https://www.jim.fr/e-docs/00/02/A6/F7/carac_photo_1.jpg Publié le 23/09/2018

Il est couramment admis qu’une alimentation saine doit comporter une consommation régulière de poissons et de fruits de mer : ils sont sources de protéines, d’acides gras omega 3, de vitamines et de sels minéraux. Mais ils sont suspectés d’être contaminés par des produits chimiques toxiques, voire reprotoxiques, tels que le mercure, des composés organochlorés, des dioxines. Leur consommation doit être limitée, surtout en période préconceptionnelle et pendant la grossesse. En fait, les femmes enceintes consomment en moyenne moins de poissons ou de fruits de mer que le voudraient les recommandations, car ce sont des aliments relativement chers, dont certaines n’apprécient pas le goût, et desquels des informations souvent alarmantes les détournent.

Une étude prospective de cohorte a été menée aux USA dans deux états où les niveaux de pollution chimique sont élevés : le Michigan et le Texas. Cinq cents couples qui souhaitaient une grossesse ont été suivis pendant un an, et l’étude a permis de comparer les couples forts consommateurs de poissons et fruits de mer aux couples faibles consommateurs. Chaque membre du couple devait noter quotidiennement sa consommation de produits de la mer et la fréquence des rapports sexuels. Le premier objectif de l’étude était l’évaluation du délai de conception et le second celle de la fréquence des rapports.

Des vertus aphrodisiaques et…nutritionnelles

Les couples qui ont les consommations en produits de la mer les plus élevées (≥ 8 fois par cycle) ont une fréquence des rapports sexuels supérieure de 22 % (intervalle de confiance à 95 % IC = 15,2 -29,0) ; 92 % des couples qui consommaient des produits de la mer au moins 8 fois par cycle ont débuté une grossesse dans l’année, et seulement 78 % de ceux qui en consommaient moins de 8 fois par cycle. (Odds Ratio FOR =1,61 IC =1,17- 2,22).

Les couples dans lesquels un des membres consommait des produits de la mer au moins 8 fois par cycle ont eu un délai de conception plus court que les couples qui en consommaient moins d’1 fois par cycle : délai raccourci de 47 % quand c’était l’homme et de 60 % quand c’était la femme.

Cette étude semble confirmer que les produits de la mer ont des vertus aphrodisiaques. Il est aussi vraisemblable que les couples qui avaient partagés plus de repas riches en produits de la mer passaient plus de temps ensemble à table… et peut-être au lit. Mais cette augmentation de l’activité sexuelle ne peut expliquer à elle seule l’augmentation de la fécondité. Des études ont montré que les acides gras oméga 3 à chaîne longue, dont les teneurs sont élevées dans la chair de poisson, ont des effets positifs sur la fécondité tant chez l’homme que chez la femme : amélioration de la qualité du sperme, augmentation des taux de progestérone en phase lutéale, et diminution des délais de conception.Les coquillages, tels que les huîtres sont riches en zinc, et des études ont montré que cet élément avait un effet positif sur les taux de testostérone.

Il semble donc que les femmes qui souhaitent avoir un enfant puissent suivre la recommandation actuelle de manger du poisson ou des fruits de mer deux fois par semaine, sans oublier d’associer leur partenaire à leurs repas, en évitant les poissons prédateurs qui sont les plus contaminés, et en préférant les non prédateurs qui le sont beaucoup moins : anchois, colin, cabillaud, hareng, maquereau, sardine, saumon, poissons d’élevage.

Dr Catherine Vicariot

RÉFÉRENCE : Gaskins AJ et coll. : Seafood Intake, Sexual Activity, and Time to Pregnancy. J Clin Endocrinol&Metabolism. 2018 ; publication en ligne le 23 mai

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