https://www.jim.fr/e-docs/00/02/A7/47/carac_photo_1.jpg Publié le 27/09/2018

Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est associé à une prévalence élevée de l’hypertension artérielle, du fait de mécanismes pathogéniques et de facteurs de risque communs. L’influence de la durée du sommeil sur la prévalence de l’HTA, pour vraisemblable qu’elle soit dans un tel contexte, n’en reste pas moins mal établie. Une étude chinoise portant sur un effectif conséquent répond à cette interrogation. Elle a en effet inclus 8 225 patients dont 7 107 atteints d’un SAOS et 1 118 d’un ronflement primaire. Le diagnostic d’HTA a été défini par la mesure directe de la pression artérielle dans le cadre de l’étude ou par un médecin lors d’une consultation indépendante de cette dernière. La durée du sommeil, pour sa part, a été estimée de manière objective à partir d’un enregistrement polysomnographique ou de façon plus subjective, selon les dires du patient. L’association entre la durée du sommeil et la prévalence de l’HTA dans les deux groupes précédemment définis a été étudiée au moyen d’une analyse par régression logistique multiple.

Moins de 5 heures de sommeil, un risque accru d’HTA avec ou sans SAOS

Dans le groupe SAOS et comparativement à celui des ronfleurs primaires, une durée objective du sommeil de 5 à 6 heures a été associée à un risque d’HTA estimé à 45 % (odds ratio, OR 1,45 ; intervalle de confiance à 95 %, IC 1,14-1,84). Pour une durée < 5 heures, le risque en question a été estimé à 80 %, l’OR étant en effet de 1,80 (IC 1,33-2,42). Ces résultats se sont avérés indépendants des principaux facteurs de confusion potentiels classiquement associés autant qu’au SAOS qu’à l’HTA. Des analyses par stratification ont permis de préciser le tableau : ainsi, en cas de sommeil très bref (<5 heures), le risque d’HTA s’est avéré similaire dans les 2 groupes alors qu’il est apparu élevé dans les quatre autres classes définies en fonction de la durée de ce dernier (5-6, 6-7, 7-8, et >8 heures). En revanche, aucune association significative de ce type n’a été mise en évidence dans le cas où la durée du sommeil a été estimée de manière subjective.

Un sommeil bref chez les patients atteints d’un SAOS semble favoriser la survenue d’une HTA. Encore faut-il que la durée de celui-ci soit objectivement mesurée, dans le cadre, par exemple, d’un enregistrement polysomnographique. Dans cette étude transversale, du type cas-témoins, il apparaît cependant que le sommeil très bref (< 5 heures) a le même effet sur la prévalence de l’HTA si l’on compare les patients atteints d’un SAOS et ceux atteints d’un ronflement primaire. C’est indirectement la preuve qu’une durée très brève du sommeil est délétère par elle-même, indépendamment du syndrome en question, tout au moins pour ce qui est du risque d’HTA.

Dr Philippe Tellier

RÉFÉRENCE  : Ren R et coll. : Objective but Not Subjective Short Sleep Duration Is Associated With Hypertension in Obstructive Sleep Apnea. Hypertension 2018: publication avancée en ligne le 9 juillet.

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