https://www.jim.fr/e-docs/00/02/B4/A5/carac_photo_1.jpg Publié le 26/04/2019

Avant l’âge de 3 ans, l’exposition à des anesthésies générales (AG) multiples (mais non uniques), est-elle associée à des déficits de la vitesse de traitement des informations et de la motricité fine ? Pour répondre à cette interrogation, une analyse secondaire des données de l’étude Mayo Anesthesia Safety in Kids a été effectuée, au cours de laquelle des enfants non exposés à une AG, exposés à une seule AG et exposés à plusieurs AG, nés entre 1994 et 2007, ont passé des tests neuropsychologiques entre 8-12 ou 15-20 ans.

Des conséquences à long terme

Dans l’analyse factorielle, les données se sont avérées bien adaptées à un modèle à cinq facteurs. Chez les enfants exposés à de multiples AG (mais pas à une seule), un facteur reflétant les habiletés motrices, l’intégration visuelle-motrice et la vitesse de traitement des informations était significativement plus faible [différence standardisée de -0,35 (intervalle de confiance à 95 % IC 95 % -0,57 à -0,13)] comparativement aux sujets non exposés. Aucun autre facteur n’a été associé à l’exposition à de mutiples AG.

Trois groupes ont été identifiés dans l’analyse en grappes, soit 106 sujets (10,6 %) dans la grappe A (rendement le plus faible dans la plupart des tests), 557 (55,9 %) dans la grappe B et 334 (33,5 %) dans la grappe C (rendement plus élevé dans la plupart des tests). Les probabilités d’appartenir à la grappe A pour les enfants aux multiples expositions étaient de 2,83 (IC 95 % : 1,49-5,35 ; p = 0,001) comparativement à ceux appartenant au groupe B.

Des expositions multiples, mais non uniques, à des interventions nécessitant une anesthésie générale avant l’âge de 3 ans sont associées à un schéma spécifique de déficits révélés par les tests neuropsychologiques, même avec plusieurs années de recul. Toutefois, les facteurs prédictifs des déficits les plus prononcés demeurent inconnus.

Mais, comme toujours, association n’est pas causalité…

Les limites de cette étude ont fait l’objet de discussions approfondies dans des travaux antérieurs, principalement sur la possibilité que des facteurs de confusion non mesurés influent sur les résultats, tels un facteur de confusion lié aux indications chirurgicales. En effet, fondamentalement, les enfants qui ont besoin de procédures chirurgicales diffèrent de ceux qui n’en ont pas besoin. Il n’empêche !

Dr Bernard-Alex Gaüzère

RÉFÉRENCE : Zaccariello MJ, Frank RD, Lee M et coll. : Patterns of neuropsychological changes after general anaesthesia in young children: secondary analysis of the Mayo Anesthesia Safety in Kids study. Br J Anaesth., 2019; 122 : 671-681. doi: 10.1016/j.bja.2019.01.022.

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Ce que fait l’AG au QI des enfants