Actualités   –    publiée le 19/04/2019 par Équipe de rédaction Santélog

British Journal of Clinical Pharmacology

Les patients prenant des statines (hypocholestérolémiant) présentent un risque accru de glycémie élevée, de résistance à l'insuline et éventuellement de développer un diabète de type 2

Cette analyse du Centre médical Erasmus (Pays-Bas) publiée dans le British Journal of Clinical Pharmacology, confirme que les patients prenant des statines (hypocholestérolémiant) présentent un risque accru de glycémie élevée, de résistance à l’insuline et éventuellement de développer un diabète de type 2. Si d’autres études, épidémiologiques, ont déjà soulevé ce risque avec les statines, cette nouvelle confirmation appelle, au départ du traitement par statines, d’opter conjointement pour des stratégies préventives telles que le contrôle de la glycémie et la perte de poids pour réduire le risque possible de diabète.

Cette analyse porte sur les données de 9.535 patients âgés de moins de 45 ans exempts de diabète au début de l’étude et suivis durant 15 ans. Les chercheurs ont examiné les associations transversales entre l’utilisation de statines et les marqueurs glycémiques dont la concentration sérique de glucose sanguin et d’insuline à jeun, et la résistance à l’insuline, puis par analyse de régression (Cox) ont précisé les ratios de risque ajustés (HR) pour l’incidence du diabète de type 2 chez ces nouveaux utilisateurs de statines.

L’analyse constate, vs les patients n’ayant jamais utilisé de statines, que :

  • l’utilisation initiale de statines est associée à des concentrations plus élevées d’insuline sérique à jeun (β, 0,07) et de résistance à l’insuline (β, 0,09) ;
  • un risque de diabète de type 2 accru de 38% (HR, 1,38) ;
  • ce risque est plus important chez les sujets présentant une altération de l’homéostasie de la glycémie et chez les personnes en surpoids / obèses.

Les personnes utilisant des statines peuvent donc présenter un risque plus élevé d’hyperglycémie, de résistance à l’insuline et éventuellement de diabète de type 2.

Des stratégies préventives rigoureuses, telles que le contrôle de la glycémie et la réduction du poids chez les patients débutant un traitement par statines, pourraient contribuer à réduire ce risque de diabète, conclut l’auteur principal, le professeur Bruno Stricker du Centre médical Erasmus.

Source: British Journal of Clinical Pharmacology 05 March 2019 DOI : 10.1111/bcp.13898 Associations of statin use with glycaemic traits and incident type 2 diabetes

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Statines : objectif de LDL-chol non atteint chez plus d’1 patient sur 2

CARDIO-VASCULAIRE HTA – Par Marielle Ammouche le 19-04-2019

https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/290x200/public/visuels_actus/statines_9.jpg?itok=usvdsSfo egora.fr

Si le rôle des statines en prévention secondaire est largement établi dans plusieurs essais, leur impact en prévention primaire est plus débattu. Et les stratégies thérapeutiques divergent selon les pays.

C’est dans ce contexte que des auteurs britanniques viennent de publier de nouveaux résultats concernant l’efficacité des statines en « vie réelle ». Leur objectif était d’évaluer l’efficacité sur le LDL-cholestérol et sur le risque cardiovasculaire d’un traitement de 2 ans par statines en prévention primaire.

Pour cela ils ont analysé les données d’une cohorte prospective de 165 411 patients (âge moyen 62 ans ; 48,6% de femmes) exempts de maladie cardiovasculaire avant l’instauration de la statine. Les patients devaient avoir au moins deux mesures de LDL-chol : au moins une mesure dans les 12 mois précédant l’initiation de la statine, et une autre dans les 24 mois suivant l’initiation.

Le suivi médian a été de 6,2 ans. Il en ressort que plus d’un patient sur 2 (51,2%) ont présenté une réponse « sous-optimale » au traitement, c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas réussi à réduire de plus de 40% leur taux de LDL-chol.

En outre, au cours de la période de suivi, il est survenu 22 798 événements cardiovasculaires dont 12 142 chez les « répondeurs sous-optimaux » et 10 656 chez des « répondeurs optimaux », soit une augmentation de 22% chez les « répondeurs sous-optimaux » (HR 1,22 [IC à 95% de 1,19 à 1,25]) après ajustement.

Dans un éditorial de la revue Heart, dans laquelle est publiée cette étude, M Bittencourt et F Cesena (Sao Paulo, Brésil) considèrent que « le taux élevé de la réponse sous-optimale sur le LDL-chol est clairement alarmant, bien qu’il soit probablement surestimé ». Ils considèrent que ces données confirment qu’une réponse sous-optimale aux statines augmente le risque cardiovasculaire. Ils reconnaissent cependant que l’étude peut présenter certains biais, dus en particulier à des facteurs confondants sous-évalués.

Sources :  Heart, 15 avril  2019.

https://heart.bmj.com/content/early/2019/04/16/heartjnl-2018-314253  

https://heart.bmj.com/content/early/2019/03/30/heartjnl-2019-314723

https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/90x66/public/visuels_actus/statines_5.jpg?itok=eKQJjHO8Après 74 ans et en l’absence de diabète, pas d’efficacité des statines en prévention cardiovasculaire primaire

https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/90x66/public/visuels_actus/coeurrrrre.jpeg?itok=-640iHzYStatines : un rapport de l’Académie fait taire les polémiques

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Revue de presse Mediscoop du 19-04-2019

Statines : plus de la moitié des patients présentent des réponses insuffisantes

Statines : plus de la moitié des patients présentent des réponses insuffisantes

Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]

Plus de 51% des personnes traitées par statine en prévention primaire ne présentent pas les résultats escomptés en terme de baisse du LDL-c. Et ces personnes sont exposées à un risque plus élevé de maladie ou d’événement cardiovasculaire par rapport aux bons répondeurs (+22%). Ces travaux sont parus dans Heart.

La moitié des patients sous statine en prévention primaire n’obtient pas la baisse attendue de LDL-c dans les deux ans et est exposée à un risque accru d’accidents cardiovasculaires. C’est ce que montre une étude prospective parue dans Heart.

Elle a inclus 165.411 patients ayant débuté un traitement par statine en soins primaires au Royaume-Uni entre 1990 et 2016 et indemnes d’accident ou de maladie cardiovasculaire. Les auteurs ont comparé les taux de LDL-c à l’inclusion et deux ans après l’instauration de la statine.
Sur la base des recommandations actuelles, la baisse attendue était d’au moins 40% sur deux ans. En deçà, la réponse était considérée comme insuffisante. Or, l’analyse montre que plus de la moitié des patients, 51,2% exactement, n’atteignent pas cette baisse et présentent une réponse sous-optimale.

Par ailleurs, les auteurs ont suivi ces patients pendant une durée médiane de 6,2 ans, soit un suivi de 1.077.299 personnes-années. Ils ont relevé 12.142 accidents cardiovasculaires survenus dans le groupe n’ayant pas atteint les objectifs de LDL-c et 10 .656 dans le groupe des bons répondeurs.
Le risque d’accident CV est ainsi augmenté de 17% en cas de réponse sous-optimale à une statine (IC 95% 1.13 – 1.20) et +22% après ajustement sur l’âge et le taux de base du LDL-c (IC 95% 1.19 – 1.25).

Référence : Ralph Kwame Akyea et al. – Sub-optimal cholesterol response to initiation of statins and future risk of cardiovascular disease – Heart Online First, April 2019
[Retrouvez l’abstract en ligne]

Date de publication : 19 avril 2019