Actualités – publiée le 13/11/2019 par Équipe de rédaction Santélog

Nature Human Behaviour

Le sommeil profond contribue à réduire l'anxiété, du jour au lendemain, en réorganisant les connexions dans le cerveau.

Cette étude menée par une équipe de l’Université de Californie, Berkeley, identifie une nouvelle fonction du sommeil profond, une fonction qui consiste à réduire l’anxiété, du jour au lendemain, en réorganisant les connexions dans le cerveau. L’étude, présentée dans la revue Nature Human Behaviour, contribue à expliquer pourquoi une seule nuit blanche peut entraîner une augmentation de 30% du niveau de stress émotionnel et, sur un plan plus épidémiologique, pourquoi la prévalence des troubles anxieux, comme la privation de sommeil, est en nette augmentation dans nos sociétés modernes.

« Le sommeil est le baume des esprits blessés ». Les chercheurs citent Macbeth de Shakespeare mais surtout expliquent comment le sommeil et quel type de sommeil est apte à calmer et à rétablir le cerveau anxieux. Ils montrent en effet comment le sommeil profond, également appelé sommeil à ondes lentes (NREM : on-rapid eye movement), un état dans lequel les oscillations neurales sont hypersynchronisées, la fréquence cardiaque et la pression artérielle chutent, parvient ) réduire l’anxiété du jour au lendemain. Un phénomène que nous avons en pratique tous vécu, celui d’une anxiété élevée au moment du coucher et apaisée le lendemain au réveil.

Le sommeil profond efface l’anxiété et le stress

Cette nouvelle fonction du sommeil profond, qui réduit l’anxiété, explique l’auteur principal, Matthew Walker, professeur de neuroscience et de psychologie à l’Université de Berkeley, passe par l’action bénéfique des oscillations à ondes lentes sur certains de nos réseaux cérébraux. L’étude ici est menée en deux temps : comment la privation de sommeil peut entraîner un état anxieux et comment le sommeil profond peut l’inverser. En pratique, l’expérience a consisté à mener une série d’expériences utilisant l’IRM et la polysomnographie permettant d’analyser le cerveau de 18 jeunes participants alors qu’ils visionnaient des clips vidéo émouvants après une nuit de sommeil complète vs après une nuit blanche. Les niveaux d’anxiété ont été mesurés après chaque séance au moyen du test state-trait anxiety inventory.

  • Sur la privation de sommeil : après une nuit sans sommeil, les scanners cérébraux montrent un arrêt de l’activité du cortex préfrontal interne, qui permet normalement de contrôler notre anxiété, alors que les centres émotionnels plus profonds du cerveau deviennent hyperactifs.

Les chercheurs montrent ainsi que des réductions mêmes modestes ou courantes du sommeil provoquent une « élévation » de l’anxiété le lendemain. Comment ? La perte de sommeil entraîne une activité diminuée du cortex préfrontal interne et une connectivité réduite dans les zones du système limbique, impliqué dans la régulation des émotions. Les chercheurs estiment ici que même une réduction modeste du sommeil au fil des nuits induit une augmentation de l’anxiété au fil des jours.

Un phénomène suggéré, avec nos modes de vie modernes, en population générale !

  • Sur l’effet anxiolytique du sommeil profond : après une nuit complète de sommeil, au cours de laquelle les ondes cérébrales des participants ont été mesurées, les niveaux d’anxiété chutent, en relation avec la durée du sommeil profond. Les oscillations à ondes lentes du sommeil profond sans mouvement oculaire rapide améliorent les réseaux cérébraux dans les zones du système limbique.

Le sommeil, le meilleur remède naturel contre les troubles anxieux : ces travaux qui identifient et décrivent ce rôle jusque-là peu connu du sommeil profond, établissent le lien intime entre le sommeil et l’anxiété et mettent en évidence la perspective d’une nouvelle approche thérapeutique permettant de réduire significativement l’anxiété : favoriser le sommeil profond. En conclusion, le sommeil serait le meilleur remède naturel contre le stress et les troubles anxieux.

Le sommeil profond rétablit le mécanisme préfrontal du cerveau qui régule nos émotions, réduit ainsi la réactivité émotionnelle et empêche l’escalade de l’anxiété.

Il reste néanmoins une question à se poser : alors que les personnes souffrant de troubles anxieux déclarent régulièrement souffrir de troubles du sommeil, quelle conduite à tenir ?

Mais les auteurs répondent : « l’amélioration du sommeil est rarement considérée comme une recommandation clinique visant à réduire l’anxiété ».

Source: Nature Human Behaviour 04 November 2019 Overanxious and underslept (Visuel Eti Ben Simon et Matthew Walker)

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