Didier Doukhan | 10.10.2019
DR Zoom
Dans un numéro hors-série paru ce jeudi 10 octobre, le magazine « 60 millions de consommateurs » a passé au crible 120 compléments alimentaires parmi les plus vendus en hiver.
Pour son numéro hors-série (novembre – décembre 2019), « 60 millions de consommateurs » s’est penché sur 120 présentations de compléments alimentaires conseillés en hiver (vendus en pharmacie et autres réseaux). Non seulement ces produits, dont les Français sont les premiers consommateurs en Europe, ne sont pas soumis à une réglementation contraignante, mais les fabricants ne sont pas tenus de fournir une notice qui pourrait mettre en garde contre des effets indésirables ou des cocktails dangereux, relève notamment le magazine. Face à cet étiquetage défaillant, « 60 millions de consommateurs » demande un durcissement de la réglementation en vigueur et pointe plusieurs défauts.
Selon le magazine, peu de produits sur le marché disposent d’études scientifiques attestant de leur bien-fondé sur la santé. Les compléments vitalité, par exemple, à base de vitamine C, « n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité dans le traitement du rhume ou de l’immunité ». La présence de nombreux additifs pouvant se révéler problématiques est par ailleurs signalée par le magazine. Ainsi, le colorant rouge Allura est suspecté d’accroître l’hyperactivité chez les enfants. Plusieurs produits étudiés contiennent également du dioxyde de titane (E 171), soupçonné d’être pro-inflammatoire et de nuire au système immunitaire.
Le risque de surdosage n’est pas rare, souligne aussi « 60 millions de consommateurs ». Surdosée, la vitamine A « peut avoir des effets néfastes pour les os, le foie ou le fœtus », tandis que les vitamines lipophiles D, E et K « vont aller se stocker dans les graisses ». Le magazine met également en garde sur l’usage de certains produits contre-indiqués pour les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées ou les sujets allergiques, ou impliqués dans des interactions pharmacologiques (millepertuis). Enfin, le dossier de « 60 millions de consommateurs » pointe certains risques d’effets secondaires. Les préparations officinales composées de Garcinia cambogia sont « proscrites en France depuis 2012, mais la plante reste autorisée dans les compléments alimentaires, bien qu’elle soit soupçonnée de provoquer des atteintes hépatiques », relève-t-il.
Source : Lequotidiendupharmacien.fr
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« Au mieux inutile, au pire dangereux »: 60 millions de consommateurs met en garde contre l’usage de compléments alimentaires
Oméga 3, vitamines, calcium… les compléments alimentaires sont souvent moins utiles que les Français ne le croient. – Des Asuncloner – Flickr – CC Commons –
60 Millions de consommateurs a passé au crible la composition d’une centaine de produits parmi les plus achetés dans les pharmacies françaises en hiver. L’enquête du magazine met sérieusement en doute leur efficacité.
Alors que la défiance à l’égard des médicaments ne cesse de croître, les Français se tournent de plus en plus vers des produits qu’ils considèrent « naturels ou inoffensifs ». Pour lutter contre les problèmes de sommeil, rhume, fatigue, transit… ils ont acheté pas moins de 150 millions de boîtes de compléments alimentaires en 2018. Un marché prospère qui a représenté 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Mais ces remèdes sont-ils aussi efficaces qu’ils prétendent l’être? Avec l’aide de plusieurs médecins et pharmacologues, 60 Millions de consommateurs, a passé au crible la composition de plus de 120 compléments alimentaires parmi les plus achetés en pharmacie, parapharmacie et autres magasins bio, en automne et en hiver.
Publié ce jeudi, le magazine édité par l’Institut national de la consommation (INC) révèle que l’efficacité de bon nombre de ces produits présentés comme salvateurs n’est pas démontrée, et que certains peuvent même être néfastes pour la santé.
60 millions de consommateurs met en garde contre certaines substances potentiellement dangereuses notamment pour les os, le foie, le fœtus ou encore les vitamines D, E et K qui vont aller se stocker dans les graisses.
Des produits très connus épinglés
Des produits extrêmement réputés sont pointés du doigt, tels que les ampoules Juvamine censées « tonifier » et « stimuler » le corps. Le magazine juge ces dernières médiocres, car elles contiennent beaucoup de substances stimulantes comme de la caféine, ainsi que de l’eau, du jus d’orange et du sirop de fructose.
Or la caféine, présente dans ces comprimés « stimule la vigilance et masque l’envie de dormir », mais elle empêche aussi « le bon fonctionnement du processus de mémorisation » et peut entraîner « en cas de surdosage céphalées, anxiété, nausées et troubles du rythme cardiaque ».
Particulièrement connu pour aider à la concentration, le fameux Berrocca est lui aussi jugé « à proscrire » par les experts de l’étude, car il contient plusieurs substances problématiques, ainsi que des recommandations « très insuffisantes ». De la même manière, les comprimés de Bion 3 sont déconseillés, car ses indications sont jugées « trop floues ». Le fabricant recommande en effet de prendre « plusieurs cures » de 30 à 60 jours par an, ce qui pourrait provoquer un risque de surdosage, écrit 60 millions de consommateurs.
Les pastilles pour la gorge telles qu’Oropolis ou encore les sirops adoucissants comme Proroyal « spécial enfant » ne sont pas épargnées. Ceux-ci sont « à proscrire », selon le magazine, puisqu’ils contiennent moult additifs pouvant causer des désordres intestinaux ou des réactions allergiques.
Attention à la « banalisation » de ces produits
De manière générale, l’Académie de pharmacie alerte sur les risques de certains produits et dénonce, avec l’Académie de médecine, une réglementation trop laxiste. Bien qu’ils soient souvent présentés comme des gélules ou des comprimés, les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments. Ces gélules, contrôlées par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), sont en effet soumises à une réglementation moins longue et moins coûteuse.
« Cette banalisation peut laisser penser au consommateur que ces produits sont sans danger et qu’il est capable de les choisir sans en référer à une autorité médicale », explique au magazine Aymeric Dopter, adjoint au chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
« Une alimentation équilibrée apporte tous les nutriments dont l’organisme a besoin. Une supplémentation est donc au mieux inutile, au pire dangereuse », conclut Aymeric Dopter.
L’intégralité de l’enquête est à retrouver dans le hors-série « Compléments alimentaires » de 60 millions de consommateurs, en kiosque ce jeudi.
Jeanne Bulant