Dans un livre, le Pr Pujol explique les bénéfices thérapeutiques et regrette l’absence du diagnostic préconceptionnel dans les nouvelles lois de bioéthique.
La médecine génomique est une médecine comme une autre. Il ne faut ni l’idéaliser ni la diaboliser. C’est le message que veut faire passer le Pr Pascal Pujol dans un livre qui sortira mercredi 28 août*. Ce généticien cancérologue à Montpellier est l’actuel président de la Société française de médecine prédictive et personnalisée.
Il regrette les amalgames faits entre les usages médicaux de l’analyse de notre génome et les autres (recherche d’ancêtres, de coupables, voire eugénisme). Interview d’un spécialiste remonté, avant la révision – incomplète à son goût – des lois de la bioéthique.
Le Point : Commençons par la cancérologie, votre spécialité. La révolution est spectaculaire et le gène BRCA y joue un rôle majeur. Pourquoi ?
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Tout ce que vous devez savoir sur la révolution génétique en cours
Dans un livre, le Pr Pujol explique les bénéfices thérapeutiques et regrette l’absence du diagnostic préconceptionnel dans les nouvelles lois de bioéthique.
Par Anne Jeanblanc Publié le 27/08/2019 | Le Point.fr
« On attend tous le plan France Médecine génomique 2025, qui a été remis en juin 2016 à Manuel Valls par Yves Lévy, alors président de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) et à la tête de l’Inserm. »
© PATRICK GELY/SIPA / SIPA
La médecine génomique est une médecine comme une autre. Il ne faut ni l’idéaliser ni la diaboliser. C’est le message que veut faire passer le Pr Pascal Pujol dans un livre qui sortira mercredi 28 août*. Ce généticien cancérologue à Montpellier est l’actuel président de la Société française de médecine prédictive et personnalisée. Il regrette les amalgames faits entre les usages médicaux de l’analyse de notre génome et les autres (recherche d’ancêtres, de coupables, voire eugénisme). Interview d’un spécialiste remonté, avant la révision – incomplète à son goût – des lois de la bioéthique.
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Le Point : Commençons par la cancérologie, votre spécialité. La révolution est spectaculaire et le gène BRCA y joue un rôle majeur. Pourquoi ?
Pr Pascal Pujol : Ce gène BRCA est à la fois indispensable à la réparation des erreurs qui se produisent en permanence lors des divisions cellulaires et impliqué dans un grand nombre de cancers. Dans les années 1980, des médecins l’ont trouvé dans des formes familiales de cancer du sein, d’où son nom (BReast CAncer). Aujourd’hui, il permet d’effectuer des dépistages dans des familles à risque particulier de tumeurs malignes. Mais en plus de la prévention, son analyse donne des informations précieuses pour traiter les cancers du sein, de l’ovaire et maintenant du pancréas et de la prostate. Dans d’autres cancers, comme ceux du poumon, le mélanome et la leucémie, l’étude d’autres gènes est devenue indispensable pour guider les traitements dits ciblés. Car l’industrie est capable de créer des médicaments en fonction de la mutation qui a conduit la cellule normale à devenir un cancer. C’est pourquoi on obtient désormais des taux de guérison excellents, historiques dans l’histoire de la médecine. On met en rémission complète pendant de longues années des patients ayant eu des cancers métastatiques du poumon, de l’ovaire et même de redoutables mélanomes.
Pourtant, vous ne semblez pas totalement satisfait. Pourquoi ?
Des données génétiques sont aujourd’hui produites à très grande échelle. La France, qui était en avance sur l’innovation médicale, n’a pas pris le train et la mesure de ce que la génétique médicale peut apporter aux patients. On attend tous Le plan France Médecine génomique 2025, qui a été remis en juin 2016 à Manuel Valls par Yves Lévy, alors président de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) et à la tête de l’Inserm. Il n’est toujours pas opérationnel. Pendant ce temps, les Anglais viennent de finir l’étude de 100 000 génomes complets de personnes en bonne santé et ils partent pour 5 millions supplémentaires. Les Américains aussi avancent très vite.
Vous dénoncez aussi les limites françaises en matière de dépistage préconceptionnel. De quoi s’agit-il ?
Les généticiens s’accordent aujourd’hui à dire qu’il y a un intérêt médical à proposer aux futurs parents la recherche d’un certain nombre de gènes responsables de maladies graves qui sont parfaitement identifiés. C’est le cas de la mucoviscidose et de l’amyotrophie spinale. Si les deux parents sont porteurs de la mutation, ils n’en savent rien jusqu’à la naissance d’un premier enfant malade. Certains pays comme Israël permettent aux familles d’effectuer un test s’ils le désirent, avant la première grossesse. En France, il faut attendre d’avoir eu un bébé touché.
Ce n’est pas très logique. Le Comité national d’éthique était très favorable à ce dépistage, mais celui-ci a disparu du projet de loi de révision des lois de la bioéthique. Résultat, on ne parle plus que de la PMA pour toutes – qui n’est pas un problème médical – alors que l’amyotrophie spinale concerne 800 000 couples par an en France. Trois cents enfants atteints naissent chaque année et un sur deux meurt avant l’âge de 2 ans. Le vrai sujet est là.
· Voulez-vous savoir ? Ce que nos gènes disent de notre santé, humenSciences, 192 pages, 20 euros.
· Le Pr Pujol sera présent à Futurapolis santé, à Montpellier, le samedi 18 octobre.