Publié le 20/04/2021
La pandémie de Covid-19 a des conséquences importantes sur la santé mentale des citoyens du monde entier. Certains prévoient une augmentation conséquente des taux de suicide.
Peu de données existent toutefois sur l’effet d’autres pandémies sur ce paramètre.
Certaines études se sont intéressées à de précédentes pandémies de grippe aux USA ou au Royaume-Uni, de SRAS à Hong Kong et Taïwan ou encore d’Ebola en Guinée.
Elles suggèrent que, si le risque de suicide augmente, cela ne concerne pas obligatoirement l’émergence de la pandémie, moment où, au contraire, le risque peut même être réduit.
Une équipe Internationale a relevé les données officielles émanant de 21 pays (16 pays à revenus élevés et 5 pays à revenus moyens-supérieurs).
Cinq d’entre elles renseignaient l’évolution des incidences de suicides préalablement à la pandémie.
En prenant en compte le nombre de suicides attendus et le nombre de suicides observés, il n’apparaît pas d’augmentation significative du risque de suicide dans les premiers mois de la pandémie (d’avril à juillet 2020).
Dans 12 pays ou régions, l’on observe même une diminution du nombre de suicides par rapport à ce qui était prévisible.
C’est le cas par exemple de la Nouvelle-Galles du sud (réduction de 19 %), de la Colombie britannique (réduction de 24 %), de Leipzig en Allemagne (réduction de 51 %) ou encore de l’Illinois (réduction de 21 %).
Davantage de dépression, d’anxiété et de pensées suicidaires surtout
Cette absence d’augmentation du nombre des suicides au début de la pandémie peut avoir plusieurs explications.
Des informations ont dès le début émergé, rapportant une élévation du niveau de dépression, d’anxiété et de pensées suicidaires à la suite du confinement, de la fermeture des écoles et des entreprises.
Mais cela peut ne pas s’être traduit par davantage de suicides.
De nombreux gouvernements ont rapidement pris des mesures pour encourager l’accès aux soins.
Le contexte particulier a favorisé l’émergence d’initiatives individuelles pour soutenir les plus fragiles, ou le maintien des contacts par la technologie.
Pour certaines personnes, le confinement a réduit le stress quotidien, pour d’autres, le sentiment d’être tous dans la même situation difficile a pu être bénéfique.
Enfin, de nombreux pays ont rapidement mis en place des mesures pour limiter les conséquences économiques de la pandémie.
Mais les auteurs mettent en garde. Les mesures économiques n’auront qu’un temps et la récession qui va suivre pourra favoriser le risque suicidaire.
C’est ce que confirme la prolongation de la période d’observation jusqu’en octobre 2020 à Porto Rico, Vienne ou au Japon, qui montre une augmentation des taux de suicide pourtant stables pendant les premiers mois de la pandémie.
Si d’autres facteurs peuvent y avoir contribué (par exemple la médiatisation du suicide de personnalités célèbres au Japon au début de la pandémie, ou la pauvreté endémique à Porto Rico), il semble toutefois nécessaire de continuer à produire des données de qualité, pour une information fiable et des actions préventives adaptées à la situation réelle.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES: Pirkis J et coll.: Suicide trends in the early months of the COVID-19 pandemic: an interrupted time-series analysis of preliminary data from 21 countries. Lancet Psychiatry 2021 ; publication avancée en ligne le 13 avril. doi: 10.1016/S2215-0366(21)00091-2.
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