Revue de presse Mediscoop du 08-09-2022
Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]
– Date de publication : 8 septembre 2022
Syndrome de Down : sur la piste de l’hormone GnRH (mediscoop.net)
Un traitement par GnRH semble réduire les déficits cognitifs observés dans le syndrome de Down. Des travaux chez la souris et un essai pilote chez l’homme montrent que rétablir l’équilibre du système GnRH apporte un bénéfice clinique qui reste à confirmer dans le cadre d’essais cliniques. Ces travaux sont parus dans Science.
Les patients atteints du syndrome de Down présentent, entre autres symptômes liés à la trisomie 21, des troubles neurologiques et notamment un déclin cognitif dû à une maladie de type Alzheimer d’apparition précoce ainsi que des anomalies de la myélinisation à l’âge adulte.
Ils présentent également des troubles de l’olfaction débutant avant la puberté et un hypofertilité. Or, dans le syndrome de Kallmann, les défauts olfactifs, l’immaturité gonadique et l’infertilité sont liés à un défaut de sécrétion de GnRH conduit à La GnRH.Cette hormone qui contrôle la reproduction chez tous les mammifères est sécrétée par des neurones hypothalamiques qui se projettent également vers des zones extrahypothalamiques, dont celles impliquées dans les fonctions intellectuelles. Des chercheurs se sont donc demandés si les déficits progressifs dans le syndrome de Down étaient corrélés au fonctionnement du système GnRH.
Ils ont étudié cela chez un modèle de souris qui affiche une hypofertilité et des troubles cognitifs et olfactifs progressifs similaires à ceux des patients atteints du syndrome de Down. Ces symptômes étaient étroitement associés à une perte de neurones et de fibres à GnRH dans l’hypothalamus ainsi que dans les régions extrahypothalamiques.La diminution de l’expression de la GnRH chez les souris adultes s’est accompagnée d’un déséquilibre dans un réseau complexe de microARN. Mais rétablir l’équilibre de ces microARN dans l’hypothalamus a aboli les déficits de l’activité neuronale, de l’olfaction et de la cognition dans le modèle de souris.
Sur la base de ces résultats, les chercheurs ont réalisé une étude pilote chez des patients pour évaluer les effets de la thérapie à GnRH sur l’olfaction, la cognition et la structure et la fonction cérébrale. Ils ont constaté qu’un traitement de 6 mois améliorait à la fois les performances cognitives et la connectivité fonctionnelle du cerveau chez ces patients.
Référence : Maria Manfredi-Lozano et al. GnRH replacement rescues cognition in Down syndrome – Science, Sep 2022, Vol 377, Issue 6610