Publié le 24/04/2019
L’activité physique est encouragée comme une stratégie simple, facile à mettre en place et peu coûteuse pour réduire le risque de diabète, de pathologie coronaire et d’accident vasculaire cérébral. En revanche, son efficacité pour réduire le risque de démence est moins évidente. Les essais randomisés contrôlés ne trouvent le plus souvent pas de lien entre l’activité physique et le risque de démence.
Les études observationnelles retrouvent bien ce lien, mais pourraient le surestimer, du fait d’un suivi trop court et de la présence de biais dliés à la réduction de l’activité physique au cours de la phase préclinique de la démence.
Le British Medical Journal publie les résultats d’une méta-analyse de 19 études prospectives de cohortes, incluant plus de 400 000 personnes, de 45,5 ans d’âge moyen à leur entrée dans les études. La prévalence de la sédentarité est de 40,5 % et la durée moyenne de suivi de 15 ans (allant de 9 ans à 21,6 ans).
Quand on mesure l’activité physique pendant les 10 années précédant le diagnostic de démence (ce qui correspond au stade préclinique de démence), la sédentarité est associée à une augmentation de l’incidence des démences toutes causes confondues (hazard ratio [HR] = 1,40 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,23 à 1,71) et des maladies d’Alzheimer (HR = 1,36, IC95 de 1,12 à 1,65). Mais si l’on relève l’activité physique 10 ans ou plus avant le diagnostic de démence (ce qui réduit le risque de biais de causalité entre phase préclinique de démence et inactivité), il n’apparaît pas d’association entre la sédentarité et la survenue d’une démence ou de maladie d’Alzheimer.
En revanche, si l’on considère l’ensemble du suivi, la sédentarité est bien associée à une augmentation du risque de diabète (HR = 1,42 ; IC95 de 1,25 à 1,61), de pathologie coronaire (HR = 1,24 ; IC95 de 1,13 à 1,36) et d’accident vasculaire cérébral (HR = 1,16 ; IC95 de 1,05 à 1,27). Enfin, quand une pathologie cardio-métabolique précède la démence, la sédentarité est associée de façon non significative à la démence (HR = 1,30 ; IC95 de 0,79 à 2,14).
Ces données suggèrent donc plutôt l’existence d’une trajectoire de risque, allant de la sédentarité à une pathologie cardio-métabolique et ensuite à la démence. Si cette association n’est pas estimée de façon précise, la sédentarité ne doit pas constituer, pour les auteurs, une cible unique pour la prévention des risques de démence.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES: Kivimäki M et coll. : Physical inactivity, cardiometabolic disease, and risk of dementia: an individual-participant meta-analysis. BMJ 2019 ; 365 : l1495.
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Revue de presse Mediscoop du 24-04-2019
L’inactivité physique n’accroît pas le risque de démence
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
L’activité physique est bénéfique pour la santé physique et mentale mais ne permettrait néanmoins pas de réduire le risque de démence d’après une analyse parue dans le BMJ. En tout cas, l’inactivité physique n’a pas été associée au risque de démence en général, ni à celui de maladie d’Alzheimer en particulier. A l’exception d’un sous-groupe de personnes inactives présentant des maladies cardio-métaboliques.
Les essais contrôlés n’ont pas mis en évidence de rôle protecteur de l’activité physique sur le risque de démence. Pratiquer une activité physique n’a pas empêché, ni retardé cette maladie chez les individus qui en sont victimes. En outre, les études observationnelles associant le risque de démence à la sédentarité pourraient être biaisées en raison d’un suivi à trop court terme et d’une limitation des activités physiques dès les premiers stades de la démence.
Pour clarifier le lien possible entre inactivité physique et démence, une équipe internationale a effectué une méta-analyse à partir de 19 études prospectives incluant près de 400.000 adultes.
Les sujets étaient âgés de 54,5 ans en moyenne à l’inclusion et les cohortes composées en moyenne de 57,7% de femmes. Ils étaient indemnes de démence à l’inclusion.
Mesurée dans les 10 ans précédant le diagnostic de la démence (stade préclinique), l’inactivité physique a été associée à un sur-risque pour cette démence de 40% (HR 1.40, IC 95% 1.23 – 1.71) et de 36% pour la maladie d’Alzheimer (1.36, 1.12 – 1.65).
Mais en mesurant l’inactivité physique plus de 10 ans avant le diagnostic de la démence, ce qui permet d’écarter le risque d’interférence du stade prodromal de démence sur le niveau d’activité physique, plus aucune association n’était établie avec les démences toutes causes et la maladie d’Alzheimer (HR 1.01 et 0.96).
Un sur-risque de démence mais non significatif a cependant été découvert dans un sous-groupe de patients inactifs mais atteints de maladies cardiovasculaires avant le diagnostic de démence. Les sur-risques de diabète (+42%), de maladies coronariennes (+24%) et d’AVC (+16%) ont, eux, été confirmés en cas d’inactivité physique.
Référence : Mika Kivimäki et al. – Physical inactivity, cardiometabolic disease, and risk of dementia: an individual-participant meta-analysis – BMJ 2019;365:l1495
[Retrouvez l’abstract en ligne]
Date de publication : 24 avril 2019