Revue de presse Mediscoop du 23-01-2024
Par Mme Céline Lefebvre (Paris) [Déclaration de liens d’intérêts]
– Date de publication : 23 janvier 2024
Toxine botulique : après l’incontinence urinaire, l’incontinence fécale (mediscoop.net)
Selon une étude française randomisée qui vient de paraître dans The Lancet Gastroenterology & hepatology, l’injection intra-rectale de toxine botulique A peut réduire la fréquence des épisodes d’incontinence et d’urgence fécale sur une période de 3 à 6 mois, comparée un placebo.
Les solutions thérapeutiques actuelles dans l’incontinence fécale restent relativement limitées, avec des approches de 1ère ligne, comme la rééducation, les ajustements du mode de vie et les antidiarrhéiques, et de 2nde ligne, telles que la neuromodulation sacrée et la chirurgie.
Jusqu’alors, des études sur de petites séries ne permettaient pas de trancher quant à l’intérêt de la toxine botulique.
Son principe est le suivant : inhiber les contractions rectales spontanées, augmenter la capacité et la compliance rectale, réduisant ainsi la fréquence des impériosités et des fuites fécales.
Cette étude randomisée représente la première évaluation de l’efficacité et de la sécurité de ce traitement dans le contexte de l’incontinence fécale d’urgence, menée chez 200 patients de plus de 18 ans et randomisés (92% de femmes, âge moyen 61-62 ans), confrontés à l’incontinence fécale d’urgence malgré des traitements conservateurs ou chirurgicaux.
Ils ont été répartis entre une administration intra-rectale de toxine botulique A (200U) et un placebo, impliquant trois injections semi-circonférentielles dans la paroi du rectum au cours d’une rectosigmoïdoscopie souple.
Le score standardisé de sévérité de l’incontinence fécale (CSS, Cleveland Clinic Severity), le score de qualité de vie liée à l’incontinence fécale (FIQL) ainsi que des mesures manométriques ano-rectales et barostatiques rectales ont été utilisés pour évaluer le mécanisme d’action de la toxine sur la fonction ano-rectale.
La réduction du critère composite était de -0,51 [-0,80 à -0,21], p = 0,0008 à 3 mois, puis de -0,38 [-0,71 à -0,04], p = 0,03 à 6 mois.
À 3 mois, 72% des patients traités par toxine ont observé une diminution d’au moins 50% des épisodes d’incontinence et d’urgence, comparé à 46% dans le groupe placebo.
À 6 mois, ces chiffres étaient respectivement de 76% et 43%.
Par ailleurs, une amélioration de la qualité de vie a été constatée, avec des injections généralement bien tolérées, et des effets secondaires similaires dans les deux groupes.
Référence : A-M Leroi, M Queralto, F Zerbib et al. – Intrarectal injections of botulinum toxin versus placebo for the treatment of urge faecal incontinence in adults (FI-Toxin): a double-blind, multicentre, randomised, controlled phase 3 study. – Lancet Gastroenterol Hepatol. 2024 ; 9(2):147-158.