https://www.jim.fr/e-docs/00/02/BE/3B/carac_photo_1.jpg Publié le 07/10/2019

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) touche, selon les études, 4 à 18 % des femmes en âge de procréer, et c’est la première cause d’anovulation. Mais ces femmes, pour lesquelles des traitements existent depuis déjà longtemps, ont-elles réellement une fécondité réduite ?

C’est la question à laquelle une étude suédoise tente de répondre. A partir des registres nationaux de 1989 à 2015, ont été incluses toutes les femmes nées entre 1971 et 1997 pour lesquelles avait été posé le diagnostic de SPOK ou d’infertilité anovulatoire, à l’exclusion de celles qui avaient une hyperprolactinémie, une hyperplasie congénitale des surrénales, une insuffisance ovarienne précoce, ou un syndrome de Turner.

Les critères diagnostiques du SOPK utilisés étaient ceux de la conférence du National Institute of Health de 1990 (hyperandrogénisme clinique ou biologique, et anovulation chronique), puis ceux du consensus de Rotterdam de 2003 (2 des 3 critères suivants : oligo-ovulation ou anovulation, hyperandrogénisme clinique ou biologique, morphologie échographique ovarienne polykystique).

Age plus tardif et délai plus long pour la première grossesse

Chacune de ces 45 000 femmes a été comparée à 5 femmes-témoins du même âge et du même lieu de résidence.

Durant la période étudiée, près de la moitié des femmes avaient eu un enfant, et ce en proportions égales dans le groupe SOPK et dans le groupe témoin, mais relativement moins de femmes du groupe SOPK que de femmes du groupe témoin avaient eu un deuxième enfant : 26,5 % vs. 32,8 % (p < 0,001).

L’âge moyen des femmes à la naissance du premier enfant était plus élevé pour les femmes du groupe SOPK que pour les femmes du groupe témoin : 28,4 ± 4,8 ans vs. 27,0 ± 4,4 ans (p < 0,001).

Les femmes du groupe SOPK avaient eu leur premier enfant après l’âge de 35 ans deux fois plus souvent que celles du groupe témoin (4,8 % vs. 2,3 %).

La probabilité cumulative d’avoir un enfant avec ou sans traitement pour obtenir la grossesse était de 80,2 % dans le groupe SOPK et 78,2 % dans le groupe témoin. Mais le délai moyen pour avoir une première naissance était significativement plus long pour les femmes du groupe SOPK (13,5 ans) que pour celles du groupe témoin (12,9 ans).

La probabilité cumulative de voir se déclarer une naissance spontanée dans le groupe SOPK était de 55,0 % et de 73,8 % dans le groupe témoin, et le délai moyen pour cette première naissance était significativement plus long pour les femmes du groupe SOPK (15,5 ans) que pour celles du groupe témoin (13,0 ans).

Parmi les femmes qui avaient déjà un enfant, la probabilité cumulative d’avoir un deuxième enfant était avec ou sans traitement de 85,7 % dans le groupe SOPK et de 88,9 % dans le groupe témoin.

Le délai moyen pour avoir une deuxième naissance était significativement plus long pour les femmes du groupe SOPK (6,5 ans) que pour celles du groupe témoin (5,4 ans).

Le ratio de fécondité des femmes du groupe SOPK était significativement plus faible que celui des femmes du groupe témoin (0,81) pour une première naissance avec ou sans traitement (celui des femmes du groupe témoin étant de 1). Et ce ratio de fécondité des femmes du groupe SOPK était de 0,55 pour les naissances après une grossesse spontanée.

La précocité du diagnostic aurait une influence positive

Les femmes pour lesquelles le diagnostic de SOPK avait été fait après l’âge de 25 ans avaient un ratio de fécondité diminué de moitié par rapport à celui des femmes pour lesquelles le diagnostic avait été fait avant 25 ans.

Les femmes pour lesquelles le diagnostic de SOPK avait été fait dans les années 80 et 90 avaient un ratio de fécondité plus élevé que celles pour lesquelles le diagnostic avait été fait dans les années 70.

Le diagnostic précoce du SOPK serait donc un facteur influençant positivement les chances d’avoir un enfant, et les prises en charge se sont certainement améliorées entre les années 70 et les années 90.

Les femmes atteintes d’un SOPK, nées en dehors de la Suède, avaient un ratio de fécondité inférieur à celui des femmes atteintes d’un SOPK, nées en Suède,il est donc nécessaire qu’une attention et une information spécifiques soient apportées aux femmes d’origine étrangère.

Dr Catherine Vicariot

RÉFÉRENCE : Persson S et coll. : Fecundity among women with polycystic ovary syndrome (PCOS) – a population-based study. Human Reproduction, 2019 : 1–9, doi:10.1093/humrep/dez159.

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