Chroniques d’un médecin de Roland-Garros – 02.06.2019
Du 26 mai au 9 juin, le Dr Jacques Parier, médecin du sport et membre du staff de Roland-Garros nous fait découvrir les coulisses médicales de la compétition et les particularités de ce sport qui le passionne depuis de nombreuses années.
L’Estonienne Kaia Kanepi lors de l’édition 2019 du tournoi de…
Crédit Photo : AFP Zoom
Chaque année, le staff médical de Roland-Garros enregistre son lot de pathologies de la paroi abdominale, entre 6 et 10 cas par édition. Ce type de lésion est très fréquent chez les joueurs de haut niveau. On ne compte plus les champions touchés : Jo-Wilfried Tsonga en septembre 2018, Rafael Nadal, privé de Masters la même année.Les muscles grands droits, et les obliques forment la paroi antérieure de l’abdomen. Ils sont séparés par la ligne blanche. Les fibres musculaires sont principalement orientées vers une activité motrice tonicoposturale. Il s’agit essentiellement de fibres de type I, dites fibres lentes, donc logiquement peu aptes à un mouvement rapide comme le service.
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Le muscle grand droit participe à la flexion du tronc, au redressement de la lordose et à la ventilation. Il est largement sollicité lors de la pratique du service et du smash. Les obliques peuvent également être touchés lors du service du fait des adaptations du lancer de balle pour majorer les effets et de la rotation du tronc que cela implique.
L’accident se déroule sur un muscle déjà échauffé voire fatigué. Joueurs et joueuses sont également touchés.
L’examen clinique est simple : on retrouve au début des douleurs à la toux, aux efforts de redressement et à la palpation précise. L’atteinte est toujours située du côté opposé au côté dominant, souvent en dessous du niveau de l’ombilic. Ce qui trompeur, c’est une indolence en quelques jours pour les coups du fond du court.
L’échographie, examen incontournable
L’échographie est devenue un examen incontournable. Elle permet de localiser précisément la lésion, d’affirmer son caractère organique, de définir son stade évolutif. De manière constante on note une asymétrie du volume musculaire. Le côté non dominant du grand droit peut parfois être deux fois plus épais que du côté dominant ! La lésion est toujours située du côté contro latéral. Elle se trouve en profondeur contre la paroi aponévrotique. La résonance magnétique reste un examen exceptionnel.
L’évolution de la lésion rapidement régressive conforte l’athlète à reprendre trop vite l’entraînement et les rechutes sont fréquentes. Le traitement préventif est essentiel, il associe un assouplissement des ceintures scapulaires et pelviennes, un travail de musculation adaptée. Le renforcement des muscles abdominaux doit s’effectuer en course concentrique et surtout en excentrique, en course externe. Il faut renforcer le muscle grand droit contro latéral, mais également les muscles obliques. Le travail de la technique du geste de service est indispensable.
Le traitement médical associe repos suffisamment prolongé, technique kinésithérapique et médicale. Le traitement chirurgical est exceptionnel et intervient qu’en cas d’échec du traitement médical.
Dr Jacques Parier
Source : Lequotidiendumedecin.fr