Une image contenant personne, rayé

Description générée automatiquement  Une image contenant texte, clipart Description générée automatiquementPublié le 06/05/2022

En France l’organisation des bilans de santé en école maternelle (BSEM) est confiée par chaque département au service de protection maternelle et infantile.

Les bilans sont réalisés chez les enfants en moyenne section de maternelle [1].

À la suite de la déclaration de l’état de pandémie en France en mars 2020, un confinement a été mis en place par le gouvernement.

Les déplacements non nécessaires ont été interdits avec la fermeture des commerces dits à l’époque « non essentiels ».

Les écoles et les crèches ont été fermées. Ces mesures ont été levées en juin 2020, mais, dès la rentrée scolaire, de nouvelles restrictions ont été mises en place.

En ce qui concerne les écoles, la détection d’un seul cas entraînait automatiquement la fermeture des classes, voire des écoles ; les élèves devaient donc rester chez eux.

De plus, les équipements sportifs sont restés fermés.

Ces mesures contraignantes ont été levées en juin 2021.

Les messages de santé publique concernant la nutrition et l’activité physique avaient majoritairement cessé.

Ainsi le mode de vie des enfants a subi un impact majeur.

Plusieurs études ont déjà montré une augmentation de la consommation alimentaire, de la sédentarité et/ou une augmentation de l’IMC chez des enfants, du fait du confinement et des restrictions des déplacements [2, 3]

Davantage d’enfants en surpoids ou obèses en 2020/2021

Les résultats d’une étude de l’Impact de la crise sanitaire due au SARS-CoV-2 sur le statut staturo-pondéral des enfants des écoles maternelle du Val-de-Marne sont présentés dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire du 26 avril 2022.

Les informations portant sur l’âge, le sexe, le poids et la taille, la zone d’éducation prioritaire* ou non dans laquelle était située l’école, l’inscription éventuelle à une cantine ou à une garderie ont été obtenues à partir des données issues des BSEM, sur trois années scolaires de 2018 à 2021.

Cela a permis de calculer le Zscore de l’indice de masse corporelle (IMCz) selon la méthode LMS ce qui aboutit à lisser l’IMC en fonction de l’âge et du sexe [5].

Rappelons qu’un IMCz compris entre 25 et 30 indique un surpoids, et si supérieur à 30 une obésité**.

Au total 48 119 enfants ont participé au dépistage pondéral.

L’âge moyen des enfants était de 4,54 ans, avec une médiane à 4,5 ans [2 ans 8 mois – 6 ans] ; 26 % (n =12 732) d’entre eux vivaient dans une zone dite d’éducation prioritaire (REP) et 3 % (n = 1 359) dans une zone d’éducation prioritaire renforcée (REP+), soit 29 % des enfants en zones d’éducation prioritaire ; 41 % des enfants fréquentaient une garderie et 78% déjeunaient à la cantine.

Dans la première année de l’étude (année scolaire de référence 2018-2019), avant l’épidémie de Covid-19, 86,8 % des enfants n’avaient ni surpoids, ni obésité.

Le Zscore de l’IMC a augmenté significativement entre les années scolaires 2018-2019 et 2020-2021, passant d’une moyenne de 0,20 à 0,35 soit une croissance de +0,15 avec une croissance de la médiane similaire (de 0,17 à 0,31).

En termes d’effectifs, l’accroissement du nombre des enfants en surpoids ou obèses été significatif entre l’année de référence 2018-2019 et l’année scolaire 2020-2021, respectivement de +2,6 % (surpoids) et de +1,8 % (Obésité) (test du Chi2 : p < 0,05).

Toutes choses égales par ailleurs, par rapport à l’année de référence 2018-2019, en 2020-2021, le risque d’être en surpoids était significativement plus élevé (Odds Ratio OR = 1,37, IC95 % : [1,28-1,47]), de même que le risque d’être obèse(1,70 [1,51-1,89]).

Facteurs de protection : la cantine ou la garderie

Chez les filles, l’augmentation du risque de surpoids (OR 1,65 [1,55-1,75]) et d’obésité (OR 1,63 [1,47-1,80]) était significativement plus important.

La zone dans laquelle se situe l’école (non prioritaire, REP ou REP+) était associée significativement au surpoids, pour les REP (OR 1,52 [1,42-1,62], pour les REP+ (OR 1,54 [1,30-1,82] et à l’obésité pour les REP (OR 1,92 [1,74-2,13] et pour les REP+ (OR 2,04 [1,60-2,61].

Deux facteurs protecteurs ont été identifiés. La fréquentation d’une cantine diminuait le risque de surpoids (OR 0,89 [0,82-0,96]) et d’obésité (OR 0,87 [0,77-0,98]), de même que la fréquentation d’une garderie (le risque de surpoids (OR 0,93 [0,87-0,99]) et d’obésité (OR 0,85 [0,76-0,95]).

Cette étude portant sur les enfants en moyenne section des écoles maternelle du Val-de-Marne a montré une augmentation significative de la prévalence du surpoids et de l’obésité en 2020-2021, en comparaison des deux années scolaires précédentes.

Cette augmentation a été observée en pleine crise sanitaire avec une limitation forte les activités, un mode de vie plus sédentaire et une dégradation des modes d’alimentation.

La scolarisation en zone REP et REP+, ainsi que le sexe féminin étaient des facteurs de risque.

Les auteurs concluent « qu’une vigilance particulière devra être portée dans les zones socialement défavorisées et chez les filles ».

*Réseau d’éducation prioritaire (REP) ou prioritaire renforcée (REP+). Les REP présentent des concentrations de difficultés sociales moindres que les REP+, mais toujours supérieures aux zones situées en dehors des réseaux prioritaires.

**L’International Obesity Task Force (IOTF) a élaboré en 2000 une définition du surpoids et de l’obésité chez l’enfant, en utilisant des courbes d’IMC établies à partir de données recueillies dans six pays disposant de larges échantillons représentatifs (Cole et al. Establishing a standard definition for child overweight and obesity worldwide: international survey. BMJ 2000;320(7244):1240-3.).

Haute autorité de la santé – Surpoids et obésité de l’enfant et de l’adolescent -Septembre 2011- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2011-10/reco2clics_obesite_enfant_adolescent.pdf

Pr Dominique Baudon

RÉFÉRENCES

[1] Article L2112-2 – Code de la santé publique – Légifrance. https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI 000041398011.
[2] Philippe K et coll. : Child eating behaviors, parental feeding practices and food shopping motivations during the COVID-19 lockdown in France: (How) did they change? Appetite. 2021;161:105132.
[3] Chambonniere C et coll. Effect of the COVID-19 lockdown on physical activity and sedentary behaviors in French children and adolescents: New results from the ONAPS national survey. Eur J Integr Med. avr 2021;43:10130.
[4] Marie-Laure Baranne et coll. : Impact de la crise sanitaire due au SARS-CoV-2 sur le statut staturo-pondéral des enfants de quatre ans : comparaison des données des bilans de santé en école maternelle du Val-de-Marne, de 2018 à 2021. BEH, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, Santé publique France. N° 8 | 26 avril 2022 p 153-160.
[5] Cole TJ. The LMS method for constructing normalized growth standards. Eur J Clin Nutr. 1990;44(1):45-60.)

Copyright © http://www.jim.fr

L’obésité gagne encore du terrain en France