Actualités – publiée le 23/08/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Science Translational Medicine
En documentant un lien entre les infections virales cérébrales dans l’enfance et le développement de la sclérose en plaques (SEP) à l’âge adulte, cette équipe de l’Université de Genève (UNIGE) contribue à expliquer la composante « environnementale » de la maladie et révèle un de ses processus sous-jacents : une infection virale cérébrale à la petite enfance entraîne une accumulation de lymphocytes T « à mémoires » dans le tissu cérébral qui, des années plus tard, lancent un signal de déclenchement aux cellules du système immunitaire. La recherche livre ainsi dans la revue Science Translational Medicine une première explication possible du développement de la maladie.
Car les causes de la SEP, une maladie auto-immune à composante génétique et environnementale, restent mal comprises. Pourtant la SEP est la maladie auto-immune cérébrale la plus fréquente et son incidence est d’environ 1 sur 1.000, dont 2 tiers de femmes. Il n’existe pas encore de traitement curatif. L’auteur principal, le Dr Doron Merkler, professeur de pathologie et d’immunologie à l’UNIGE a donc regardé si les infections virales cérébrales contractées durant la petite enfance faisaient partie des causes possibles. En effet si ces infections transitoires du cerveau peuvent être gérées rapidement par le système immunitaire, sans même que l’enfant ne s’en aperçoive, elles peuvent laisser une empreinte locale dans le cerveau.
Une signature inflammatoire à l’enfance qui persiste dans le cerveau
L’équipe de l’Unige a donc regardé chez un modèle murin de la maladie, ce lien possible entre les infections virales cérébrales à l’enfance et le développement d’une maladie auto-immune cérébrale plus tard dans la vie. Lorsque l’équipe transfère à l’âge adulte des cellules immunitaires dirigées contre les structures du cerveau -nommées cellules auto-réactives- chez des souris modèles d’infection virale à l’enfance, elle constate que ces cellules auto-réactives ont migré vers le cerveau, à l’endroit précis de l’infection contractée à l’enfance par le souriceau. Ces cellules, similaires à celles retrouvées en cas de SEP, se mettent à léser les structures cérébrales.
En analysant les tissus de la zone infectée par le virus chez le groupe de souriceaux, les chercheurs constatent l’accumulation de lymphocytes T à mémoire dans le tissu cérébral à l’endroit précis de l’infection infantile. Cette accumulation de lymphocytes T s’accompagne d’une modification de la structure du tissu cérébral. De plus, elle produit une molécule qui attire spécifiquement les cellules auto-réactives, leurs ouvrant l’accès au cerveau, ce qui déclenche la maladie auto-immune.
Une signature présente également chez l’homme : les scientifiques retrouvent en effet, chez des patients atteints de SEP, cette accumulation de lymphocytes T à mémoires ou signature inflammatoire de la maladie. Cela suggère qu’un mécanisme similaire pourrait se produire chez l’Homme, ce qui devra être confirmé par de nouvelles recherches.
Il s’agira aussi de « comprendre pourquoi les lymphocytes T s’accumulent dans le cerveau chez un enfant suite à l’infection, mais pas à l’âge adulte », concluent les auteurs. Ils viennent avec cette étude d’identifier un mécanisme jusque-là inconnu de développement de la SEP ainsi qu’un marqueur cérébral du risque de maladie.
Source: Science Translational Medicine 26 Jun 2019 DOI: 10.1126/scitranslmed.aav5519 Brain-resident memory T cells generated early in life predispose to autoimmune disease in mice
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