Charlène Catalifaud | 17.09.2018Crédit Photo : PHANIEZoom
Quel traitement privilégier, à court terme, pour l’enfant et l’adolescent atteint de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ? Lequel choisir pour l’adulte ? Une méta-analyse publiée dans « Lancet psychiatry » a passé au crible l’efficacité de différents traitements chez 10 068 enfants/adolescents et 8 131 adultes. Alors que les bénéfices des médicaments contre le TDAH sont parfois remis en cause, elle conclut à une meilleure efficacité du méthylphénidate (Ritaline notamment) chez l’enfant et des amphétamines chez l’adulte.
« À notre connaissance, notre méta-analyse représente la synthèse comparative la plus complète à ce jour sur l’efficacité et la tolérance des médicaments chez les enfants, les adolescents et les adultes atteints de TDAH », avancent les auteurs. L’analyse de la tolérance a inclus 11 018 enfants/adolescents et 5 362 adultes.
Le TDAH de l’adulte, peu reconnu
Les TDAH sont des troubles du développement qui touchent environ 5 % des enfants et 2,5 % des adultes à travers le monde. Le TDAH de l’adulte est insuffisamment pris en compte en France. « Pourtant, ce trouble est chronique, il ne disparaît pas à l’âge adulte, même si les symptômes peuvent évoluer. Mais il n’existe toujours pas de consensus et les médicaments ne sont pas remboursés chez l’adulte en France », commente pour le « Quotidien » le Dr Éric Konofal (hôpital Robert Debré, Paris), spécialiste du TDAH et membre du groupe Eunethydis à l’origine de l’étude.
Cette étude a comparé (entre eux et à un placebo) amphétamines, atomoxétine, bupropion, clonidine, guanfacine, méthylphénidate et modafinil. En termes d’efficacité, tous les médicaments, sauf le modafinil chez l’adulte, étaient supérieurs au placebo pour le traitement à court terme du TDAH, avec toutefois une efficacité et une tolérance moindres chez les adultes.
En prenant en compte à la fois l’efficacité et la tolérance, le méthylphénidate apparaît comme le traitement de choix à court terme chez les enfants et les adolescents, alors que chez les adultes, les amphétamines sont à privilégier.
« Cette méta-analyse – non subventionnée – qui regroupe des études solides montre qu’en Europe, nous avons un médicament stimulant efficace chez les enfants TDAH, le méthylphénidate », résume le Dr Konofal. Il déplore par ailleurs que les amphétamines ne soient pas autorisées en France pour les TDAH. « Pourtant, utilisés à bon escient, ces traitements n’entraînent pas de dépendance ».
Pour le Dr Konofal, ces résultats permettent de dédramatiser le recours à des médicaments qui ont « mauvaise presse ». Si l’étude montre des résultats à court terme, il estime que « nous connaissons aujourd’hui les effets à long terme. Nous voyons que les patients s’en sortent bien et sont satisfaits ». « De nouvelles recherches devraient être financées en urgence pour évaluer les effets à long terme de ces médicaments », soulignent néanmoins les auteurs.
*Le Dr Éric Konofal est l’auteur de « Histoire Illustrée de l’Hyperactivité – Le TDAH et ses traitements au fil du temps » aux éditions Impulsion naturelle
Source : Lequotidiendumedecin.fr