Actualités – publiée le 7/10/2019 par Équipe de rédaction Santélog
iScience
Ces nouvelles recherches de l’Université de Rochester Medical Center montrent que l’exposition maternelle à la pollution industrielle courante et omniprésente peut nuire au système immunitaire de la progéniture, une « nuisance » qui va se transmettre aussi aux générations suivantes : les effets sont clairs, un affaiblissement des défenses immunitaires de l’organisme contre les infections virales, comme la grippe par exemple. Ces travaux, présentés dans la revue iScience, montrent tous les dangers de cette exposition et de sa transmission, via la chaine alimentaire.
L’auteur principal, Paige Lawrence, du Service de médecine environnementale de l’Université de Rochester rappelle un vieil adage : « Tu es ce que tu manges ». Son étude en inspire un autre «Tu es ce que ta grand-mère a mangé ». Car l’étude suggère que, dans une certaine mesure, l’exposition alimentaire des ascendants entraîne bien un effet sur la santé immunitaire des descendants. Alors que d’autres études ont montré que l’exposition environnementale aux substances polluantes peut avoir des effets sur les fonctions du système reproducteur, respiratoire et nerveux sur plusieurs générations, cette recherche montre pour la première fois que le système immunitaire est également touché.
La pollution entraîne un affaiblissement immunitaire multigénérationnel
Cet affaiblissement immunitaire multigénérationnel pourrait aider à expliquer les variations observées lors d’épisodes de grippe saisonnière et pandémique. Les vaccins annuels contre la grippe offrent à certaines personnes plus de protection que d’autres, et lors d’épidémies de grippe pandémique, certaines personnes tombent gravement malades, tandis que d’autres sont en capacité de lutter contre l’infection. L’âge, les mutations du virus et d’autres facteurs peuvent expliquer certaines de ces variations, mais il existe également une diversité des réponses à l’infection. En cas de vaccination antigrippale, le système immunitaire accélère la production de types spécifiques de globules blancs. Plus la réponse est forte, plus l’armée de globules blancs est importante, ce qui renforce la capacité de l’organisme à combattre efficacement l’infection.
Une réponse immunitaire réduite constatée sur plusieurs générations de souris : lorsque les chercheurs exposent des souris gravides à un certain niveau de dioxine, un sous-produit courant de la pollution industrielle et de l’incinération des déchets, mais également présent dans certains produits de consommation, la réponse immunitaire de leur progéniture est affaiblie et c’est également le cas chez les générations suivantes, jusqu’aux « arrière-petits-enfants » : La production et le fonctionnement des cellules T cytotoxiques – des globules blancs qui défendent le corps contre des agents pathogènes étrangers, tels que des virus et des bactéries, sont affaiblis, lorsque les souris sont infectées par le virus de la grippe. Cet effet apparaît plus prononcé chez les souris femelles.
En pratique, ces produits chimiques se retrouvent dans la chaine alimentaire où ils sont finalement consommés par les humains. Les dioxines et les PCB se « bio-accumulent » au fur et à mesure qu’ils remontent dans la chaîne alimentaire et se retrouvent en plus grande concentration dans les produits alimentaires à base d’animaux.
L’hypothèse des auteurs est la suivante : l’exposition à la dioxine – qui lie une protéine dans les cellules appelée AHR – altère d’une certaine manière la transcription des codes génétiques. L’exposition elle-même ne déclenche pas de mutation génétique, mais l’expression des gènes est modifiée et ces « modifications épigénétiques » sont transmises aux générations suivantes.
Source : iScience September 14, 2019 DOI: 10.1016/j.isci.2019.09.014 The Ancestral Environment Shapes Antiviral CD8+ T cell Responses across Generations