Revue de presse Mediscoop du 18-11-2024
Par le Dr Sophie Florence (Paris) [Déclaration de liens d’intérêts]
– Date de publication : 18 novembre 2024
Des relations plus libres, plus diversifiées, mais aussi plus marquées par les violences : tel est le portrait complexe qui se dessine de la sexualité en France aujourd’hui.
La 4ème recherche en France, la dernière datant de 2006, « Contexte des sexualités en France » 2023 (CSF-2023), menée par des chercheuses de l’Inserm et de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, avec une équipe pluridisciplinaire vient d’être publiée.
Les transformations de la société française au cours des dernières décennies, tant sur le plan social et juridique, qu’économique et technologique, ont eu une incidence sur les représentations et les pratiques dans le domaine de la sexualité et de la santé sexuelle.
Les autrices ont interrogé plus de 31.000 personnes âgées de 15 à 89 ans, contre 18 à 69 ans dans les enquêtes précédentes.
L’âge médian du premier rapport sexuel continue de croître pour s’établir à 18,2 ans pour les femmes et 17,7 chez les hommes.
Lors des quatre dernières semaines, les femmes déclarent en moyenne avoir eu 6 rapports sexuels, et les hommes 6,6. Les relations sexuelles entre partenaires du même sexe ont également tendance à augmenter : 8,4% des femmes et 7,5% des hommes déclarent avoir eu au moins un partenaire de même sexe au cours de leur vie.
Chez les plus jeunes femmes, la proportion grimpe à 14,8%.
Quant aux pratiques sexuelles, elles se diversifient.
Le sexe oral est ainsi plébiscité : les hommes sont 90% et 87% à pratiquer respectivement la fellation ou le cunnilingus, tout comme 84 et 87% des femmes.
Les femmes vont vers la réappropriation de leur corps érotique et érogène, et arrivent à mieux identifier ce qui les mène au plaisir sexuel.
En 2023, 91,0% des femmes de 18 à 49 ans concernées ont recours à un moyen de contraception, le dispositif intra-utérin (DIU ou stérilet) devient la méthode la plus utilisée (27,7%) suivi de la pilule (26,8%) et du préservatif (18,6%).
L’enquête vient confirmer la tendance amorcée depuis une vingtaine d’années de désaffection pour la pilule.
Son recours a chuté de 54,3% d’utilisatrices en 2016 à 36,6% en 2023 chez les 18-29 ans au profit du préservatif et du stérilet.
En 2023, 75,2% des femmes et 84,5% des hommes ont eu recours au préservatif lors de leur tout premier rapport sexuel.
Mais par la suite, ce moyen efficace de prévention des infections et de contraception n’est plus utilisé que par 49,4% des femmes et 52,6% des hommes lors d’une première fois avec un nouveau partenaire rencontré dans les douze derniers mois.
Référence : CSF. Contexte des Sexualités en France – Premiers résultats de l’enquête CSF-2023 – Inserm-ANRS-MIE 13 novembre 2024