FACTEURS DE RISQUE

Pierre Attali

Par le Dr Pierre Attali (Hôpitaux universitaires de Strasbourg) [Déclaration de liens d’intérêts]
Article commenté :  Association of Skipping Breakfast With Cardiovascular and All-Cause Mortality  Rong S, Snetselaar LG, Xu G et al.  J Am Coll Cardiol 2019 ; 73:2025-32

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Dans une cohorte représentative au niveau national avec un suivi de 17 à 23 ans, il a été montré que le fait de sauter le petit-déjeuner était associé à une augmentation significative du risque de décès par maladie cardiovasculaire. Cette étude confirme les avantages du petit-déjeuner pour la promotion de la santé cardiovasculaire.

Au cours des dernières décennies, de nombreux facteurs de risque associés à la morbidité et à la mortalité par maladie CV liés à l’alimentation et au mode de vie ont constitué la base des recommandations de l’American Heart Association sur le régime alimentaire et le style de vie destinées aux Américains.
Cependant, jusqu’à présent les études sur l’alimentation portaient principalement sur les compositions alimentaires et leurs combinaisons. On en sait moins sur l’impact des comportements alimentaires courants sur les résultats des maladies cardiovasculaires.
On pense que le petit-déjeuner est un repas important de la journée, alors qu’il est de plus en plus courant de sauter le petit-déjeuner au cours des 50 dernières années aux États-Unis, avec 23,8% des jeunes le sautant chaque jour. Des preuves limitées suggèrent que le fait de sauter le petit-déjeuner est associé à l’athérosclérose et aux maladies cardiovasculaires.

Les auteurs ont cherché à examiner l’association entre le fait de sauter le petit-déjeuner et les maladies cardiovasculaires et la mortalité toutes causes confondues.

Il s’agit d’une étude de cohorte prospective sur un échantillon représentatif au niveau national de 6550 adultes âgés de 40 à 75 ans ayant participé à l’enquête National Health and Nutrition Examination Survey III de 1988 à 1994.
La fréquence de la consommation de petit-déjeuner a été rapportée lors d’un entretien au domicile des paticipants. Le décès et les causes sous-jacentes du décès ont été déterminés par couplage avec les enregistrements de décès jusqu’au 31 décembre 2011.
Les associations entre la fréquence de consommation du petit-déjeuner et la mortalité cardiovasculaire et toutes causes confondues ont été étudiées à l’aide de modèles de régression pondérés de Cox à risques proportionnels.

Parmi les 6550 participants (âge moyen : 53,2 ans ; 48,0% d’hommes), 5,1% n’ont jamais pris de petit-déjeuner, 10,9% rarement, 25,0% certains jours et 59,0% tous les jours. Au cours du suivi de 112 148 années-personnes, sont survenus 2318 décès, dont 619 de maladies cardiovasculaires.
Après ajustement en fonction de l’âge, du sexe, de la race/ethnie, du statut socioéconomique, des facteurs liés au régime alimentaire et au mode de vie, de l’indice de masse corporelle et des facteurs de risque cardiovasculaires, les participants n’ayant jamais pris de petit-déjeuner par rapport à ceux consommant un petit-déjeuner tous les jours présentaient un rapport de risque de 1.87 (intervalle de confiance à 95%: 1,14 à 3,04) pour la mortalité cardiovasculaire et 1,19 (intervalle de confiance à 95%: 0,99 à 1,42) pour la mortalité toutes causes confondues.

Commentaires
Sauter régulièrement le petit-déjeuner chez une population d’âge moyen et plus âgée sans maladie CV connue est associé à un risque accru de décès par maladie CV. Des études complémentaires sont nécessaires pour élucider les mécanismes biologiques sous-jacents à cette association afin d’optimiser l’impact d’une intervention ciblée susceptible d’améliorer la santé cardiovasculaire.

Date de publication : 27 mai 2019