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Tout sur l'hydrocèle testiculaire, chez l'adulte, l'enfant ou le bébé Une image contenant texte, clipart

Description générée automatiquement © istock le 18-06-2021

Caractérisé par un excès de liquide au niveau des bourses, l’hydrocèle testiculaire peut apparaître chez l’enfant comme chez l’adulte.

Quels sont les causes et symptômes de l’hydrocèle ?

Faut-il systématiquement opérer ?

Quelles sont les suites opératoires ?

On fait le point sur l’hydrocèle testiculaire. 

Sommaire

Avec le Dr Ludovic Ferretti, urologue

Qu’est-ce que l’hydrocèle testiculaire ?

On appelle hydrocèle testiculaire l’accumulation de liquide autour du testicule, dans le scrotum. 

Notons qu’il s’agit ici d’une définition très générale.

En réalité, on distingue plutôt deux types d’hydrocèles bien différentes : l’hydrocèle du bébé ou de l’enfant, qui est physiologique et liée à une petite anomalie congénitale ; et l’hydrocèle de l’adulte, dont la cause est tout autre.

Le principal symptôme d’une hydrocèle est le gonflement, parfois gênant, d’une des deux bourses.

Elle n’est généralement pas douloureuse (hors torsion testiculaire associée).

L’hydrocèle testiculaire peut apparaître puis disparaître, notamment si elle est due à une infection.

Quelles sont les causes de l’hydrocèle du testicule ?

L’hydrocèle testiculaire chez bébé, visible dès la naissance

Chez le bébé ou le très jeune enfant, l’hydrocèle est due à la persistance du canal péritonéo-vaginal.

Entre le troisième mois de grossesse et le terme de la grossesse, les testicules du fœtus migrent de la région lombaire vers le futur scrotum.

Lors de ce processus, un petit bout du péritoine, membrane (ou “sac”) dans laquelle se trouvent les organes digestifs, va descendre vers le scrotum en accompagnant la descente du testicule, formant ainsi le canal péritonéo-vaginal.

Ce canal se ferme naturellement dans les premiers mois de vie du bébé. 

Mais lorsqu’il persiste, du liquide peut passer du péritoine vers le scrotum, et former une hydrocèle.

En temps normal, le canal dégénère naturellement, et un tout petit sac persiste : la tunique vaginale, vestige de la cavité péritonéale, qui contient le testicule.

En cas de persistance de ce canal, un peu de liquide du péritoine peut donc migrer jusque dans les bourses, et occasionner une hydrocèle.

La quantité de liquide peut varier au cours d’une même journée, ou n’évoluer que très peu si l’ouverture du canal est très petite.

Il n’est pas rare, ainsi, qu’un adulte de 20 ans présente ce qu’on appelle une hydrocèle de l’enfant, liée à la persistance du canal péritonéo-vaginal.

Car cela dépend du degré d’ouverture du canal et des activités pratiquées.

Notons que d’autres pathologies liées à la persistance de ce canal péritonéo-vaginal peuvent être plus graves qu’une hydrocèle, comme la hernie inguino-scrotale (lorsqu’un bout d’intestin s’est inséré dans le canal) avec un risque d’étranglement herniaire, ou de façon beaucoup plus bénigne, le kyste du cordon (présence d’une poche de liquide entre le péritoine et le scrotum).

Chez l’adulte, elle apparaît plus fréquemment suite à une infection, une inflammation ou un traumatisme

Chez l’adulte, le canal péritonéo-vaginal est fermé, il n’y a pas de communication entre le péritoine et les bourses.

La survenue d’une hydrocèle est alors liée à une infection ou à un traumatisme : choc au niveau des bourses, torsion testiculaire, infection avec inflammation…

Là, le liquide est sécrété par la tunique vaginale qui protège le testicule.

Il existe à la fois un phénomène de sécrétion et de résorption de ce liquide.

Mais un jour, pour une raison liée à un phénomène inflammatoire, les capacités de résorption de ce fluide séreux sont inférieures aux capacités de production du liquide”, nous détaille le Dr Ludovic Ferretti, urologue près de Bordeaux.

D’où la formation d’une hydrocèle, d’un excès de liquide au niveau du testicule.

Comment la différencier d’un cancer, d’une hernie ou d’une varicocèle testiculaire ?

Une hydrocèle testiculaire se différencie des autres pathologies du testicule grâce à l’examen clinique, qui peut être complété par une échographie.

Le diagnostic clinique de l’hydrocèle se fait par transillumination : cela consiste à poser une lampe-torche au niveau du scrotum, sur la peau de la bourse, et d’observer ce qu’il advient.

En cas d’hydrocèle, la bourse gonflée va “s’illuminer”, car le liquide en excès laisse passer la lumière.

Ce qui ne sera pas forcément le cas en présence d’une autre pathologie.

Dans le cas d’un cancer, l’urologue sentira comme une “pierre”, une masse solide, lors de la palpation du testicule.

