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Description générée automatiquement Publié le 22/04/2022

Le métabolisme hépatique a ses mystères que la physiologie a du mal à percer.

Il en est ainsi des connexions possibles entre les apports en glucides et la biosynthèse des lipides.

La question se pose tout particulièrement pour le fructose dont le comportement biologique diffère quelque peu de celui du glucose, à commencer par son métabolisme hépatique.

La fructokinase conduit à sa phosphorylation en fructose-1-phosphate, alors que le glucose, pour sa part, est transformé en glucose-6-phosphate sous l’effet d’une glucokinase ou hexokinase IV.

Un apport alimentaire excessif en fructose peut conduire à son accumulation hépatique et à des désordres physiologiques, tels une séquestration des phosphates inorganiques et des perturbations de la synthèse hépatique de l’ATP.

Ces derniers peuvent-ils affecter le contenu hépatique en lipides ? Les études épidémiologiques sur ce sujet ont abouti à des résultats discordants.

Une question traitée par la Maastricht Study

Il faut ajouter une nouvelle étude à ce dossier, en l’occurrence la Maastricht Study dans laquelle ont été inclus 3 981 sujets (âge moyen 60 ± 9 ans; femmes : 50 %).

Il s’agit d’une étude de cohorte prospective, mais c’est une approche transversale qui a été adoptée pour examiner la relation entre prise de fructose et contenu hépatique en lipides.

Des questionnaires de fréquence alimentaire ont évalué la consommation de fructose dans sa totalité, mais aussi de manière sélective : celle issue des fruits, des jus de fruits et des boissons sucrées.

Le contenu hépatique en lipides a été évalué par IRM (3 Tesla).

La relation entre les deux variables a été explorée par une analyse multivariée qui a pris en compte l’âge, le genre, la présence d’un diabète de type 2, le niveau d’éducation, le tabagisme, l’activité physique, les apports caloriques totaux, la consommation d’alcool, de graisses saturées, de protéines, de vitamine et de fibres alimentaires.

Aucune association significative n’a été mise en évidence entre la consommation totale de fructose et le contenu hépatique en lipides après ajustement en fonction des apports énergétiques et il en a été de même pour le fructose provenant des fruits.

Surtout en cas de diabète de type 2 !

En revanche, une association significative a été mise en évidence avec le fructose provenant des jus de fruits (p= 0,019) et des boissons sucrées (p= 0,009).

Pour ces dernières sources de fructose, la comparaison en fonction de la quantité d’apports est concluante : pour le tertile supérieur (versus inférieur), le contenu hépatique en lipides a été multiplié par 1,04 (intervalle de confiance à 95 % IC 95% 0,99 ; 1,11) en ce qui concerne les jus de fruits et multiplié par 1,09 (IC 95% 1,03 ; 1,16) en ce qui concerne les boissons sucrées.

Par ailleurs, la relation impliquant les jus de fruits était plus étroite en cas de diabète de type 2 (p interaction =0,071).

Cette étude strictement transversale montre une relation entre les apports excessifs en fructose et le contenu hépatique en lipides, tout au moins quand le fructose provient des jus de fruits et des boissons sucrées.

De là à en conclure qu’il s’agit d’une étape vers la stéatose hépatique non alcoolique, il y a tout de même plus d’un fossé …

Dr Joseph Miller

RÉFÉRENCES: Buziau AM et coll. : Fructose Intake From Fruit Juice and Sugar-Sweetened Beverages Is Associated With Higher Intrahepatic Lipid Content: The Maastricht Study. Diabetes Care 2022 ; publication avancée en ligne 14 février. https://doi.org/10.2337/dc21-2123.

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Du fructose, oui, mais pas n’importe lequel