tatouage

Le Quotidien du Médecin Crédit Photo : PHANIEZoom Fabienne Rigal | 29.09.2017

Face à l’augmentation de la pratique des tatouages, dont certains peuvent être très étendus (avec donc une importante quantité d’encre injectée), et pour lesquels la composition des encres n’est pas précisée, l’Académie de médecine s’inquiète du manque de contrôle des pouvoirs publics.

Elle note que « les séquelles traumatiques et retards de cicatrisation sont fréquents », ainsi que les infections bactériennes, et le réveil de germes opportunistes ou commensaux de la peau, mais aussi d’autres complications locales (prurit, œdème, déclenchés en particulier par des expositions solaires).

Effets des encres injectées, à court et long terme

L’Académie souligne à quel point « le rôle des encres est essentiel », la molécule toxique pouvant être « l’encre injectée elle-même ou un métabolite formé par sa dégradation » et que les tatouages peuvent donc conduire à une « sensibilisation », même « des années après la réalisation du tatouage ». En effet, « les colorants organiques se sont multipliés dans les encres de tatouages », et « aucune donnée n’est disponible sur leur toxicité après injection intradermique ». De plus, « les encres contiennent de nombreux autres types de colorants et conservateurs, dont certains sont interdits en usage cosmétique ».

Du coup, « face à l’engouement actuel pour les tatouages, l’Académie de médecine veut renouveler et compléter les mises en garde et recommandations publiées en 2008 en proposant de par exemple la création d’un carnet des « interventions », où chaque acte devra être noté ainsi que les constituants utilisés (encre, pigment, métaux…) et mettre en place une veille épidémiologique de tous les événements indésirables.

L’Académie demande que soit renouvelée l’information de la population sur les risques liés à la pratique du tatouage et « sur le caractère quasi irréversible de l’acte ».

Les académiciens souhaitent également la réglementation de l’usage des encres en France et au plan européen avec une publication de la liste de substances dont l’utilisation en injection intradermique est sans dangerIls appellent les pouvoirs publics à renforcer le suivi des réglementations en vigueur. « Un contrôle régulier de cette activité s’impose », soulignent-ils.

En juin dernier, l’Académie de pharmacie avait organisé une séance thématique sur les modifications corporelles (tatouages mais aussi piercings, pose de faux ongles…) et les risques sanitaires qu’elles peuvent entraîner. Les spécialistes alertaient sur des risques pour la santé parfois sous-estimés et demandaient aussi une meilleure information du public.

Source : Lequotidiendumedecin.fr