L’échographie peut également révéler la présence d’un nodule dans le testicule, là où l’on n’aurait vu que du liquide dans le cas d’une hydrocèle.

La varicocèle désigne la dilatation des veines au niveau du cordon spermatique, cordon qui comprend notamment les vaisseaux sanguins alimentant le testicule ainsi que le canal déférent emprunté par les spermatozoïdes lors d’une éjaculation.

La varicocèle se diagnostique à la fois par un examen clinique et par une échographie dite “scrotale”, qui permet de visualiser la dilatation veineuse.

La hernie inguinale du nouveau-né correspond au passage de viscères abdominales (intestin grêle le plus souvent) dans le canal péritonéo-vaginal qui a persisté, et est visible au niveau de l’aine (du canal inguinal plus précisément).

Elle se diagnostique à l’aide du même examen clinique que l’hydrocèle : à la lampe, l’urologue n’observera pas de lumière, là où une hydrocèle laissera passer la lumière.

Notons que, là aussi, l’échographie peut permettre de confirmer le diagnostic.

En outre, l’hydrocèle n’occasionne pas de symptômes d’ordre digestif, alors que la hernie inguinale peut entraîner une occlusion digestive avec nausées, vomissements, arrêt du transit.

Il existe dans ce cas un risque vital avec possibilité d’une péritonite aiguë.

Hydrocèle : quel traitement pour la soigner ?

Chez l’enfant, le traitement de l’hydrocèle congénitale est chirurgical, et consiste à fermer le canal péritonéo-vaginal qui a persisté. Car il s’agit d’éviter les autres complications, plus graves, liées à la persistance de ce canal, telles que lahernie inguino-scrotale.

La chirurgie a généralement lieu après 12-18 mois, car le canal péritonéo-vaginal persiste parfois plusieurs mois après la naissance, sans que ce ne soit pathologique. Il faut donc laisser un peu de temps pour s’assurer que la chirurgie est nécessaire sinon inévitable.

Chez l’adulte, l’hydrocèle réactionnelle occasionne généralement une gêne du fait du volume important de la bourse concernée, ainsi qu’un préjudice esthétique.

Si elle persiste plusieurs mois, voire années, après le traitement de la cause (infection, traumatisme…), il faut également avoir recours à la chirurgie, car il n’existe pas de traitement médical.

La ponction de l’excédent de liquide ne résout rien si la cause de l’hydrocèle n’a pas été traitée en amont, car l’hydrocèle revient alors peu de temps après (notion d’équilibre entre production et résorption du liquide).

Comment opérer et retirer une hydrocèle ?

Chez l’enfant, la chirurgie d’une hydrocèle consiste à fermer le canal péritonéo-vaginal par une incision inguinale, au niveau de l’aine.

Cette opération peut s’effectuer en ambulatoire ou nécessiter une hospitalisation d’un à plusieurs jours.

Une anesthésie générale est le plus souvent requise, bien que certains urologues optent pour une anesthésie loco-régionale.

Comme pour toute opération, une consultation pré-anesthésique a lieu avec un médecin anesthésiste avant l’acte chirurgical.

Chez l’adulte, l’intervention consiste en une incision scrotale, autrement dit au niveau des bourses.

Il s’agit alors de retirer la tunique vaginale (souvent plus simplement appelée “vaginale” par les urologues), cette poche de liquide contenue dans les bourses et au contact des testicules.

Il y a un peu plus d’hématomes dans ce type de chirurgie (par rapport à la chirurgie de l’hydrocèle de l’enfant, ndlr) car la nature a horreur du vide”, précise le Dr Ludovic Ferretti, qui ajoute qu’il s’agit de la complication post-opératoire la plus fréquente dans ce type de chirurgie, et qui résulte de saignements pendant ou après l’intervention. En revanche, l’infection au site opératoire demeure relativement rare et bénigne.

Notons qu’un drain temporaire est parfois posé pour évacuer les liquides, mais que cette technique est peu utilisée dans le cas de l’hydrocèle de l’enfant.

Quelques informations à connaître concernant les suites opératoires : chez l’adulte, convalescence et arrêt de travail dépendent du métier que l’on exerce ; les bains sont déconseillés jusqu’à complète cicatrisation, et les soins locaux peuvent être prolongés en cas de retard de cicatrisation.

Des antidouleurs classiques sont prescrits contre la douleur post-opératoire.

Hydrocèle : quelles conséquences sur la fertilité ?

Si elle est bien menée, l’opération chirurgicale visant à éliminer une hydrocèle n’aura aucune conséquence sur la fertilité.

Une hydrocèle en elle-même n’engendre pas de baisse de fertilité.

Il existe un faible risque si on abîme le canal déférent ou l’épididyme où transitent les spermatozoïdes”, mais ce risque est maîtrisé et bien connu des urologues.

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Auteur :   Hélène Bour Hélène Bour, Journaliste scientifique

Avec le Dr Ludovic Ferretti, urologue au sein de la Maison de santé protestante de Bordeaux Bagatelle à Talence (33)

Article publié le le 17 juin 2021