Publié le 11/03/2019
La maladie d’Alzheimer est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Certes, la différence peut être due à l’espérance de vie plus longue des femmes, mais il peut exister aussi des disparités spécifiques selon le sexe. Des données existent concernant le lien entre l’utilisation de traitements hormonaux substitutifs (THS) et le risque de maladie d’Alzheimer. Plusieurs études observationnelles ont montré un effet protecteur du THS, mais celui-ci n’est pas confirmé par la grande étude contre placebo de la WHIMS (Women Health Initiative Memory Study) qui montre au contraire une augmentation du risque de maladie d’Alzheimer chez les utilisatrices de THS. Ces résultats contradictoires pourraient toutefois être dus à une question de « timing » : dans l’étude WHIMS, le THS était souvent prescrit après 65 ans, ce qui n’est pas le plus couramment observé en pratique.
Pour en savoir un peu plus, une équipe finlandaise a réalisé une nouvelle étude incluant 84 739 femmes ménopausées chez qui a été diagnostiquée une maladie d’Alzheimer, entre 1999 et 2013. Elles avaient toutes plus de 60 ans au moment du diagnostic et plus de la moitié avait plus de 80 ans. Cette cohorte a été comparée à autant de femmes indemnes de la maladie.
Faible augmentation du risque dans une étude cas-témoins
Il apparaît dans cette étude que la prise d’un THS est associée à une augmentation moyenne du risque de maladie d’Alzheimer de 9 % (pour l’œstrogénothérapie seule) à 17 % (pour l’hormonothérapie combinée). Dans le cas d’un traitement combiné, le risque n’est pas différent selon la forme de progestérone prescrite (acétate de noréthistérone, acétate de médroxyprogestérone ou autre), mais est en revanche supérieur pour les durées de THS excédant 10 ans (augmentation du risque de 20 %). L’augmentation du risque ne semble concerner que les traitements pris par voie systémique, et non pas les traitements délivrés exclusivement par voie vaginale.
Dans cette étude, l’âge au moment de l’initiation du THS n’est pas un élément déterminant du risque de maladie d’Alzheimer. Pour les femmes de moins de 60 ans au début du THS, l’augmentation du risque est en lien avec une durée d’exposition aux hormones supérieure à 10 ans. Il est augmenté de 10 % pour une exposition entre 5 et 10 ans et de 20 % pour une exposition de plus de 10 ans.
Notons que dans l’absolu, 9 à 18 diagnostics supplémentaires de maladie d’Alzheimer seront portés chaque année,associés à la prise d’un THS, pour 10 000 femmes âgées de 70-80 ans (pour une incidence de la maladie de 105 pour 10 000 dans cette classe d’âge), particulièrement chez celles qui auront été sous traitement pendant plus de 10 ans. Cette augmentation somme toute assez faible du risque ne doit pas conduire à l’occulter, et devrait être signalée aux patientes traitées depuis longtemps.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCE : Savolainen-Peltonen H et coll. : Use of postmenopausal hormone therapy and risk of Alzheimer’s disease in Finland: nationwide case-control study. BMJ 2019; 364: l665
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