÉO. Trophée Jules Verne : les secrets de Yann Riou pour filmer en live la tentative de Gitana 17


VIDÉO. Trophée Jules Verne : comment barrer un trimaran volant à 40 nœuds, par Franck Cammas

Charles Caudrelier considère que ce n’est pas dans les mers du Sud qu’il y aura du temps à gagner, mais plutôt en Atlantique. | YANN RIOU / POLARYSE / GITANA S.A.

C’est dans la descente et la remontée de l’Atlantique qu’on peut gagner des jours

Fin 2016, Francis Joyon et son équipage avaient pris une fenêtre de départ moyenne.

« Marcel Van Triest dit que c’était une ‘ fenêtre à la Francis’, sourit Charles.

« Joyon est du genre très impatient de partir. Il se dit qu’il faut tenter sa chance, que la route est longue.

Il visait 45 jours, ce n’est pas la même chose que d’essayer de passer sous les 40 jours.

On ne peut pas se permettre de partir avec une fenêtre moyenne.

Francis n’a pas fait un super temps de passage au cap de Bonne-Espérance mais il avait un beau rendez-vous avec les mers du Sud.

Sa traversée de l’océan Indien a été incroyable.

Il a fait une ligne droite parfaite, ce sera très dur de faire mieux.

Son début de Pacifique a été excellent mais il a été moins en réussite dans la remontée de l’Atlantique Sud.

En résumé, c’est dans la descente et la remontée de l’Atlantique qu’on peut gagner des jours.

En tout cas, il faudra beaucoup de réussite pour que tout s’enchaîne bien. »

Au niveau du rythme, on ne peut pas faire pire que la Volvo Ocean Race !

Charles Caudrelier a déjà disputé trois tours du monde en équipage, sur la Volvo Ocean Race, dont un victorieux avec Dongfeng.

Il connaît donc bien l’exercice.

« Au niveau du rythme, on ne peut pas faire pire que la Volvo ! », assure-t-il.

« Le Trophée Jules Verne, c’est 40 jours à fond mais après c’est fini.

Sur la Volvo, tu peux faire une étape de 30 jours, te reposer à peine une semaine puis à nouveau repartir pour 25 jours.

Après, sur la Volvo, je savais dans quoi je m’engageais.

En tentant le Trophée Jules Verne avec un trimaran volant, on part dans l’inconnu, il y a un côté pionnier.

On vise une barre mythique, les 40 jours.

Parvenir à réduire par deux le défi originel, ce serait beau. »

Un Trophée Jules Verne avec un mediaman embarqué : la promesse de très belles images. | YANN RIOU POLARYSE GITANA SA

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Voiles et Voiliers

Nous allons ramener des images incroyables, jamais vues sur un Trophée Jules Verne

Par les temps qui courent, Charles Caudrelier considère que le public a besoin d’évasion, de rêve, d’aération d’esprit.

« Nous n’avons pas de scrupule à partir, au contraire. Ça va faire du bien à toutes les personnes qui nous suivent de vivre notre aventure par procuration. On va distraire le public, c’est notre métier.

Tout le monde est content qu’un match de foot puisse se tenir à huis clos. C’est mieux que rien.

Et bien c’est pareil avec la voile. »

À bord du Maxi Edmond de Rothschild, le mediaman Yann Riou aura pour mission de faire vivre le record de l’intérieur.

« Nous allons ramener des images incroyables, jamais vues sur un Trophée Jules Verne », promet Charles Caudrelier. « Pendant la Brest Atlantiques, tout le monde a compris la valeur ajoutée d’un mediaman. On est beaucoup plus naturel quand on est filmé par quelqu’un d’autre.

Quand on se filme soi-même, on se met forcément un peu en scène. Au bout d’un moment, tu oublies le mediaman, Yann Riou je ne le vois même plus. C’est donc très spontané, les émotions ressortent.

Sur le film de la Brest Atlantiques on peut par exemple voir les engueulades entre Franck (Cammas) et moi.

C’est aussi ça la vraie vie à bord d’un bateau. »