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Description générée automatiquement Publié le 08/03/2022

En plus d’un risque plus élevé d’AVC ischémique aigu, la consommation de cigarettes (même faible) influence le pronostic initial ainsi que le risque de récidive de ces accidents.

Dans la prise en charge aiguë de l’AVC ischémique, l’altéplase intraveineuse procure un bénéfice net, et ce pour un large profil de patients, mais l’interaction du traitement avec le tabagisme reste controversée.

Certaines études ont pu suggérer de meilleurs résultats de l’altéplase chez les patients avec AVC ischémique thrombolysés fumeurs, en alléguant une possible modification de la fonction plaquettaire qui améliorerait la dynamique du thrombus et de fait la reperfusion.

Cependant une analyse post-hoc récente sur près de 500 patients a montré que le tabagisme ne modifie pas l’effet de la thrombolyse intraveineuse.

Pour aller plus loin, un article a utilisé les données de l’étude internationale ENCHANTED (Enhanced Control of Hypertension and Thrombolysis Stroke Study) afin de préciser l’impact du tabagisme sur le pronostic après thrombolyse des patients atteints d’AVC ischémique.

Moins bonne récupération après ajustement…

Parmi la cohorte de 4 540 patients victimes d’un AVC ischémique traité par thrombolyse, il y avait 1 008 (22,2 %) fumeurs « en cours » au moment l’étude.

Or ce sous-groupe présentait certaines caractéristiques divergentes par rapport au sous-groupe des non-fumeurs, à savoir : plus jeunes et à prédominance masculine, avec plus de comorbidités (hypertension / maladie coronarienne / fibrillation auriculaire / diabète), et une atteinte neurologique initiale plus importante que les non-fumeurs.

En analyse univariée, les fumeurs avaient une probabilité plus élevée d’une amélioration des scores sur l’échelle de Rankin modifiée sur 90 jours (Odds ratio OR 0,88, intervalle de confiance à 95 % IC à 95 % 0,77 à 0,99 ; p = 0,038) mais cette association s’est inversée dans un modèle ajusté avec des scores de propension pondérés (OR ajusté 1,15, IC 95 % 1,04 à 1,28 ; p = 0,009).

Cette étude a donc permis de montrer que le tabagisme est prédictif d’une plus mauvaise récupération fonctionnelle chez les patients avec AVC ischémique aigu thrombolysé.

Ainsi, le soi-disant « paradoxe tabagisme-thrombolyse », faisant valoir une augmentation potentielle de l’efficacité de la thrombolyse chez les fumeurs peut avoir été favorisé par des erreurs systématiques ou des confusions résiduelles, notamment liées à la sévérité de l’état neurologique.

Plusieurs mécanismes potentiels pourraient expliquer le pronostic altéré chez les patients thrombolysés fumeurs. Le tabagisme pourrait compromettre la récupération en « bridant » la fonction cardiopulmonaire, ou bien inhiber les processus de restauration du cerveau par des effets indésirables sur l’endothélium vasculaire.

Anne-Céline Rigaud

RÉFÉRENCE: Sun L, Song L, Yang J, et coll. : Smoking influences outcome in patients who had thrombolysed ischaemic stroke: the ENCHANTED study. Stroke and Vascular Neurology 2021;6:e000493. doi: 10.1136/svn-2020-000493

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Quel est l’impact du tabagisme sur le pronostic de l’AVC traité par thrombolyse ?