Publié le 09/09/2019
Pour lutter contre l’obésité, un certain nombre de pays ont mis en place ce qu’il est convenu d’appeler une « taxe soda ». En France, instaurée en 2012, cette taxe a été revue en 2018 pour devenir « progressive » : plus une boisson est sucrée, plus elle est taxée. Pour certains, cette focalisation sur les boissons sucrées, ne prend en compte qu’une partie du problème. La surconsommation de sucreries, autres que les boissons, est elle aussi loin de jouer un rôle mineur dans l’augmentation de la prévalence de l’obésité et du surpoids. Certains pays, comme le Mexique, la Finlande, la Hongrie ont introduit des taxes sur les aliments nuisibles à la santé, parmi lesquels les « snacks » à forte teneur en sucres. Les premières évaluations montrent une réduction des ventes de ces produits.
L’incitation sans contrainte est peu efficace
Au Royaume-Uni, l’option choisie était d’inciter les industriels à réduire volontairement la concentration de sucres dans 10 catégories d’aliments (confiseries, yaourts, céréales du petit-déjeuner, etc.). L’objectif était d’obtenir une réduction de 20 % du sucre inclus dans ces aliments, d’ici 2020. Après la première année, une réduction de 2 % était constatée, contre les 5 % attendus, avec notamment une infime réduction des sucres contenus dans les confiseries.
Face à ces résultats décevants, l’idée d’une taxation semble désormais faire son chemin, puisque le British Medical Journal publie une étude réalisée dans le but d’estimer l’impact d’une augmentation de 20 % du prix des « en-cas » très sucrés (biscuits, confiseries et gâteaux) sur l’indice de masse corporelle et la prévalence de l’obésité. Les revenus du foyer des participants ont été distingués en revenus faibles, moyens ou élevés.
Une taxe de 20 % a un impact dans toutes les catégories de revenus
L’augmentation de 20 % sur les prix des confiseries et des biscuits réduit la consommation énergétique dans toutes les catégories de revenus. Tous produits confondus, la baisse la plus substantielle est constatée dans les foyers à revenus moyens et la plus faible dans les foyers à bas revenus. Ces derniers réduisent toutefois leurs achats de confiseries plus que les autres catégories de foyers, alors que la baisse la moins importante sur les biscuits concerne les foyers à revenus élevés. Pour toutes les catégories combinées, la modification moyenne en terme de consommation énergétique est de – 8,9 x 103 kcal. Les changements semblent plus profonds dans les familles sans enfants.
L’analyse selon l’indice de masse corporelle (IMC) montre que l’augmentation des prix peut réduire les achats de produits concernés dans toutes les catégories d’IMC. Il en découlerait une diminution de la prévalence de l’obésité, de 2,7 % dès la fin de la première année suivant la modification des prix.
On pourrait espérer une diminution du poids de 2 kg en un an
Les résultats de cette étude suggèrent aussi que la taxe de 20 % pourrait contribuer à réduire les inégalités en termes de problèmes de santé en lien avec l’alimentation. La diminution la plus importante se situe en effet dans les foyers composés de personnes dont l’IMC est ≥ 30 et à faibles revenus. Les auteurs estiment que, pour les personnes obèses et à faibles revenus et pour les personnes en surpoids à revenus moyens, la variation de poids liée à l’augmentation des prix serait approximativement de 2 kg après 12 mois. L’impact serait inférieur pour les personnes à revenus moyens et élevés et classés comme obèses.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCE : Scheelbeek PFD et coll. : Potential impact on prevalence of obesity in the UK of a 20 % price increase in high sugar snacks: modelling study. BMJ 2019;366:l4786
Copyright © http://www.jim.fr