http://notresante.ca/wp-content/uploads/2018/02/pexels-photo-428388-1280x720.jpeg Notre santé - Le portail de la santé au Québec le 11-02-2018 EXCLUSIF

De leur naissance à la fin de la petite enfance, nos enfants vivent trop souvent dans des bulles de propreté. Or, cette obsession du bébé propre nuit au développement de son système immunitaire. De même que les accouchements par césarienne ou la trop fréquente ingestion d’antibiotiques.

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Les chercheurs. Brett Finlay et Marie-Claire Arrieta signent Les microbes, nos alliés, un livre à la fois informatif et pratique qui permet de mieux comprendre le fonctionnement du microbiote au quotidien. Et surtout comment le contact avec un peu de saleté rend nos enfants plus résistants aux maladies qui les menacent.

C’est aussi ce qui ressort de notre entrevue.

Mme Arrieta, nous sommes très préoccupés par la santé de nos enfants, c’est normal. Mais avons-nous atteint un point où notre souci vire à l’obsession, ce qui leur est nuisible?

Oui et non. C’est une bonne chose que nous consacrions beaucoup d’énergie et d’intérêt à la santé des enfants. C’est notre conception d’un environnement propre ou de l’utilisation de médicaments comme les antibiotiques pour le moindre petit bobo qui est nuisible.

Mais c’est parfois difficile pour les parents d’aller contre leur instinct et ce qu’ils ont toujours fait : on veut une solution un peu blindée, réduire le risque au minimum.

C’est vrai : si vos enfants sont malades, vous voulez qu’ils retrouvent la santé immédiatement, et ne pas attendre pendant des jours pour qu’ils guérissent. Mais notre propension à employer certaines méthodes qui paraissent plus efficaces peut devenir néfaste. C’est cela qu’il faut comprendre. Il faut être mieux éduqué, comme parent, pour ne pas céder à la panique et prendre les meilleures décisions à moyen et long termes.

C’est pour cela que votre livre propose plusieurs pistes à suivre dans différentes situations données?

Oui! Nous sommes des scientifiques et n’avons donc pas l’habitude d’écrire pour le public. Mais dans notre entourage, les mêmes questions revenaient sans cesse, concernant les vaccins, la propreté, certaines maladies et comment les traiter. Nous tentons d’y répondre de manière claire.

Il est beaucoup question de la nécessité d’exposer les enfants au monde qui les entoure afin de stimuler leur microbiote, qui, lui, est lié au système immunitaire. Comment cela fonctionne-t-il au juste?

Lorsque nous naissons, notre système immunitaire est très rudimentaire. C’est à la rencontre de l’environnement externe qu’il se développe, donc en entrant en contact avec différents microbes. Il s’éduque à force de s’y frotter. Ce qui a changé, c’est que pendant des millénaires, ce processus était le même. Lors de la naissance, les voies vaginales et le contact avec des matières fécales fournissaient un premier apport microbien. L’allaitement maternel, un second. Puis les enfants jouaient sur le sol, mangeaient des cailloux, de la terre. Notre mode de vie moderne les prive parfois de tout cela. Ce qui a des conséquences importantes sur leur système immunitaire pour le reste de leur vie.

La tendance à l’hyperpropreté est plutôt récente. Mais c’est devenu naturel de laver les bébés très souvent, de ne pas les laisser toucher des objets qui ont été sur le sol, et encore moins les mettre dans leur bouche… Ça ne veut pas dire de les laisser faire n’importe quoi : ils ne devraient pas être en contact avec des surfaces infectées, par exemple, ni avec des aliments où il y a de la pourriture. Mais il faut que nous soyons un peu moins obsédés par la propreté. J’ai vu des parents qui nettoyaient le plancher de la maison à l’eau de Javel tous les jours pour s’assurer que leur bébé ne serait jamais en contact avec une surface sale… C’est ce genre de comportement qui affaiblit le système immunitaire des enfants.

La science entourant le microbiote est encore très jeune. Nous en savons donc peu sur son influence sur le système immunitaire. À quoi pouvons-nous nous fier parmi toute l’information qui ressort des différentes recherches?

Aux choses dont nous sommes sûrs. Par exemple, la naissance par voie naturelle réduit le risque de maladies. L’allaitement maternel aussi. Les antibiotiques nuisent considérablement à la santé du microbiote; ça aussi on le sait, et c’est parfois la seule de ces trois choses que nous pouvons contrôler. C’est un des plus gros enjeux : ils sont consommés trop souvent et les médecins subissent une pression énorme pour les prescrire aux enfants. Là encore, être mieux éduqué sur la question, comme parent, nous permet de prendre des décisions plus éclairées.