https://www.jim.fr/e-docs/00/02/AD/1A/carac_photo_1.jpg Publié le 26/12/2018

Washington, le mercredi 26 décembre 2018 – Les tests ADN de généalogie génétique sont l’objet d’un véritable engouement aux États-Unis* et les ventes ont doublé ce Noël par rapport à l’an passé.

Ainsi, grâce à ce succès grandissant, la quasi-intégralité de la population américaine aurait désormais au minimum un cousin au troisième degré dont l’ADN serait fiché sur un de ces sites.

Le secteur « connaît en effet une croissance exponentielle depuis 2017 », explique, à l’Agence France Presse, Heather Zierhut, professeur assistant en génétique à l’université du Minnesota. Pour les fêtes de fin d’année, la petite dizaine d’entreprises actuellement sur le marché redoublent d’offres promotionnelles et d’efforts marketing, à grand renfort de belles histoires de retrouvailles, comme celle d’une femme de 69 ans qui, grâce à un test reçu pour Noël, a retrouvé sa mère biologique et connu un Happy end à l’américaine.

« Pas toujours le meilleur cadeau »

Ces résultats peuvent aussi être très inattendus, voire troublants, en particulier le jour de Noël où il n’est pas toujours aisé d’apprendre en plein repas de famille que l’on est le fils du facteur ou que l’on est prédisposé à développer un cancer du sein (une option « santé » est en effet disponible).

Les débats éthiques s’intensifient aussi notamment sur la question de la protection de ces données sensibles, le respect du secret médical auquel ne se soumettent pas ces entreprises ou encore la remise en cause de l’anonymat du don de gamètes.

« Les tests ADN ne sont pas toujours le meilleur cadeau », remarque Maarten Larmuseau, chercheur en généalogie génétique en Belgique. « Les résultats peuvent être décevants et varier d’un test à l’autre. Et les participants sont rarement conscients du fait que des résultats inattendus ou sensibles (…) Je reçois souvent des e-mails ou des appels de personnes ayant découvert que leur père n’est pas leur père biologique, ou qu’ils ont un demi-frère », témoigne-t-il. Elles reçoivent « ces résultats bouleversants et souvent traumatisants sans aucune aide psychologique », regrette le chercheur, qui dénonce aussi la possibilité de tester des mineurs.

Un descendant d’esclaves venu d’Angleterre

Mais la plupart du temps ces tests n’ont heureusement pour conséquence que quelques découvertes inoffensives sur ses origines.

Ainsi, Flora Bertrand, une américaine de 40 ans, raconte qu’elle a offert à son mari l’un de ces kits pour une petite centaine de dollars. Il consiste en un coffret contenant un tube en plastique permettant le recueil d’un échantillon de salive. Environ un mois plus tard, les résultats sont disponibles en ligne, sur un espace personnel où est présentée une carte du monde indiquant les régions d’où proviennent vos ancêtres.

Le mari de Flora, originaire de Trinité-et-Tobago ne pouvait « faire remonter ses origines que sur quelques générations », à cause d’ascendants victimes du commerce d’esclaves. « Le plus gros choc », dit cette habitante de New York, a été de découvrir un fort pourcentage de racines européennes : 18 % britanniques et 1 % irlandaises.

Peut-être est-il raisonnable d’en rester à la boîte de chocolats et autres présents traditionnels de Noel !

*et même en France où ils sont en principe interdits mais facilement disponibles

F.H.

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