Publié le 06/04/2021
Dans la première année de vie, les réserves en fer sont fréquemment à un niveau critique pour l’érythropoïèse et le développement neurocognitif.
Jusqu’à 6 mois, le stock accumulé avant la naissance et les petites quantités de fer du lait sont souvent suffisantes pour couvrir les besoins des enfants non prématurés.
Au 2ème semestre, un supplément en fer est nécessaire apporté par l’alimentation.
Les études sur les besoins et les recommandations ne tiennent pas entièrement compte des différences de biodisponibilité du fer selon sa forme ; celui du lait de mère a un coefficient d’absorption de 50 %, du fer héminique de 20 %, des végétaux de 5 %.
Des précisions sur le régime sont indispensables pour évaluer réellement les apports en fer et tenir compte de leur absorption.
L’interprétation des résultats nécessite encore de ne pas confondre les besoins moyens estimés (estimated average requirements, EAR) soit la quantité de nutriments nécessaires pour couvrir les besoins de 50 % de la population et les apports recommandés pour couvrir presque 100 % (recommended dietary allowances, RDA).
Ainsi, pour le fer, avec un taux moyen d’absorption de 10 %, au cours du 2ème semestre les EAR sont estimés à 6,9 mg/J et les RDA à 11 mg.
Une étude a été conduite aux USA pour déterminer la proportion de nourrissons pour lesquels la quantité de fer « absorbée » était inférieure aux besoins, en tenant compte du régime.
Elle s’est basée sur une enquête nationale (Feeding Infants and Toddlers Study) de 2016.
Les données ont été recueillies par des diététiciens (-ciennes) entraînés (-nées) au cours d’entretiens téléphoniques de 3 235 parents éligibles.
Un sous-groupe de 799 parents sélectionnés au hasard a permis d’estimer la distribution habituelle des différents nutriments.
Attention en cas d’allaitement maternel prolongé
L’absorption quotidienne calculée était au-dessous de la quantité recommandée pour 54,3 % des nourrissons évalués. Selon le régime, parmi les 448 d’entre eux alimentés exclusivement au biberon, 19,5 % étaient au-dessous des besoins, 95,8 % des 296 sous allaitement maternel exclusif et 72,2 % des 102 sous allaitement mixte.
La quantité moyenne de fer absorbé par les enfants de 6 à 9 mois alimentés au sein était de 0,27 mg/J bien au-dessous du besoin estimé de 0,69 mg/J.
Le fer héminique, forme hautement biodisponible, représentait moins de 12 % de la totalité du fer absorbé par les nourrissons au sein.
Le taux d’allaitement maternel variait selon les origines ethniques et les classes sociales mais un allaitement maternel prolongé après 6 mois pouvait être un facteur de carence martiale.
Au total, les pratiques quant au régime des nourrissons sont variables d’un pays à l’autre mais ne sont pas suffisamment différentes pour ne pas retenir le risque de carence martiale à partir de 6 mois.
Ces données montrent la nécessité d’une communication pour augmenter les apports en fer des nourrissons de 6 à 9 mois, en particulier sous allaitement maternel prolongé.
Ceux sous formule au biberon sont moins à risque à condition d’administrer des laits adaptés et/ou d’introduire dans le régime le fer héminique sous forme de produits d’origine animale.
Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE : Abrams SA et coll. : A substantial proportion of 6- to 12-month-old infants have calculated daily absorbed iron below recommendations, especially those who are breastfed. J Pediatr., 2021;231:36-42.
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Un allaitement maternel exclusif à 9 mois expose à un risque de carence en fer