Publié le 20/11/2018
Il est toujours difficile de prescrire un médicament à une personne âgée.
Les modifications physiologiques liées à l’âge altèrent parfois le métabolisme et l’élimination des médicaments et augmentent la sensibilité aux effets indésirables. Sans compter que les personnes âgées sont souvent polymédicamentées, ce qui augmente encore le risque d’interactions.
Les médecins généralistes sont particulièrement concernés par ce sujet. Car, si les prescriptions initiales sont souvent le fait des spécialistes, le médecin traitant est responsable de la coordination et de la « gestion » des traitements.
Une étude longitudinale a été réalisée en Irlande, avec comme objectif d’évaluer rétrospectivement la fréquence des hospitalisations en lien avec une prescription inadaptée chez les plus de 65 ans, dans la patientèle de 44 médecins généralistes. L’étude prend en compte les données de près de 40 000 patients, entre 2012 et 2015.
Les prescriptions étaient estimées inappropriées selon les critères de l’outil STOPP.
Risque d’hospitalisation accru an cas de prescriptions inadéquates…et vice versa
La prévalence des prescriptions inappropriées va de 45,3 % des patients en 2012 à 51 % en 2015. Les prescriptions inappropriées les plus fréquentes en 2015 concernent les inhibiteurs de la pompe à protons à pleine dose et pendant plus de 8 semaines, pour un ulcère peptique non compliqué ou une œsophagite érosive (26,9 %), suivie par les benzodiazépines pendant plus de 4 semaines (19,1 %). Les traitements prescrits pour des durées trop longues sont fréquents, et tout particulièrement les hypnotiques.
Après ajustement pour plusieurs variables, le risque d’hospitalisation est augmenté de 49 % pour un patient qui a reçu au moins 1 prescription inappropriée dans l’année. Mais l’analyse des ordonnances de sortie d’hospitalisation selon les critères de l’outil STOPP révèle une donnée surprenante : le risque de prescription inappropriée est aggravé par l’hospitalisation, supérieur sur l’ordonnance de sortie à ce qu’il était à l’entrée (72 %), particulièrement pour les patients polymédicamentés et pour les femmes.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES : Perez T et coll. : Prevalence of potentially inappropriate prescribing in older people in primary care and its association with hospital admission: longitudinal study. BMJ 2018;363:k4524
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